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GRÈCE ANTIQUE (Civilisation) Les arts de la Grèce

Le second classicisme

Avec la chute d'Athènes vaincue par Sparte en 404 se termine la période qui, sous le nom de siècle de Périclès, passe aux yeux de beaucoup pour la plus brillante de l'histoire artistique de la Grèce ; et, de fait, ce « siècle » présente, plus nets, plus purs de tout mélange qu'ils ne le furent à nul moment, les caractères les plus typiques et les plus admirables de l'hellénisme. Un métier sûr de lui-même et qui a su vaincre presque toutes les difficultés matérielles s'est mis au service d'un idéal de santé physique et morale, de raison, de noblesse. Le métier reste égal à lui-même dans le siècle qui vient ; il frôle, sans y tomber, la virtuosité ; ce qui se modifie, c'est l'idéal. Les tendances qui s'amorçaient durant la guerre du Péloponnèse prennent plus de force et la sentimentalité sous toutes ses formes triomphe de la logique. La religion elle-même change de caractère et les dieux les plus aimés, le plus souvent représentés sont, non pas les plus puissants, qu'on redoute, mais ceux dont on attend le salut dans la vie et surtout dans l'au-delà : Athènes, d'ailleurs, n'est plus le centre d'où partent idées et formules, les artistes se tournent vers les pays d'Asie, seuls assez riches pour leur fournir une commande importante.

Commande monumentale d'abord : sur la côte anatolienne s'élèvent les édifices les plus importants ; à Xanthos, dans le premier quart du siècle, une tombe royale connue sous le nom de monument des Néréides, vers le milieu du siècle, à Halicarnasse, un autre tombeau, plus somptueux encore, le Mausolée, et puis un temple gigantesque, celui d' Éphèse. Les architectes sont grecs, mais ils se plient à certains usages locaux, acceptant de surmonter le Mausolée d'une pyramide, établissant sur un haut soubassement le monument des Néréides, donnant au temple d'Éphèse une ampleur sans pareille et répandant partout en surabondance un décor sculpté. Pour ce décor, ils se sont adressés à des Grecs, à Scopas en particulier, l'un des maîtres du ive siècle ; et ces sculpteurs, eux aussi, ont dû se soumettre à certaines exigences non helléniques de leurs clients, soit dans les thèmes, soit dans l'esprit de la décoration. Ce contact avec l'étranger renforçait certains des traits qui existaient à Athènes même à la fin du ve siècle ; les personnages de Scopas apparaissent tourmentés et dans leur regard se lit la destinée romantique d'êtres luttant contre un destin dont ils savent d'avance qu'ils ne triompheront pas.

Scopas était originaire de Paros. Praxitèle, lui, était athénien. De l'esprit asiatique, que les commandes qu'il reçut à Cnide et ailleurs lui firent connaître, il retint surtout le goût de la sensualité. Ses statues sont presque toutes celles de femmes plus ou moins complètement dévoilées dont il se plaisait à rendre les formes pleines et moelleuses. Les proportions sont élancées et, sur un corps très développé, les têtes, surmontées de chignons compliqués, apparaissent minces et fines : la grâce est dans le mouvement, dans les proportions ; le visage, d'un profil très pur et très régulier, garde souvent, avec ses yeux petits et perçants, une expression de dureté. Praxitèle n'a pas complètement négligé le sexe fort, mais il l'a efféminé : ses Apollons, ses Amours, son Hermès ne ressemblent guère, dans leur pose alanguie, aux vigoureux athlètes qu'avait sculptés le ve siècle.

Ils ne ressemblent pas non plus à ceux que, renouant avec le passé, Lysippe fondit dans le bronze. Ce sculpteur, qu'Alexandre le Grand estimait entre tous, se considérait comme un disciple lointain de Polyclète ; et cependant rien ne ressemble moins aux figures du vieux maître solidement posées sur leurs pieds, arrêtées[...]

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Cavalier et cheval - crédits :  Bridgeman Images

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