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FERMENTATIONS

Il est actuellement difficile de donner une signification précise, du point de vue scientifique, au terme « fermentation », son sens ayant constamment évolué au cours du temps.

Il provient du verbe latin fermentare, qui signifie transformer certaines denrées alimentaires sous l'action d'un agent responsable, le ferment (fermentum). L'usage du levain pour la fabrication du pain, la consommation de boissons fermentées remontent à la période indo-européenne. Ces réactions s'accompagnent le plus souvent d'une émission de bulles de gaz, effervescence qui fut longtemps considérée comme la manifestation essentielle du phénomène : le jus de raisin est transformé en vin avec production d'un important dégagement gazeux.

La notion de fermentation fut ensuite étendue aux transformations de matières organiques n'impliquant pas obligatoirement un dégagement gazeux, comme la formation d'acide lactique dans le lait. Le caractère commun à ces processus est l'accumulation, à partir des matières décomposées, de produits caractéristiques : éthanol, acide lactique, acide propionique, etc. Le goût et l'odeur des produits obtenus étant le plus souvent agréables, la notion de fermentation fut opposée à celle de putréfaction, correspondant également à la transformation apparemment spontanée des matières organiques (en particulier des cadavres), mais avec production de substances nauséabondes.

Pasteur démontra que toutes ces transformations sont dues à des micro-organismes divers (levures, bactéries, moisissures) qui utilisent pour leur développement la matière et l'énergie produites par la dégradation des substances organiques. C'est en considérant ce dernier aspect du point de vue des processus biologiques se déroulant en absence d'oxygène, que Pasteur formula sa célèbre définition : « La fermentation est la vie sans air. » Actuellement, le terme d'anaérobiose paraît plus précis pour désigner ce mode de vie. Mais, dans cette conception, la notion de fermentation s'opposait à celle de respiration. Les deux phénomènes correspondent, en effet, aux processus de dégradation ( catabolisme) fournissant d'une part l'énergie, d'autre part les matériaux permettant l'édification de nouveaux organismes. En aérobiose, il y a respiration : le déchet carboné est uniquement l'anhydride carbonique émis. En anaérobiose, il y a fermentation : les déchets carbonés sont, en plus, certains produits de fermentation qui s'accumulent.

Mais il existe des processus de transformation avec accumulation de produits carbonés, autres que le gaz carbonique, se déroulant en présence d'air et même l'exigeant. Il en est ainsi de la production d'acide acétique lors de la fabrication du vinaigre. Le terme de fermentation oxydative fut alors employé pour définir ce type de transformation.

De plus, l'utilisation des micro-organismes comme agents de fabrication industrielle a conduit les techniciens à donner au terme un sens beaucoup plus large, à savoir « tout processus au cours duquel est utilisé un micro-organisme spécifique pour produire en culture, dans des conditions données, à partir de matières premières (qui sont des produits agricoles bruts ou des sous-produits de l'industrie alimentaire tels que les mélasses), une substance chimique définie, cette substance ne pouvant être synthétisée par voie chimique ou cette synthèse étant d'un prix de revient trop élevé ». Ainsi la fabrication de la pénicilline, à partir du Penicillium notatum, est-elle considérée, du point de vue technologique, comme une fermentation.

Dans ce qui suit, on ne considérera que deux aspects de la notion de fermentation : le processus catabolique des organismes vivant en anaérobiose ; la synthèse biologique industrielle.

D'ailleurs, ces aspects se superposent, car des[...]

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Pour citer cet article

Claude LIORET. FERMENTATIONS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Eduard Buchner - crédits :  Science & Society Picture Library/ Getty Images

Eduard Buchner

Friedrich Wöhler - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Friedrich Wöhler

Fermentation : séquences de réactions - crédits : Encyclopædia Universalis France

Fermentation : séquences de réactions

Autres références

  • AÉROBIOSE & ANAÉROBIOSE

    • Écrit par Claude LIORET
    • 2 734 mots
    • 1 média
    On s'aperçut très tôt que les fermentations, en particulier celles du jus de raisin, se déroulent en absence d'aération. En 1837, Schwann avance que des micro-organismes jouent un rôle. Ce point de vue est combattu par Liebig. À partir de 1860, Pasteur entreprend ses travaux sur les fermentations...
  • ALCOOL ÉTHYLIQUE ou ÉTHANOL

    • Écrit par Fernand COUSSEMANT
    • 694 mots

    Alcool primaire, liquide incolore, d'odeur agréable, miscible à l'eau en toutes proportions, miscible à de nombreux solvants organiques, l'éthanol ou alcool éthylique, CH3—CH2OH, a les caractéristiques suivantes :

    Masse moléculaire : 46,07 g

    Masse spécifique : 0,789 3...

  • ALCOOLS

    • Écrit par Jacques METZGER
    • 5 832 mots
    • 8 médias
    Lafermentation alcoolique des jus sucrés sous l'action de micro-organismes tels que les levures et les bactéries est une source d'alcools. L'éthanol est fabriqué industriellement par fermentation, sous l'action du complexe enzymatique zymase, présent dans la levure de bière, de mono- et disaccharides...
  • ALIMENTATION (Aliments) - Classification et typologie

    • Écrit par Ambroise MARTIN
    • 4 590 mots
    • 1 média
    Onassiste aujourd'hui à un important développement de la consommation des produits fermentés frais. Les effets sur la santé des probiotiques font l'objet d'actives recherches et dépendent très fortement de la souche choisie pour la fermentation. L'appellation yaourt est cependant réservée réglementairement...
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Voir aussi