Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

SUCRE

Principaux procédés d’obtention du sucre

Le sucre est obtenu grâce à une succession d’opérations. Les premières d’entre elles, qui permettent l’extraction du jus sucré, sont différentes selon les plantes utilisées (betterave ou canne à sucre pour les deux plus importantes), puis la suite du processus industriel est comparable.

Après une récolte effectuée à la main ou, de plus en plus, à l’aide de machines, les cannes à sucre sont découpées en morceaux puis broyées dans une succession de moulins (en général de quatre à six), ce qui permet d’obtenir un jus de plus en plus sucré. Cette première opération, réalisée à proximité immédiate des plantations, permet d’obtenir, d’une part du jus de canne, d’autre part de la bagasse, résidu fibreux dépourvu de sucre. La bagasse est utilisée comme combustible dans les sucreries afin de produire la vapeur nécessaire aux différents ateliers de l’usine ainsi que de l’électricité.

Les betteraves à sucre, après leur arrachage et un lavage pour éliminer terre et cailloux, sont quant à elles découpées en fines lanières ou cossettes, puis plongées dans une eau chauffée à 75 0C. Cette étape permet de faire passer dans l’eau, par un phénomène de diffusion, le sucre contenu dans les cellules racinaires. Afin de réduire le plus possible les pertes de teneur en sucre, il est impératif, comme pour la canne à sucre, de réaliser ces opérations dans les délais les plus courts, c’est pourquoi les champs de betteraves ne sont jamais trop éloignés des sucreries (en France, la distance moyenne est de l’ordre d’une trentaine de kilomètres). En faisant passer cette eau fortement sucrée dans des cylindres de grande dimension, on obtient d’une part du jus de sucre de betterave, d’autre part des pulpes. Ces dernières, une fois pressées et séchées, servent à l’alimentation animale, en particulier pour l’élevage bovin (on parlait d’ailleurs jadis de « bœufs sucriers »).

Après ces opérations d’extraction, les procédés de transformation des jus de canne ou de betterave sont très comparables. Ces jus sont tout d’abord purifiés par addition de chaux (ce qui permet la précipitation des impuretés) puis de dioxyde de carbone, ces deux éléments étant obtenus par combustion de calcaires dans des fours à chaux. Une fois cette purification effectuée, les jus sont filtrés puis concentrés par évaporation. Ces jus issus d’une première concentration sont appelés sirops. Une seconde opération de concentration est ensuite réalisée dans des chaudières spécifiques qui fonctionnent sous vide afin d’éviter la caramélisation.

Enfin sont effectués le grainage (cristallisation du sucre, à partir de fins cristaux de sucre introduits dans le sirop et fixant les molécules de sucre), puis la séparation (grâce à une centrifugation dans des essoreuses nommées turbines) des cristaux et du sirop restant. Les cristaux ainsi obtenus correspondent à du sucre brut ou roux, encore coloré par la présence de différentes impuretés. Ce sucre se trouve localement consommé, en particulier dans le nord de la France et en Belgique, sous les noms de cassonade ou de vergeoise. Quant au sirop restant, épais et d’une couleur ambrée à brune, il constitue la mélasse. Celle-ci peut être consommée par les ruminants, mais aussi par les hommes : c’est le cas dans différentes pâtisseries ou après transformation en rhum.

Si les sucreries (qui élaborent leurs produits à partir des plantes sucrières) doivent être impérativement implantées à proximité même des lieux de culture, la localisation des raffineries (qui exploitent et transforment les sucres bruts provenant des sucreries) est beaucoup plus souple. Dans le passé, les raffineries travaillant les sucres provenant des « îles à sucre » du monde tropical étaient souvent installées dans les ports de l’Europe de l’Ouest. Certaines s’y trouvent encore aujourd’hui.[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, membre de l'Académie d'agriculture de France

Classification

Pour citer cet article

Jean-Paul CHARVET. SUCRE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Différents types de sucres - crédits : 5second/ Fotolia

Différents types de sucres

Localisation des sucreries en France - crédits : Encyclopædia Universalis France

Localisation des sucreries en France

Sucre : consommation annuelle par habitant - crédits : Encyclopædia Universalis France

Sucre : consommation annuelle par habitant

Autres références

  • ABOLITIONNISME, histoire de l'esclavage

    • Écrit par Jean BRUHAT
    • 2 943 mots
    • 3 médias
    En 1834 est fondée la Société pour l'abolition de l'esclavage. Les conditions deviennent favorables, car l'essor du sucre de betterave au détriment du sucre de canne diminue l'intérêt économique des colonies qui étaient spécialisées dans cette production.
  • ALIMENTATION (Aliments) - Classification et typologie

    • Écrit par Ambroise MARTIN
    • 4 590 mots
    • 1 média
    Cette catégorie d'aliments inclut le sucre pur de cuisine (ou saccharose, chimiquement bien défini) et les produits dont l'ingrédient majoritaire est le sucre ou un analogue. La caractéristique organoleptique principale est donc le goût sucré. Chimiquement, ces sucres ont une structure simple. Ils...
  • ALIMENTATION (Aliments) - Technologies de production et de conservation

    • Écrit par Paul COLONNA
    • 7 414 mots
    • 3 médias
    Lasucrerie fonctionne à partir de betteraves sucrières et de canne à sucre. L' extraction du saccharose se fait par diffusion du sucre dans l'eau, puis clarification du jus sucré et concentration par cristallisation. En découle la confiserie où le sucre fondu sert de matrice pour des...
  • AMÉRIQUE (Histoire) - Amérique portugaise

    • Écrit par Frédéric MAURO
    • 4 217 mots
    • 6 médias
    Vers 1570, le sucre succède au bois comme produit dominant de l'économie brésilienne. Cette domination va durer jusqu'au début du xviiie siècle, lorsque l'or prendra le relais du sucre.
  • Afficher les 30 références

Voir aussi