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CHAPELLE

Édifice religieux, généralement de dimensions restreintes, réservé au service particulier d'un souverain, d'un seigneur, d'un dignitaire de l'Église, ou bien au service d'un établissement hospitalier, éducatif ou pénitentiaire, desservi par un chapelain. Le terme de chapelle s'applique aussi à une partie d'église, dotée d'un autel, souvent distinguée par une disposition architecturale appropriée, et réservée à une fonction spéciale (baptême, mariage, funérailles), à une dévotion particulière (culte d'un saint, siège d'une confrérie) ou encore à une commémoration ou à une sépulture. On appelle enfin chapelle tous les édifices religieux très petits et servant irrégulièrement au culte. Ce n'est donc ni une forme ni une fonction précise qui définissent cet édifice. On peut pourtant dire que la chapelle n'est pas, en principe, destinée au culte paroissial et public, et qu'elle n'est pas, non plus, un oratoire, lieu de prière individuelle sans autel consacré. Le mot capella, chapelle, n'apparaît qu'au viiie siècle et ne désigne pas alors un édifice mais une institution. Il vient de cappa, chape, vaste manteau enveloppant tout le corps. Dès le vie siècle, le manteau de saint Martin est devenu une sorte de relique royale accompagnant le roi franc et gardée par des clercs de sa cour. À l'époque carolingienne, capella désigne ce corps de prêtres ; Fulrad, abbé de Saint-Denis, porte le titre de chapelain ou d'archichapelain de Pépin le Bref. L'église privée du souverain, érigée près de sa résidence, à l'imitation des églises impériales byzantines ou des églises privées des papes ou des évêques, devient ainsi chapelle, par extension du sens premier du mot. Celui-ci ne disparaît pourtant pas ; les clercs au service d'un souverain, d'un prince, et plus tard aussi la réunion des choristes et des musiciens à son service, portent le nom de chapelle. Ce terme s'applique aussi à l'ensemble des ornements et des vases liturgiques affectés à ce service. On conserve encore, dans les trésors des églises ou des musées, des « chapelles » des princes de l'Église, papes, cardinaux, évêques, constituées d'objets liturgiques qui leur appartenaient.

Pour ce qui est de l'architecture, l'origine des petits édifices à usage religieux privé remonte aux aedicula païens consacrés au culte des notables ou des communautés de toutes sortes. Le christianisme a repris très tôt cet usage ; un tel sanctuaire privé s'appelle cella ou oratorium par opposition à basilica qui est un lieu de culte public ; très souvent les premiers martyria appartiennent à cette catégorie d'édifices, avant de devenir de grandes églises.

Chapelle palatine, Aix-la-Chapelle (Allemagne) - crédits : Hilbich/ AKG-images

Chapelle palatine, Aix-la-Chapelle (Allemagne)

La plus remarquable série de chapelles médiévales et modernes est issue de la tradition carolingienne et apparaît auprès des résidences impériales et royales ; elle est caractérisée par un double étagement, la tribune ou l'étage supérieur étant réservé au souverain et aux dignitaires, l'étage inférieur à la cour. Le plus célèbre modèle est ici la chapelle du palais de Charlemagne, l'actuelle cathédrale d'Aix-la-Chapelle (790/798), de plan octogonal. Des édifices de ce type ont été bâtis à Nimègue, à Thionville, plus tard à Liège. Un autre type, de plan carré ou cruciforme et à deux étages, a été employé pour les chapelles « palatines » romanes (Goslar, Nuremberg, Egger) et pour les chapelles épiscopales (Mayence, Wisby, Schwarzrheindorf). Un troisième type domine en France : les deux étages ne communiquent que par des escaliers et le plan est allongé ; telles sont ou ont été les chapelles de Paris, de Laon (xiie s.), de Reims (xiiie s.) et surtout la Sainte-Chapelle du palais de Louis IX à Paris, accomplissement gothique de ce type, qui subsista[...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris

Classification

Pour citer cet article

Louis GRODECKI. CHAPELLE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Chapelle palatine, Aix-la-Chapelle (Allemagne) - crédits : Hilbich/ AKG-images

Chapelle palatine, Aix-la-Chapelle (Allemagne)

Sainte-Chapelle, Paris - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Sainte-Chapelle, Paris

Chapelle de King's College, Cambridge, vue extérieure - crédits : John Bethell/  Bridgeman Images

Chapelle de King's College, Cambridge, vue extérieure

Autres références

  • AIX-LA-CHAPELLE, histoire de l'art et archéologie

    • Écrit par Noureddine MEZOUGHI
    • 1 001 mots
    • 2 médias

    Aix connut son apogée quand Charlemagne s'y installa définitivement, en 794. Il entreprit alors la construction d'un vaste palais sur un plan régulier imité de l'Antiquité romaine. L'ensemble a malheureusement disparu, à l'exception de la célèbre chapelle...

  • ANDO TADAO (1941- )

    • Écrit par François CHASLIN
    • 1 885 mots
    • 1 média
    ...publics et commerciaux. L'exemple de résidence privée le plus accompli est probablement la maison Kidosaki, dans le quartier Setagaya de Tōkyō (1982-1986). Dans ce même style, il a bâti aussi plusieurs chapelles chrétiennes, celle du mont Rokko (1985-1986), la Chapelle sur l'eau à Tomamu dans l'île d'Hokkaido...
  • CASTILLE

    • Écrit par Marcel DURLIAT, Universalis, Philippe WOLFF
    • 10 285 mots
    • 12 médias
    ...parfois les meilleures créations des cours musulmanes et on peut alors en attribuer l'origine à des artistes venus de l'extérieur. Ainsi en va-t-il de la chapelle de Las Claustrillas dans le cloître de Las Huelgas à Burgos, et du palais de Tordesillas sur les rives du Duero. La première, qui servit peut-être...
  • CHAPELLE PALATINE, Aix-la-Chapelle (Allemagne)

    • Écrit par Christophe MOREAU
    • 205 mots
    • 1 média

    La réalisation de l'ensemble palatial d'Aix-la-Chapelle sur l'ordre de Charlemagne mit fin au caractère itinérant de la cour carolingienne, faisant de ce site la résidence privilégiée du souverain et la capitale du royaume. La construction du complexe débuta après 790 et fut confiée...

  • Afficher les 13 références

Voir aussi