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AGRICULTURE Histoire des agricultures jusqu'au XIXe siècle

Il y a dix mille ans, au début du Néolithique, les quelque cinq millions d'êtres humains, généralement nomades, qui peuplaient la Terre se nourrissaient des produits de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Cependant, dans quelques rares régions du monde, certaines communautés sédentarisées ont commencé de cultiver des plantes et d'élever des animaux et se sont transformées, très lentement, en sociétés d'agriculteurs. Durant cinq mille ans, les cultivateurs et éleveurs néolithiques ont colonisé les régions du monde exploitables avec les outils dont ils disposaient. La population humaine augmentant, il s'est ensuivi de grands déboisements qui ont créé des conditions écologiques inédites, très différentes d'une région à l'autre. Les paysanneries ont alors développé des formes d'agriculture différenciées, qui ont ensuite beaucoup évolué au fil du temps. Le concept de système agraire permet d'appréhender cette diversité des agricultures du monde. À la fin du xixe siècle, celles-ci nourrissaient environ 1 600 millions d'êtres humains.

Les origines et l'expansion de l'agriculture

Agriculture néolithique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Agriculture néolithique

Il y a moins de dix mille ans, des sociétés de chasseurs-cueilleurs-pêcheurs se sont transformées d'elles-mêmes en sociétés d'agriculteurs dans quelques rares régions d'Asie et d'Amérique. Ces zones peu étendues et très éloignées les unes des autres, appelées « foyers d'origine de l'agriculture », étaient riches en ressources végétales et animales sauvages comestibles. Leurs habitants étaient des villageois sédentarisés, qui disposaient déjà d'outils spécialisés et diversifiés (haches et herminettes en pierre polie, faucilles à dents en silex, pierres à moudre, poteries parfois).

L'émergence de l'agriculture ne semble pas avoir répondu à une crise ouverte de la prédation, qui aurait résulté de la surexploitation des ressources sauvages par une population en forte croissance. Mais on peut penser que, une fois atteint un certain niveau de densité humaine à l'échelle locale, le temps de cueillette et de chasse nécessaire pour se procurer la nourriture quotidienne et constituer des réserves en vue de la mauvaise saison s'est beaucoup accru. Dès lors, les sociétés qui disposaient, depuis longtemps dans certains cas, des outils et des savoirs nécessaires, ont eu intérêt à étendre les cultures pour réduire le temps de récolte, et à multiplier les animaux d'élevage pour les abattre plus aisément en fonction de leurs besoins. La conversion de ces sociétés de prédateurs en sociétés d'agriculteurs se nourrissant principalement des produits issus des cultures et des élevages a pris des siècles. Au cours de ce lent processus, certaines espèces de plantes cultivées et d'animaux élevés se sont différenciées peu à peu de leurs ancêtres et de leurs congénères sauvages, devenant ainsi des plantes et des animaux dits domestiques. Parallèlement, les sociétés humaines ont connu de profonds changements culturels, comme l'élaboration de nouvelles langues : les langues mères néolithiques.

Dans chaque foyer d'origine, l'augmentation de la population a conduit progressivement à l'utilisation de toutes les terres exploitables avec les outils de l'époque. Dès lors, une partie de la population a dû migrer vers les régions fertiles les plus proches, créant, au fil des générations, des villages de plus en plus éloignés du foyer d'origine. Durant des millénaires, les agriculteurs du Néolithique ont ainsi colonisé, pas à pas, une grande partie de la planète. Ce faisant, ils ont rencontré des peuples de chasseurs-cueilleurs-pêcheurs qu'ils ont repoussés ou assimilés, et découvert de nouvelles espèces de plantes et d'animaux, dont certaines ont été domestiquées. Au cours de leur progression, ils ont investi deux grands types de formations[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à AgroParisTech (ex. I.N.A.-P.G.)
  • : professeure en sciences de la population et du développement, spécialisée dans les questions agricoles et alimentaires à l'Université libre de Bruxelles (Belgique)

Classification

Pour citer cet article

Marcel MAZOYER et Laurence ROUDART. AGRICULTURE - Histoire des agricultures jusqu'au XIXe siècle [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Agriculture néolithique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Agriculture néolithique

Irrigation - crédits : J W Thomas/ Getty Images

Irrigation

Autres références

  • AGRICULTURE BIOLOGIQUE

    • Écrit par Céline CRESSON, Claire LAMINE, Servane PENVERN
    • 7 882 mots
    • 6 médias

    L’agriculture biologique (AB) est un mode de production et de transformation ayant pour objectif de préserver l’environnement, la biodiversité, le bien-être animal et le développement rural. Elle est définie dans ses principes par la Fédération internationale des mouvements d’agriculture biologique...

  • AGRICULTURE DURABLE

    • Écrit par Jean-Paul CHARVET
    • 5 444 mots
    • 10 médias

    Dans le langage courant, l’expression « agriculture durable » fait d’abord référence à une agriculture respectueuse de l’environnement, avec, comme principaux objectifs, la limitation du recours aux intrants (engrais, produits phytosanitaires…) d’origine industrielle. S’y ajoute la diversification...

  • AGRICULTURE URBAINE

    • Écrit par Jean-Paul CHARVET, Xavier LAUREAU
    • 6 273 mots
    • 8 médias

    L’expression « agriculture urbaine », qui était devenue un oxymore dans les pays industrialisés avec la disparition progressive au cours du xxe siècle des ceintures maraîchères entourant les villes, a retrouvé du sens. En effet, dans un contexte d’étalement urbain (urbansprawl) et...

  • FRANCE - (Le territoire et les hommes) - Espace et société

    • Écrit par Magali REGHEZZA
    • 14 002 mots
    • 3 médias
    L’insertion dans la mondialisation a des conséquences sur l’ensemble des systèmes productifs. Dans le cas de l’agriculture, elles viennent s’ajouter à des évolutions plus anciennes : la révolution productiviste et l’intégration européenne.
  • ADVENTICES

    • Écrit par Marcel BOURNÉRIAS
    • 804 mots

    Étymologiquement, une plante qui s'ajoute à un peuplement végétal auquel elle est initialement étrangère est une plante adventice (lat. adventicium, supplémentaire). On distingue les adventices réellement étrangères (exotiques), spontanées dans des régions éloignées (érigéron du Canada),...

  • AFGHANISTAN

    • Écrit par Daniel BALLAND, Gilles DORRONSORO, Universalis, Mir Mohammad Sediq FARHANG, Pierre GENTELLE, Sayed Qassem RESHTIA, Olivier ROY, Francine TISSOT
    • 37 316 mots
    • 19 médias
    L'économie de l'Afghanistan est encore fondamentalement agricole : c'est le seul pays de la région où l'agriculture emploie plus de la moitié de la population active et contribue pour plus de 50 % à la formation du PNB. Rien pourtant de figé dans cette situation : l'agriculture afghane est brusquement...
  • AFRIQUE (Histoire) - Préhistoire

    • Écrit par Augustin HOLL
    • 6 326 mots
    • 3 médias
    La troisième option s'articule davantage autour des pratiques agricoles, aussi bien céréaliculture qu'horticulture, dans les sous-zones équatoriales et tropicales. La céréaliculture comporte deux volets : l'un septentrional avec la culture du blé, de l'avoine et d'autres...
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Voir aussi