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GRÈCE ANTIQUE (Civilisation) Les arts de la Grèce

Le classicisme

On a l'impression que jusqu'à cette époque aucune doctrine artistique ne s'était imposée ; que des modes, bien sûr, avaient parfois prévalu, mais que jamais, si éminente que fût sa personnalité, aucun maître n'avait dominé ses contemporains. C'est au contraire une sorte d'hégémonie que, pendant une vingtaine d'années, va exercer Phidias. Athénien de naissance, homme de confiance de Périclès, il exerce sur toutes les formes d'art athénien une manière d'empire, et comme Athènes à ce moment est le centre vers lequel se tourne tout le monde hellénique, il marque de son empreinte les créations les plus diverses.

Le Discobole - crédits : Art Resource, New York/ Alinari

Le Discobole

Sans doute existe-t-il d'autres tendances. Le sculpteur Myron est l'auteur de statues ou de groupes en bronze fort admirés : le Discobole est son œuvre la plus célèbre et l'image de cet athlète penché en avant, reposant sur la pointe des pieds, le bras droit jeté en arrière, la tête tournée, donne une impression d'instabilité, de mouvement qui paraît à l'image même de la vie ; en fait, l'attitude est irréelle, recomposée intellectuellement, mais elle donne une parfaite illusion et c'est incontestablement une des créations les plus belles du ve siècle. Cependant, le principe même de cette représentation paraît déjà vieux à cette époque, et ce n'est pas dans ce sens que Phidias oriente son école.

Il s'agit bien en effet d'une école. Chargé de faire de l' Acropole le plus bel ensemble de la Grèce entière, il fait construire le Parthénon par Ictinos. Tout en se pliant à des conditions locales particulières, en coupant par un mur la grande pièce intérieure qui constituait l'essentiel de l'édifice (c'était là une anomalie qui se rencontrait aussi de l'autre côté de l'Adriatique), Ictinos a donné là le plus parfait, le plus typique exemple de l'architecture grecque. L'édifice, construit de 448 à 432, se dresse sur la partie sud de l'Acropole, le sanctuaire le plus vénéré de l'Attique. Il n'est pas très vaste (69,50 × 30,85 m), mais les proportions sont parfaites. Tout entier de marbre pentélique, il présentait huit colonnes en façade et dix-sept sur les côtés : elles s'inclinaient légèrement vers l'extérieur et leur diamètre s'enflait à mi-hauteur ; celles placées aux angles étaient un peu plus épaisses que les autres ; ainsi se trouvait compensée l'illusion d'optique qui, dans le jeu de la lumière, aurait fait paraître amincis en leur centre des fûts exactement cylindriques et trop grêles les derniers supports de chaque rangée. Les deux frontons, la frise dorique étaient naturellement décorés, mais, contrairement à toutes les habitudes, une frise ionique continue cernait aussi en son sommet, sous le portique, le mur de la pièce sacrée. Les scènes choisies présentaient toutes un caractère religieux en rapport avec Athènes, son histoire ou sa légende : aux frontons, la naissance miraculeuse d' Athéna et sa dispute avec Poséidon pour la possession de l'Attique ; sur la frise dorique, le combat des dieux et des géants – et Athéna est en bonne place –, la victoire des Grecs sur les Amazones dont l'élan avait, selon la tradition, été brisé précisément au pied de l'Acropole, la naissance d'Érichthonios, fondateur de la cité, la prise de Troie et la centauromachie ; sur la frise ionique, enfin – et c'était peut-être là le sujet qui tenait le plus à cœur à Périclès et à Phidias –, la représentation stylisée de la procession qui, tous les quatre ans, réunissait l'ensemble des citoyens pour fêter Athéna. Phidias avait sans doute établi le projet exact de ce décor, peut-être mit-il lui-même la main à l'ouvrage, mais de nombreux sculpteurs se partagèrent l'exécution du programme.[...]

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Pour citer cet article

Pierre DEVAMBEZ et Agnès ROUVERET. GRÈCE ANTIQUE (Civilisation) - Les arts de la Grèce [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Cavalier et cheval - crédits :  Bridgeman Images

Cavalier et cheval

Œnochoé en argent - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Œnochoé en argent

Amphore funéraire, art grec - crédits :  Bridgeman Images

Amphore funéraire, art grec

Autres références

  • BLASPHÈME

    • Écrit par Thomas HOCHMANN
    • 7 019 mots
    • 5 médias
    Dans la Grèce antique, le manque de respect envers les dieux pouvait conduire à la mort. Le procès de Socrate et sa condamnation à la peine capitale en sont l’illustration la plus connue. Si les Grecs ne parlaient pas à cet égard de « blasphème », mais d’« asébie » – άσέβεια, l’incrimination retenue...
  • L'ÂGE DES CASERNES (Michel Auvray) - Fiche de lecture

    • Écrit par Carole LABARRE
    • 953 mots

    « La conscription est bel et bien morte, prête à être rangée au musée militaire, aux côtés de l'arbalète, du sabre ou de l'ost féodal. » Par ces mots, Michel Auvray prend acte de la décision radicale annoncée par Jacques Chirac le 22 février 1996, programmant la suspension du ...

  • LES GRECS EN OCCIDENT (exposition)

    • Écrit par Claude ROLLEY
    • 1 364 mots

    Après Les Phéniciens en 1988 et Les Celtes en 1991, Les Grecs en Occident (du 23 mars au 8 décembre 1996) a constitué la troisième exposition archéologique du Palazzo Grassi – la fondation culturelle de Fiat à Venise. Le thème avait été choisi plusieurs années auparavant ; des aléas divers,...

  • RÖMER THOMAS (1955- )

    • Écrit par Christophe NIHAN
    • 1 061 mots
    • 1 média
    ...depuis 2010 d’explorer plusieurs thématiques anthropologiques, historiques et sociales de toute première importance (Les Vivants et leurs morts, 2012). La Grèce antique et le monde hellénistique représentent un autre versant majeur de cette approche comparatiste, ainsi qu'en témoignent les travaux réalisés...

Voir aussi