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NERVEUX (SYSTÈME) Neurobiologie

Neuropharmacologie

La neuropharmacologie constitue le chapitre de la pharmacologie qui concerne l'action des drogues, ou substances pharmacologiques, sur les nerfs et le système nerveux central. Il est d'usage de la séparer de la psychopharmacologie, discipline née de la rencontre de la psychologie, de la psychiatrie et de la pharmacologie, et qui s'intéresse aux effets des drogues sur les états psychiques ; mais cette division est, en fait, assez arbitraire.

La neuropharmacologie étudie donc les effets des drogues sur la conduction et l'excitabilité des nerfs, sur la transmission de l'influx nerveux entre les structures jonctionnelles, telles les synapses neuromusculaires et les synapses interneuronales. Elle décrit et tente d'expliquer les manifestations des drogues sur le tonus musculaire, les réflexes médullaires, les états de veille et de sommeil, les émotions, l'excitabilité corticale ou sous-corticale, le système extra-pyramidal. Chemin faisant, elle élabore des concepts physiologiques à partir des constatations pharmacologiques ; dans ce domaine, elle revendique de solides succès, telle la théorie neurohumorale de l'influx nerveux.

Drogues. Conduction et transmission de l'influx nerveux

Pharmacologie de la conduction nerveuse

Certains médicaments perturbent la conduction de l'influx nerveux. Ainsi celle-ci est ralentie ou supprimée par les anesthésiques locaux. En réalité, ces derniers agissent sur toutes les fibres nerveuses, mais leur action est d'autant plus puissante que les fibres sont plus fines ; ainsi, les fibres de la douleur étant les plus fines, elles sont sensibles aux concentrations les plus faibles. Il est généralement admis actuellement que les anesthésiques locaux diminuent la perméabilité de la membrane des fibres nerveuses à l'ion sodium ; celui-ci ne pouvant plus entrer dans la fibre, la conduction s'arrête. À l'inverse, certains corps appelés labiliseurs – vératrine, par exemple – accroissent cette perméabilité ; les fibres nerveuses répondent alors à un stimulus unique par des décharges répétitives d'influx dans le muscle et dans le nerf.

Pharmacologie des structures jonctionnelles

Historique

L' action des médicaments sur les jonctions nerveuses constitue l'un des chapitres fondamentaux de la neuropharmacologie, depuis que les pharmacologues ont mis en évidence, entre 1900 et 1940, le mode de transmission neurohumorale de l'influx nerveux, qui s'est substitué à celui d'une transmission électrique. Suivant cette théorie, le passage de l'influx nerveux d'un nerf à un muscle, ou d'un axone au soma d'un autre neurone, met en jeu un mécanisme purement chimique : l'action d'une substance spécifique, le médiateur chimique. Ce résultat découle de l'analogie constatée entre les effets de l'excitation des nerfs sympathiques ou parasympathiques et les effets respectifs de l'adrénaline et de l'acétylcholine. Les découvertes fondamentales furent effectuées, en 1921, par O. Loewi, puis par W. B. Cannon. Loewi montre que l'excitation du nerf vague (parasympathique) d'un cœur isolé de grenouille libère dans le liquide de perfusion une substance capable de ralentir un autre cœur. Cette substance devait bientôt être identifiée à l'acétylcholine. Par ailleurs, Cannon démontre que l'excitation des nerfs sympathiques, hépatiques ou spléniques accélère le cœur énervé d'un chat. Cette action ne peut se produire que par libération d'une substance, appelée « sympathine », qui sera d'abord identifiée à l'adrénaline, puis à la noradrénaline (U. S. von Euler, 1946). La preuve de la transmission chimique au niveau de la plaque neuromusculaire fut acquise en 1944 ; au niveau du système nerveux central, en 1953.

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Écrit par

  • : doctorant en neurobiologie
  • : docteur ès sciences naturelles, agrégé de physiologie-biochimie, maître de recherche à l'I.N.S.E.R.M.
  • : directeur de recherche au C.N.R.S.
  • : docteur en médecine, docteur ès sciences, professeur à la faculté de médecine Broussais-Hôtel-Dieu

Classification

Pour citer cet article

Jean-Marc GOAILLARD, Michel HAMON, André NIEOULLON et Henri SCHMITT. NERVEUX (SYSTÈME) - Neurobiologie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Action des drogues - crédits : Encyclopædia Universalis France

Action des drogues

Contrôle du tonus musculaire - crédits : Encyclopædia Universalis France

Contrôle du tonus musculaire

Systèmes activateur, inhibiteur et facilitateur - crédits : Encyclopædia Universalis France

Systèmes activateur, inhibiteur et facilitateur

Autres références

  • ORGANISATION DISCONTINUE DU TISSU NERVEUX

    • Écrit par Pascal DURIS
    • 249 mots

    Les éléments qui composent le tissu nerveux sont-ils en continuité ou seulement en contiguïté ? La question oppose, à la fin du xixe siècle, les « réticulistes », partisans d'un tissu nerveux constitué de cellules anastomosées par leurs dendrites et leurs axones en de véritables réseaux...

  • ACARIENS

    • Écrit par Jean-Louis CONNAT, Gabriel GACHELIN
    • 6 631 mots
    • 2 médias
    La plupart des acariens possèdent un système nerveux très condensé, limité à une masse ganglionnaire – appelée synganglion ou « cerveau » – entourant la partie antérieure du tube digestif. Le synganglion est inclus dans un sinus du système circulatoire recevant l'aorte dorsale. De nombreuses cellules...
  • ACÉTYLCHOLINE

    • Écrit par Paul MANDEL
    • 1 910 mots
    • 2 médias
    L'ACh existe dans le tissu nerveux essentiellement sous forme inactive liée à une protéine, ce qui la protège contre la destruction enzymatique. Dès sa libération, elle subit une hydrolyse par l'acétylcholinestérase (AChE). Presque simultanément la choline-acétylase assure la néosynthèse d'ACh qui est...
  • ADRÉNALINE

    • Écrit par Jacques HANOUNE
    • 3 565 mots
    • 2 médias
    C'est également sous forme de granules que la noradrénaline est, elle aussi, stockée dans les terminaisons nerveuses. La concentration en catécholamines de ces granules est moins grande que dans les granules de la médullo-surrénale ; le rapport noradrénaline/ATP y est différent (de 12 à 18/1). La libération...
  • AGRESSION (psychologie sociale)

    • Écrit par Laurent BÈGUE
    • 902 mots

    L’agression est définie comme un comportement qui vise à blesser intentionnellement un individu motivé à se soustraire à ce traitement. Les recherches conduites sur les formes et fonctions du comportement agressif ont mobilisé des méthodologies extrêmement variées (statistiques publiques judiciaires...

  • Afficher les 117 références

Voir aussi