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ÉGLISE, architecture

La réforme catholique et le concile de Trente

Le bouleversement spirituel des consciences fut cause de l'un des grands mouvements réformateurs de l'Église. Il aboutit, par intransigeance réciproque, à la rupture. Quel qu'ait été l'enjeu politique, pour certains États, d'une « Réforme », protestante et catholique, qui aboutit à dresser États catholiques contre États protestants, il s'agissait au départ de l'homme et de sa foi. La rigidité de l'Église ne lui permit pas de prendre en compte le sentiment religieux profond qui bouleversait les âmes, même si certains religieux avaient senti, dès le début du xve siècle, qu'une réforme était indispensable. L'élection, en 1534, du pape Paul III Farnèse allait faire aboutir un mouvement perçu comme indispensable à la survie de l'Église. C'est sous son pontificat que furent approuvés les statuts de la Compagnie de Jésus. Celle-ci devait se montrer une adepte fervente de la Réforme catholique. En 1545, Paul III convoquait un concile qui devait se dérouler sur dix-huit ans, parcouru de crises et d'interventions politiques, dissous à deux reprises, mais dont l'œuvre fut gigantesque. Elle s'inscrit dans l'évolution amorcée depuis le xe siècle, dont le concile constituait une nouvelle étape. Dans le domaine de l'architecture, ce dernier fut décisif, grâce à l'affirmation ou à la réaffirmation de certains principes. Trois d'entre eux aboutirent, par leur application, à des transformations de l'existant ou à la définition d'un programme renouvelé dans les constructions neuves. Le premier concerne la liturgie et la reconnaissance de la présence réelle et donc du sacrement de l'Eucharistie. Le deuxième concerne le clergé : il est insisté sur le rôle unique, dans son diocèse, de l'évêque, qui ne peut se confondre avec aucun prêtre ; il y représente les apôtres et sa résidence y est obligatoire. Se voit également rappelée l'indispensable formation du clergé, assurée grâce aux séminaires. Le troisième principe concerne une nouvelle fois les fidèles. Le souci de leur apprentissage est affirmé, grâce à une meilleure transmission du message évangélique par la parole, et les expressions de sa piété sont désormais reconnues.

Décisions et recommandations, d'ordre théorique, ont été néanmoins décisives sur la longue durée, aboutissant à renouveler l'aménagement spatial de l'édifice de culte tel qu'il avait été conçu à l'époque gothique. La nécessité impérieuse d'« ouvrir » le sanctuaire aux fidèles pour qu'ils puissent participer, au moins visuellement, à la célébration eucharistique, imposa la suppression du jubé ou son remplacement par des grilles. Le chœur des réguliers fut soit conservé en l'état, soit inversé et installé au fond de l'abside, épousant, comme dans les premiers temps chrétiens, son plan hémicirculaire. L'autel subit des modifications tout aussi importantes quant à sa signification, à son emplacement et à sa forme. Alors qu'il devait être unique et étroitement associé au tabernacle destiné à contenir les Saintes Espèces, il fut ou bien laissé en place, ou bien établi au fond de l'abside, après suppression d'un autel secondaire, ou encore avancé vers l'ouest, à proximité de la croisée du transept, ou même installé à cet endroit précis. Dans certains cas, il pouvait avoir deux faces. La nef, dont la conquête par les fidèles avait commencé dès le xiiie siècle, leur fut entièrement dévolue et prit une signification nouvelle, grâce à la présence de la chaire et de l'orgue. La première, jusqu'alors mobilière, devint immeuble et fut placée au milieu de l'espace dévolu aux fidèles. Son rôle pour la diffusion du message évangélique fut aussitôt souligné[...]

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Pour citer cet article

Alain ERLANDE-BRANDENBURG. ÉGLISE, architecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Premier Saint-Pierre de Rome - crédits : Encyclopædia Universalis France

Premier Saint-Pierre de Rome

Cathédrale de Cologne - crédits : Encyclopædia Universalis France

Cathédrale de Cologne

Autres références

  • ABADIE PAUL (1812-1884)

    • Écrit par Claude LAROCHE
    • 977 mots

    Paul Abadie est né à Paris le 9 novembre 1812. Il est le fils d'un architecte néo-classique homonyme (1783-1868) qui fut architecte du département de la Charente : on lui doit notamment le palais de justice d'Angoulême (env. 1825-1828). Abadie entre à Paris dans l'atelier d'Achille Leclère...

  • ABBATIALE DE CLUNY III

    • Écrit par Christophe MOREAU
    • 223 mots

    La légende veut que ce soit saint Pierre, apparaissant au moine Gunzo, qui ait jeté les plans de la troisième église abbatiale de Cluny, la plus grande de tout l'Occident médiéval. Cette transformation débuta en 1088, sous l'abbatiat d'Hugues de Semur (1049-1109), afin de répondre aux besoins...

  • ALBERTI LEON BATTISTA (1404-1472)

    • Écrit par Frédérique LEMERLE
    • 3 110 mots
    • 8 médias
    ...édifices sont cependant très importants pour l'histoire de l'architecture, car ils posent, d'entrée de jeu, les deux problèmes cruciaux de l'architecture religieuse de la Renaissance : celui du plan (centré ou longitudinal) et celui de l'adaptation des formules antiques aux façades des églises modernes....
  • AMBON

    • Écrit par Maryse BIDEAULT
    • 194 mots

    Nom donné, dans l'art paléochrétien, à la chaire du haut de laquelle sont lus les textes sacrés ou prononcés les sermons. De formes diverses, l'ambon peut être isolé dans la nef principale de l'édifice ou bien faire partie d'un chancel situé devant l'abside ; dans ce...

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