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RÖMER THOMAS (1955- )

Thomas Christian Römer est un spécialiste mondialement reconnu de la Bible hébraïque et de l’Israël ancien. Auteur d’une production comprenant plus d’une dizaine de monographies, traduites dans de nombreuses langues, et de près de trois cents articles scientifiques, il est depuis 2008 professeur, titulaire de la chaire Milieux bibliques, au Collège de France, dont il est par ailleurs administrateur depuis 2019. Ses travaux se caractérisent par une approche fondée sur une analyse philologique rigoureuse, mais en la réinscrivant dans une démarche qui relève à la fois d’une forme de socio-histoire et d’une histoire comparée des religions antiques. Ses recherches circonscrivent un champ structuré par trois axes majeurs, étroitement complémentaires : les traditions mémorielles de l’Israël ancien ; l’émergence du monothéisme biblique ; l’inscription des traditions bibliques dans leur contexte antique.

Traditions mémorielles et récits d'origine

Thomas Römer - crédits : Zhizhuan Zhou, 2019

Thomas Römer

Né le 13 décembre 1955 à Mannheim, Suisse d’origine allemande, Thomas Römer étudie de 1974 à 1980 aux universités de Heidelberg et de Tübingen puis, de 1980 à 1982, à l’École pratique des hautes études, à Paris. À Heidelberg, il est notamment l’élève de Rolf Rendtorff, avec lequel il commence une thèse de doctorat consacrée aux ancêtres d’Israël dans les traditions du Pentateuque, thèse qu’il achèvera à l’université de Genève sous la direction d’Albert de Pury. Il est nommé maître d’enseignement et de recherche à l’université de Genève en 1989, puis professeur à l’université de Lausanne en 1993, poste qu’il occupe jusqu’à sa retraite en 2020.

Sa thèse de doctorat (Die VäterIsraels, 1989) s’inscrit dans le prolongement des travaux menés par Rendtorff dans les années 1970, qui montraient que le Pentateuque est à considérer non comme la compilation de sources indépendantes d’époques différentes (selon la théorie dite « documentaire »), mais comme un dialogue dynamique entre des traditions scribales transmises par des milieux distincts. À partir d’une analyse minutieuse des textes, ce travail démontre que le Pentateuque – qui rassemble Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome – s’est construit sur deux grandes traditions présentant des conceptions distinctes de l’origine d’Israël : la tradition des patriarches, qui décrit Israël comme un peuple autochtone, et la tradition de l’exode, qui envisage au contraire Israël comme un groupe ethnique exogène. Outre son intérêt pour l’archéologie des traditions mémorielles, cette thèse, largement reprise depuis, ouvrait ainsi la voie à une compréhension nouvelle du Pentateuque comme document de compromis, articulant en son sein des traditions mémorielles concurrentes.

Les travaux suivants ont continué à explorer la question fondamentale des traditions mémorielles de l’Israël ancien. Outre d’importantes études sur la figure de Moïse (notamment Moïse en version originale, 2015), Thomas Römer a également consacré de très nombreux travaux aux traditions concernant l’histoire des royaumes de Juda et d’Israël jusqu’à l’exil à Babylone, en 586 av. J.-C. (La Première Histoire d’Israël, 2007). Pris ensemble, ces travaux décrivent un modèle global, à la fois cohérent et original, qui permet de comprendre la formation et la transmission du Pentateuque, des livres historiques (de Josué à Rois), ainsi que des prophètes (notamment le livre de Jérémie).

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Écrit par

  • : professeur associé, chaire de Bible hébraïque et d'histoire de l'Israël ancien, université de Lausanne (Suisse)

Classification

Pour citer cet article

Christophe NIHAN. RÖMER THOMAS (1955- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Thomas Römer - crédits : Zhizhuan Zhou, 2019

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