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PARIS

Capitale économique

La ville de Paris est la capitale politique de la France. Toutes les autres fonctions de commandement, de création de richesses ou de rayonnement national sont venues s'y agréger, donnant naissance à l'expression « capitale économique ». Toutefois, depuis les années 1970, on parle de plus en plus de « région-capitale » à propos de l'Île-de-France tout entière. Cela correspond à une double évolution : en termes de fonctions, l'économie joue un rôle de plus en plus important par rapport à la politique au sens strict ; en termes géographiques, ces fonctions tendent à se développer de plus en plus sur l'ensemble de l'agglomération, notamment en petite couronne. D'où une certaine perplexité : faut-il traiter de la « capitale économique » au titre de « Paris », ou au titre de l'« Île-de-France » (cf. île-de-france) ? En fait, la réponse est variable : selon les aspects traités, la ville de Paris maîtrise encore l'essentiel des fonctions de capitale, ou les partage, de plus en plus, avec le reste de l'agglomération, et notamment avec le quartier de La Défense et le département des Hauts-de-Seine.

Un rôle de commandement et de représentation

L'histoire de France a lié trop intimement pouvoir politique et pouvoir économique pour qu'il soit possible de passer sous silence le premier en parlant du second : c'est la présence du pouvoir politique à Paris qui a suscité la concentration d'activités économiques, soit par les consommations induites (luxe lié au train de vie des classes dirigeantes, commandes publiques), soit par son poids dans les décisions et les financements. Le premier septennat de François Mitterrand (1981-1988), avec la nationalisation des grandes entreprises, aura sans doute vu l'apogée de cette concentration du pouvoir, avant que privatisations, intégration européenne et mondialisation ne redistribuent en partie les cartes. Cependant, la centralisation française a laissé de nombreuses traces, notamment sur la ville de Paris. C'est là que se trouve, parmi les grandes institutions de la République (présidence, gouvernement, Parlement...), le ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, centre nerveux de l'économie française, longtemps installé au Louvre, bâtiment hautement symbolique, et qui a trouvé à Bercy (1989) des locaux plus fonctionnels. Le ministère de l'Équipement et des Transports, quant à lui, est le seul à avoir quitté Paris pour La Défense, où il fallait bien trouver une utilisation à l'Arche, mais les bureaux du ministre et des membres de son cabinet restent boulevard Saint-Germain, à proximité de Matignon. Les relations entre dirigeants de l'économie et de l'administration sont d'autant plus faciles qu'ils sont souvent anciens élèves des mêmes grandes écoles, toutes situées jusqu'il y a peu en région parisienne, écoles d'ingénieurs ou École nationale d'administration (E.N.A.), qui a décidé en 2005 son transfert complet à Strasbourg.

Le rôle de commandement concerne autant le secteur privé que le secteur public. Les emplois de « cadres des fonctions métropolitaines », appelés auparavant par l'I.N.S.E.E. « emplois stratégiques », sont caractéristiques des capitales. Ils correspondent au croisement des catégories socioprofessionnelles de cadres, de professions intellectuelles ou de chefs d'entreprise, et de fonctions propres aux grandes villes. En 2006, l'aire urbaine de Paris concentrait 44 p. 100 du total de ces emplois en France, et ceux-ci étaient au nombre de 1 million, soit 18 p. 100 de l'emploi régional. On les trouvait d'abord et essentiellement dans les services aux entreprises, puis dans l'industrie, la recherche, et les finances. Ces emplois sont encore largement concentrés dans la ville de Paris, surtout dans le VIII[...]

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Écrit par

  • : inspecteur général des Archives de France
  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études, secrétaire de la IVe section
  • : directeur délégué de la chaire Ville à Sciences Po, Paris
  • : professeur émérite à l'université de Paris-I
  • : professeur à l'université de Paris-Sorbonne, membre de la section prospective et planification du conseil économique et social de la Région Île-de-France
  • : professeur, université de Picardie Jules-Verne
  • : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Jean-Pierre BABELON, Michel FLEURY, Frédéric GILLI, Daniel NOIN, Jean ROBERT, Simon TEXIER et Jean TULARD. PARIS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Façade de Notre-Dame de Paris - crédits : Beatrice Bibal Lecuyer/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Façade de Notre-Dame de Paris

France : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

France : carte administrative

Les ponts de Paris - crédits : Bruno De Hogues/ Stockbyte/ Getty Images

Les ponts de Paris

Autres références

  • TRIANGLE D'OR (Paris)

    • Écrit par Monique PINÇON-CHARLOT, Michel PINÇON
    • 2 318 mots
    • 1 média

    À Paris, les familles de la haute société, de la bourgeoisie ancienne et de la noblesse fortunée, ont manifesté leur position sociale par l'habitat qu'elles ont choisi et aménagé. Elles ont ainsi créé des quartiers, façonnés à leur image, sur des terres encore vierges, aux limites de Paris aux...

  • FRANCE - (Le territoire et les hommes) - Espace et société

    • Écrit par Magali REGHEZZA
    • 14 002 mots
    • 3 médias
    ...françaises concentrent 35 p. 100 de la population. Ces communes, situées dans les pôles des grandes aires urbaines, sont donc très densément peuplées. À Paris par exemple, la densité moyenne avoisine 20 000 hab./km2 et peut dépasser 40 000 hab./km2 dans certains arrondissements. Plusieurs communes...
  • ABADIE PAUL (1812-1884)

    • Écrit par Claude LAROCHE
    • 977 mots

    Paul Abadie est né à Paris le 9 novembre 1812. Il est le fils d'un architecte néo-classique homonyme (1783-1868) qui fut architecte du département de la Charente : on lui doit notamment le palais de justice d'Angoulême (env. 1825-1828). Abadie entre à Paris dans l'atelier d'Achille Leclère...

  • AGRICULTURE URBAINE

    • Écrit par Jean-Paul CHARVET, Xavier LAUREAU
    • 6 273 mots
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    Les premiers développements bien documentés du maraîchage autour de Paris remontent au xiie siècle, c’est-à-dire à l’époque des constructions de la cathédrale Notre-Dame de Paris et de la basilique de Saint-Denis. Les « jardins maraîchers » trouvent l’origine de leur dénomination dans la...
  • ALPHAND ADOLPHE (1817-1891)

    • Écrit par Universalis, Michel VERNÈS
    • 1 674 mots
    Né en 1817 à Grenoble, d'un père colonel d'artillerie, Adolphe Alphand entre à l'École polytechnique en 1835, puis à l'École des ponts et chaussées en 1837. Après s'être vu confier des missions dans l'Isère et la Charente-Inférieure, il est envoyé en 1839 à Bordeaux comme...
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Voir aussi