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CELLINI BENVENUTO (1500-1571)

<it>Ganymède</it>, B. Cellini - crédits :  Bridgeman Images

Ganymède, B. Cellini

Premier artiste à avoir laissé une autobiographie, Benvenuto Cellini, orfèvre florentin apprécié dans toute l'Europe, médailleur virtuose tardivement devenu sculpteur, entendait laisser de lui l'image d'un génie qui surpassait Michel-Ange et traitait d'égal à égal avec François Ier, Côme de Médicis, Clément VII ou Paul III. La fortune romantique de son texte, que traduisit Goethe et qui inspira Berlioz, rend difficile l'appréciation de son œuvre telle qu'elle pouvait apparaître à ses contemporains des dernières années de la Renaissance.

Écrire sa vie, décrire son œuvre

Benvenuto Cellini est un artiste qui sans cesse prend la pose : à le lire – sa Vie est un roman, où à chaque page il se donne le beau rôle –, on est naturellement enclin à mettre en doute la valeur artistique de ses œuvres. Quand il réplique à un rival, sous le coup de la colère il est vrai, « d'égal à moi, peut-être n'y en a-t-il pas un seul dans le monde entier », comment le croire ? Même si l'autobiographie qui assura sa gloire posthume ne fut connue qu'en 1728, l'esprit qui l'anime perçait dans les Traités de l'orfèvrerie et de la sculpture qu'il avait publiés ensemble en 1568. La même année, Vasari, qu'il détestait, donnait la deuxième édition de ses Vies : avec ses Traités, Cellini s'octroie lui-même la place que le biographe ne lui accorde pas dans son panthéon des artistes. Sous couvert d'objectivité technique, feignant d'expliquer comment fondre un bronze à la dimension d'une statue, c'est à la sienne en réalité qu'il travaille, monument de mots qu'il édifie pour la postérité. Certaines pages de La Vie ont le rythme des récits picaresques : voyages entre Rome et Mantoue, Paris et Florence, rixes, assassinats, empoisonnements à la poudre de diamant, évocation de la cour pontificale, des ateliers d'artistes, épisode de l'évasion du château Saint-Ange – un climat propre à éveiller l'imagination romantique. Au-delà de ses rodomontades, de ses accès de violence, de ses traits d'esprit, il faut lire entre les lignes les raisons qui le poussent à écrire. Découvrir que ce sont celles qui animent sa carrière d'artiste n'a pu surprendre que les critiques qui voulaient opposer l'écrivain au créateur – déçus, par exemple, de ne pas retrouver dans la salière de François Ier l'écho de ses descriptions de la cour de France.

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, ancien élève de l'École normale supérieure, maître de conférences à l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Adrien GOETZ. CELLINI BENVENUTO (1500-1571) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>Ganymède</it>, B. Cellini - crédits :  Bridgeman Images

Ganymède, B. Cellini

<it>Persée</it>, B. Cellini - crédits : Encyclopædia Universalis France

Persée, B. Cellini

Persée, B. Cellini - crédits : David Lees/ Corbis Historical/ VCG/ Getty Images

Persée, B. Cellini

Autres références

  • COLOSSAL, art et architecture

    • Écrit par Martine VASSELIN
    • 3 262 mots
    • 17 médias
    ...indépendantes réalisées en marbre : l'Hercule et Cacus de Bandinelli, le Neptune d'Ammanati le rejoindront bientôt sur la place de la Seigneurie. Benvenuto Cellini réalise en France le modèle d'une statue de Mars de 16 mètres de hauteur, allusion à la valeur guerrière de François Ier...
  • GORGONE, iconographie

    • Écrit par Martine VASSELIN
    • 1 064 mots
    • 3 médias

    Des trois sœurs appelées Gorgones, Euryalé, Sthéno et Méduse, la dernière, seule à être mortelle, est la plus fameuse en raison de son pouvoir de pétrifier les humains qui rencontrent son regard et de sa fin tragique. C'est presque toujours Méduse qui apparaît figurée, dès l'époque grecque...

  • ITALIE - Langue et littérature

    • Écrit par Dominique FERNANDEZ, Angélique LEVI, Davide LUGLIO, Jean-Paul MANGANARO
    • 28 412 mots
    • 20 médias
    De Benvenuto Cellini à Italo Svevo, pour ne choisir que des cas extrêmes : l'un par inculture, avec une insolence de rustre, écorche l'idiome maternel, l'autre par appartenance à une autre culture, et avec une sorte de contrition, démarque la période germanique ; tous deux bousculent la syntaxe, multiplient...
  • MANIÉRISME

    • Écrit par Sylvie BÉGUIN, Marie-Alice DEBOUT
    • 10 161 mots
    • 34 médias
    ...(1488-1560) dans le Biancone de la place de la Seigneurie à Florence, si boursouflé, ou dans l'Hercule et Cacus (1534). Il rivalisa sans succès avec Benvenuto Cellini (1500-1571) dont le talent, savamment mis en valeur par ses soins, fut connu loin de Florence. Avec une technique parfaite et précieuse...
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Voir aussi