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ORFÈVRERIE

De la Renaissance au maniérisme

Les formes du gothique s'étaient si durablement imposées dans l'art des orfèvres entre le xiie et le xve siècle qu'elles restèrent longtemps perceptibles au xvie ; face aux progrès de la Renaissance, elles opposèrent même une résistance d'autant plus nette que l'organisation des corporations était propre à encourager un certain traditionalisme. Ainsi, la nef de sainte Ursule (trésor de Reims), fabriquée à Tours vers 1505 pour Anne de Bretagne et transformée en reliquaire sous Henri III, est-elle bien révélatrice de la survivance du langage gothique ; dans le calice de Saint-Jean-du-Doigt (Côtes-du-Nord), vers 1530, aux formes héritées de l'art médiéval se mêle intimement le répertoire décoratif de la première renaissance. C'est vers 1530 que celle-ci s'impose définitivement ; à Paris, on a pu regrouper autour d'un pseudo « atelier de la cour » un certain nombre d'œuvres, tels les chandeliers et le ciboire du trésor du saint Esprit (Louvre), dont les formes complexes reçoivent un riche décor bien caractéristique de la Renaissance. La présence à Paris, entre 1540 et 1545, de Benvenuto Cellini, attiré par François Ier, si elle témoigne bien de la renommée internationale du célèbre orfèvre italien, fut sans véritable lendemain sur le plan artistique ; seule, la salière d'or émaillé du Kunsthistorisches Museum de Vienne permet d'évoquer ce bref épisode.

À partir des années 1550, un art plus savant se fait jour : le maniérisme ; les formes se déchiquettent à l'extrême, s'étirent jusqu'à l'instabilité, disparaissent sous une ornementation d'une étourdissante et virtuose exubérance. La diffusion des modèles dessinés ou gravés, tels ceux d'Étienne Delaune, expliquent le caractère européen que revêtit rapidement ce courant, dont on retrouve des exemples aussi bien en France, qu'en Angleterre (Londres), en Allemagne (Nuremberg, Augsbourg), en Italie (Rome), aux Pays-Bas (Anvers), en Espagne ou au Portugal. Cette production de grand luxe, entièrement tournée vers les objets de décoration, mêle volontiers le métal à des matériaux très variés : émaux, pierres dures, perles, coquillages ; cependant, à l'approche de la fin du siècle, le métal semble plus volontiers employé seul, fondu et repoussé. Parfois, les œuvres sont au contraire d'une étonnante sobriété, telles les pièces commandées par Henri III vers 1578 pour constituer le trésor de l'ordre du Saint-Esprit (Louvre).

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Écrit par

  • : conservateur en chef au département des Objets d'art du musée du Louvre

Classification

Pour citer cet article

Gérard MABILLE. ORFÈVRERIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Œnochoé ornée d'une scène de sacrifice - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Œnochoé ornée d'une scène de sacrifice

Couronne de Verghina - crédits :  Bridgeman Images

Couronne de Verghina

Chaudron en or, art étrusque - crédits :  Bridgeman Images

Chaudron en or, art étrusque

Autres références

  • AFGHANISTAN

    • Écrit par Daniel BALLAND, Gilles DORRONSORO, Universalis, Mir Mohammad Sediq FARHANG, Pierre GENTELLE, Sayed Qassem RESHTIA, Olivier ROY, Francine TISSOT
    • 37 316 mots
    • 19 médias
    Des orfèvres travaillaient dans les ateliers de la ville ; on a retrouvé leurs modèles : des emblema de plâtre reproduisant par moulage des motifs connus de la toreutique hellénistique, semblables à ceux qui ont été découverts à Begram ; on a retrouvé aussi une de leurs œuvres : une assiette d'argent...
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