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PARIS

L'évolution sociodémographique

Parmi les grandes métropoles mondiales, Paris occupait, en 2015, le vingt-neuvième rang pour le nombre des habitants. Elle n'en fait pas moins partie des villes géantes. L'agglomération (« unité urbaine de Paris » pour l'I.N.S.E.E.) comptait 10 550 350 habitants en 2012 (Paris intra-muros : 2,254 millions). La couronne périurbaine, très fortement liée à l'agglomération par ses flux quotidiens d'actifs, lui donne à peu près un million et demi de personnes supplémentaires. Pour un pays modérément peuplé comme la France, c'est énorme. L'agglomération parisienne a autant d'habitants que les quinze plus grandes agglomérations provinciales françaises réunies, sept fois plus que celles de Lyon ou de Marseille et environ 20 p. 100 de la population urbaine de la France métropolitaine. C'est plutôt une ville à la taille de l'Europe, au premier rang sur le continent, derrière Moscou et Londres, et qui possède autant d'habitants sur ses 2 723 km2 que la Belgique ou le Portugal sur la totalité de leur territoire.

Cette population a une multitude de traits originaux liés aux fonctions de la grande métropole politique, économique et culturelle qu'est Paris. Elle comporte en particulier une proportion de personnes diplômées, qualifiées et aisées nettement plus forte que les métropoles provinciales. Le processus de mondialisation en cours ne fait que renforcer cette caractéristique. En même temps, du fait de la taille de l'agglomération, la population est nettement plus diversifiée que dans n'importe quelle autre grande ville française.

La croissance de l'agglomération parisienne

La taille atteinte aujourd'hui par l'agglomération est évidemment le résultat d'une longue évolution. Ce qui est surprenant, dans le cas de Paris, c'est que la croissance est continue depuis cinq siècles, hormis de brèves périodes de guerre. C'est inhabituel pour les autres grandes villes du monde. Une croissance aussi durable implique la convergence de nombreux facteurs favorables, en particulier de facteurs économiques et politiques. Dans le cas de Paris, capitale de la France depuis plus de mille ans, ces derniers ont joué un rôle clé. Ils n'ont pratiquement pas cessé d'avoir un effet d'entraînement sur les activités économiques et, par voie de conséquence, sur la population.

Il serait pourtant erroné de croire que l'évolution a été régulière. Il y a eu d'amples variations de rythme bien qu'il soit difficile d'en rendre compte, et ce pour deux raisons. D'abord, parce que l'extension de la surface bâtie n'est connue précisément que depuis 1954 ; pour les années antérieures, il faut donc évaluer l'étendue de l'agglomération à partir des documents disponibles. Ensuite, parce que les données sur le nombre d'habitants n'existent vraiment que depuis le milieu du xixe siècle ; les premiers recensements ont été assez imprécis (le premier a été effectué en 1801) ; quant aux dénombrements effectués sous l'Ancien Régime, ils fournissent tout au plus des ordres de grandeur.

La croissance démographique

L'évolution de la population ne peut donc être retracée qu'avec une certaine approximation. La ville a commencé à se développer de façon plus ou moins continue à partir du début des Temps modernes, une fois passées les graves crises démographiques de la fin du Moyen Âge. La croissance a été lente mais à peu près constante du xvie au xviiie siècle. L'agglomération aurait compté 250 000 habitants en 1530, 430 000 en 1650 et 620 000 à la veille de la Révolution. Pendant cette période, la croissance a toujours été un peu plus élevée à Paris que dans l'ensemble de la France, car la ville a été favorisée par un flux continu de provinciaux. La dimension[...]

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Écrit par

  • : inspecteur général des Archives de France
  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études, secrétaire de la IVe section
  • : directeur délégué de la chaire Ville à Sciences Po, Paris
  • : professeur émérite à l'université de Paris-I
  • : professeur à l'université de Paris-Sorbonne, membre de la section prospective et planification du conseil économique et social de la Région Île-de-France
  • : professeur, université de Picardie Jules-Verne
  • : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Jean-Pierre BABELON, Michel FLEURY, Frédéric GILLI, Daniel NOIN, Jean ROBERT, Simon TEXIER et Jean TULARD. PARIS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Façade de Notre-Dame de Paris - crédits : Beatrice Bibal Lecuyer/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Façade de Notre-Dame de Paris

France : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

France : carte administrative

Les ponts de Paris - crédits : Bruno De Hogues/ Stockbyte/ Getty Images

Les ponts de Paris

Autres références

  • TRIANGLE D'OR (Paris)

    • Écrit par Monique PINÇON-CHARLOT, Michel PINÇON
    • 2 318 mots
    • 1 média

    À Paris, les familles de la haute société, de la bourgeoisie ancienne et de la noblesse fortunée, ont manifesté leur position sociale par l'habitat qu'elles ont choisi et aménagé. Elles ont ainsi créé des quartiers, façonnés à leur image, sur des terres encore vierges, aux limites de Paris aux...

  • FRANCE - (Le territoire et les hommes) - Espace et société

    • Écrit par Magali REGHEZZA
    • 14 002 mots
    • 3 médias
    ...françaises concentrent 35 p. 100 de la population. Ces communes, situées dans les pôles des grandes aires urbaines, sont donc très densément peuplées. À Paris par exemple, la densité moyenne avoisine 20 000 hab./km2 et peut dépasser 40 000 hab./km2 dans certains arrondissements. Plusieurs communes...
  • ABADIE PAUL (1812-1884)

    • Écrit par Claude LAROCHE
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    Paul Abadie est né à Paris le 9 novembre 1812. Il est le fils d'un architecte néo-classique homonyme (1783-1868) qui fut architecte du département de la Charente : on lui doit notamment le palais de justice d'Angoulême (env. 1825-1828). Abadie entre à Paris dans l'atelier d'Achille Leclère...

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  • ALPHAND ADOLPHE (1817-1891)

    • Écrit par Universalis, Michel VERNÈS
    • 1 674 mots
    Né en 1817 à Grenoble, d'un père colonel d'artillerie, Adolphe Alphand entre à l'École polytechnique en 1835, puis à l'École des ponts et chaussées en 1837. Après s'être vu confier des missions dans l'Isère et la Charente-Inférieure, il est envoyé en 1839 à Bordeaux comme...
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Voir aussi