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BIODIVERSITÉ

La biodiversité, qui représente la diversité biologique, ou diversité du monde vivant, a subi de façon croissante depuis l’apparition de l’homme moderne des pressions qui l’entraînent, au xxie siècle, au bord de sa sixième crise d’extinction. Nécessaire au maintien de la vie sur Terre, elle est le fruit de milliards d’années d’évolution. Elle offre des contributions incommensurables au bien-être des populations humaines, depuis l’approvisionnement en nourriture, matériaux et médicaments, jusqu’aux valeurs culturelles et spirituelles, en passant par son rôle important dans la régulation des grands cycles biogéochimiques et du climat. Or, les activités humaines – notamment la destruction des habitats naturels, les prélèvements par la chasse et la pêche, la pollution et désormais le changement climatique – génèrent des taux d’extinction mille fois supérieurs à ce qu’ils ont été par le passé. Des mesures de protection et de conservation de la biodiversité sont mises en œuvre à travers le monde depuis les années 1950 mais à des niveaux qui restent insuffisants et avec des taux de succès très mitigés.

Qu’est-ce que la biodiversité ?

Le terme biodiversité est venu supplanter en quelque sorte celui de biosphère introduit pour la première fois en 1885 par le géologue autrichien Eduard Suess (1831-1914). La biosphère représente l’ensemble des organismes vivants ainsi que les milieux dans lesquels ils vivent. Elle comprend donc à la fois la notion de diversité du monde vivant dans tous ses niveaux d’organisation et celle d’écosystème, qui constitue une communauté d’êtres vivants interagissant entre eux et avec leur environnement. Les termes d’écosystème et de biodiversité sont apparus des décennies plus tard, respectivement en 1935 et 1986, et ont progressivement remplacé celui de biosphère sans doute par commodité dans les débats publics, permettant de discuter de façon plus précise des différents enjeux environnementaux auxquels l’homme est confronté (services écosystémiques, perte de biodiversité, espèces menacées, ressources génétiques…). L’équivalent du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) pour la biosphère est d’ailleurs intitulé « Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques » (en anglais IPBES, pour Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services). Ce changement sémantique s’est effectué notamment de façon accélérée après la tenue de la Conférence de Rio organisée par l’ONU (Sommet de la Terre de Rio de Janeiro, 1992) qui a donné lieu à l’adoption d’un texte fondateur de 27 principes intitulé Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement.

Si le terme biodiversité renvoie tout d’abord à la diversité du monde vivant, sa signification et sa portée vont bien au-delà. Cette diversité du monde vivant s’exprime et se mesure en nombre d’espèces (diversité taxonomique) mais aussi en composition génétique des différentes populations représentant chaque espèce (diversité génétique) et en fonctions écologiques – les fonctions assurées par chaque espèce au sein d’un écosystème (diversité fonctionnelle). Selon les estimations, il pourrait exister entre 1 et 6 milliards d’espèces sur Terre si l’on tient compte des bactéries ; 1,5 million de ces espèces seulement ont été décrites et pas plus de 130 000 font l’objet de suivis. La diversité génétique au sein de chaque espèce joue un rôle tout aussi important, voire plus important, que la diversité en espèces dans le fonctionnement d’un écosystème, et a subi davantage encore les effets des activités humaines. Enfin, la diversité fonctionnelle et ses liens avec les deux autres composantes de la biodiversité font l’objet de nombreuses études depuis la fin des années 1990 afin de déterminer notamment[...]

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Écrit par

  • : directrice de recherche au CNRS, centre d'écologie fonctionnelle et évolutive, Montpellier
  • : directrice de recherche de classe exceptionnelle CNRS, Laboratoire d'écologie alpine, Grenoble

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Pour citer cet article

Isabelle CHUINE et Sandra LAVOREL. BIODIVERSITÉ [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Une représentation des pinsons de Darwin - crédits : Encyclopædia Universalis France

Une représentation des pinsons de Darwin

Courbes de réponse de performances physiologiques d’organismes à la température - crédits : Encyclopædia Universalis France

Courbes de réponse de performances physiologiques d’organismes à la température

Productivité des forêts - crédits : Encyclopædia Universalis France

Productivité des forêts

Autres références

  • BIODIVERSITÉ URBAINE

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    Sous le poids d'un désir citadin de plus en plus fort de nature dans la ville et d'un hygiénisme constant, la ville a évolué très rapidement, en un siècle, pour proposer aujourd'hui des parcs plus « naturels » et demain des corridors écologiques. Certaines espèces disparaissent sous les effets de l'urbanisation,...

  • COP 15 SUR LA BIODIVERSITÉ

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    La quinzième conférence des parties de la Convention sur la diversité biologique (dite COP 15 – Conference of the Parties), initialement prévue en 2020 en Chine (dans la ville de Kunming) et reportée à plusieurs reprises en raison de la pandémie de Covid-19, s’est finalement tenue au palais des...

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    • Écrit par Denis COUVET
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    La biodiversité se caractérise d’abord par sa diversité biologique, qui comprend la diversité des espèces (animales, végétales et microbiennes), de leurs interactions, la diversité des gènes et celle des écosystèmes. Mais la biodiversité englobe aussi les fonctions écologiques nécessaires au fonctionnement...
  • AGRICULTURE BIOLOGIQUE

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  • AMAZONIE

    • Écrit par Martine DROULERS
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    • 6 médias
    Avec 15 à 20 p. 100 du total des espèces de la terre, l'Amérique du Sud tropicale est une des régions de la planète les plus riches en biodiversité, notamment pour la flore. Six pays amazoniens figurent parmi les douze pays les plus riches en diversité biologique. La Colombie est au premier rang mondial...
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Voir aussi