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MICHEL-ANGE (1475-1564)

Le peintre et le dessinateur

Michel-Ange ne s'est jamais reconnu comme peintre, bien que ce soit dans ce domaine seulement qu'il ait pu mener à terme et seul ses entreprises. Il a accepté à contrecœur les commandes de décors peints que lui ont passées trois papes et a souffert physiquement de la dureté du travail à fresque, la technique « noble » selon l'idéal florentin mais aussi celle exigeant la plus grande maîtrise technique et graphique. Comme on l'a remarqué dès son époque (voir les critiques que lui adresse un admirateur de Titien comme Lodovico Dolce), son style pictural est conditionné par son habitude de concevoir en trois dimensions. À l'enquête de l'humaniste florentin Benedetto Varchi sur la supériorité de la peinture ou de la sculpture, il répondit en 1547 : « Je dis que la peinture me paraît devoir être tenue pour d'autant meilleure qu'elle est plus proche du relief. » La beauté des contours, la virtuosité des raccourcis, la justesse du modelé traduit par le clair-obscur sont à ses yeux l'essentiel, et ce sont ces qualités formelles que Vasari loue constamment dans ses descriptions des fresques de l'artiste. Le seul panneau peint qui nous soit parvenu et dont l'autographie ne soit pas contestée est le Tondo Doni (Offices, Florence) peint en 1504, sous l'émotion artistique suscitée à Florence par le carton de sainte Anne de Léonard de Vinci. Retenant de son aîné l'idée d'un groupe savamment imbriqué de personnages aux poses complexes et à la stature imposante, il en modifie complètement l'effet en opposant au sfumato introduit par Léonard, cette façon d'atténuer les contours et de fondre les figures avec l'air environnant, une netteté extrême des lignes qui cernent les personnages de la Sainte Famille. Le coloris a retrouvé en 1984 sa vivacité et ses cangianti (modulations, diaprures) que Michel-Ange reprendra plus tard dans les drapés des figures prophétiques de la Sixtine. Le sujet anticipe également sur celui de la Sixtine ; c'est la succession des trois âges : avant la Loi (les bergers nus à l'arrière-plan, images d'un passé mythique), avant la Grâce (saint Jean-Baptiste, situé dans un espace intermédiaire, dernier prophète regardant l'Enfant Jésus) et l'ère de la Grâce, ouverte par le geste de saint Joseph qui tend l'Enfant à sa mère au premier plan.

<it>Pietà</it>, Michel-Ange - crédits :  Bridgeman Images

Pietà, Michel-Ange

Sainte Famille ou Tondo Doni, Michel-Ange - crédits : 1085252464

Sainte Famille ou Tondo Doni, Michel-Ange

Le programme iconographique de la voûte de la Sixtine, sans doute élaboré au cours de dialogues entre les théologiens de la cour de Jules II et Michel-Ange, complète celui des murs de la chapelle décorés en 1480-1482 des Histoires de Moïse et du Christ se déroulant selon des parallèles établis entre l'Ancien et le Nouveau Testament. La voûte, dans sa partie centrale, est une sélection d'épisodes tirés de la Genèse qui leur correspondent pareillement. Ces scènes de la Création de l'univers, de l'homme, de la faute des premiers parents et de l'histoire de Noé sont flanquées de nus qui soutiennent par le moyen de guirlandes de chêne (rovere, le nom du pontife) des médaillons historiés peints à l'imitation du bronze. À la jonction de la voûte et des murs et dans les lunettes qui les couronnent sont représentées les générations bibliques qui ont vécu dans l'attente de l'avènement du Christ ; leurs attitudes traduisent la peur, l'accablement, la lassitude, le repli sur soi. Dans les pendentifs aux angles de la voûte, quatre épisodes bibliques témoignent des secours miraculeux envoyés par Dieu à son peuple. Une majestueuse architecture fictive (corniche formant, aux intersections avec les arcs doubleaux, des ressauts soutenus par des couples de putti cariatides, eux-mêmes perchés sur de hauts socles cantonnés de balustres dorés) encadre les scènes et les voyants, cinq Sibylles et sept Prophètes[...]

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Écrit par

  • : ancienne élève de l'École normale supérieure de Sèvres, maître de conférences en histoire de l'art des Temps modernes à l'université de Provence

Classification

Pour citer cet article

Martine VASSELIN. MICHEL-ANGE (1475-1564) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>La Mise au tombeau</it>, Michel-Ange - crédits :  Bridgeman Images

La Mise au tombeau, Michel-Ange

Nouvelle sacristie, Saint-Laurent , Florence - crédits :  Bridgeman Images

Nouvelle sacristie, Saint-Laurent , Florence

David, Michel-Ange - crédits : Rabatti - Domingie/ AKG-images

David, Michel-Ange

Autres références

  • ANTHROPOMORPHIQUE ARCHITECTURE

    • Écrit par Martine VASSELIN
    • 1 060 mots

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  • ART (L'art et son objet) - Le faux en art

    • Écrit par Germain BAZIN
    • 6 715 mots
    ... siècle ; Venise concurrence Florence dans cette activité. La première vente célèbre d'un faux est celle d'un Cupidon dormant sculpté par Michel-Ange et qui, ayant été enterré à Rome, fut acheté deux cents ducats par le cardinal Riario di San Giorgio, qui le croyait antique. On ignore ce...
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    • Écrit par Jean-Pierre MOHEN
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    ...la rencontre originale de l'art et des sciences et des enseignements que celle-ci a su faire jaillir. Un dernier exemple permet d'éclairer ce propos. Les fresques de Michel-Ange à la chapelle Sixtine ont été scrupuleusement étudiées par une commission d'experts depuis 1975, selon une triple approche...
  • AUGUSTE PRÉAULT, SCULPTEUR ROMANTIQUE (exposition)

    • Écrit par Pierre VAISSE
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    Dans les années 1960, la sculpture française du xixe siècle méritait l'appellation de terra incognita. La situation a profondément changé par la suite, grâce aux publications et aux expositions qui se sont multipliées depuis lors. Le grand public, lui, n'a pourtant guère suivi, soit...

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