SÉISMES ET SISMOLOGIE Prédiction des séismes
Actuellement, la prévision à long terme permet seulement d'annoncer qu'un séisme se produira à tel endroit d'ici un, deux ... ou cent ans. Le long d'une faille, le lieu du choc sismique à venir a plus de probabilités de se situer là où il n'y a pas encore eu de secousse tellurique, car l'énergie mécanique due aux contraintes emmagasinées par les roches n'a pas encore pu se libérer. Les prédictions (prévisions à court terme : de quelques heures à quelques jours) sont quelquefois couronnées de succès ou cruellement décevantes.
La destruction de la ville de Kōbe (Japon), le 17 janvier 1995, puis la crise sismique de mars 2011 dans le même pays ont suscité de vives polémiques quant à la politique de recherche sur les séismes. Ces catastrophes montrent à l'évidence notre capacité bien médiocre à relever le défi de la prédiction des séismes, car, enfin, c'est bien au Japon que les pouvoirs publics investissent le plus dans la surveillance géophysique des régions à risque sismique élevé, loin devant la Californie ou la Chine. Mais les chercheurs japonais n'ont rien vu venir.
Pourra-t-on un jour prévoir les séismes ? Cette question revient toujours après chaque catastrophe tellurique. La question est en fait multiple.
Quatre formes de prédiction sismique
D'une certaine manière, on prévoit les séismes depuis longtemps : les zones sismiques de la planète sont de mieux en mieux en mieux connues, et on sait donner la probabilité qu'un séisme dépassant telle ou telle magnitude se produise dans une région donnée, par exemple d'ici cinquante ans. Ainsi, en France métropolitaine, on attend en moyenne un séisme de magnitude supérieure à 6 par siècle. On peut raffiner cette prédiction à l'échelle d'une région, par exemple les Alpes ou à la Vendée. C'est une prévision « à long terme », car il est impossible de donner une date précise, ni d'identifier la faille qui va casser parmi toutes celles qui sont identifiées dans la région en question.
On pourrait répondre tout aussi bien qu'on ne sait pas les prédire, car la majorité des séismes destructeurs étudiés n'ont été précédés d'aucun signe avant-coureur. C'est le problème de la prévision « à court terme », ou prédiction, fondée sur l'observation et l'interprétation de phénomènes anormaux, tels des essaims de microséismes ou des déformations du sol, qui marqueraient le début de la rupture d'une faille pouvant conduire au séisme dans un délai de quelques minutes à quelques mois : les fameux « précurseurs », mais toujours identifiés comme tels uniquement après le séisme... On cite souvent le grand séisme de Haicheng de 1975, en Chine, qui fut effectivement « prédit » officiellement quelques heures avant la catastrophe – après des semaines de petites secousses fortement ressenties. Mais ces prédictions à court terme sont aussi sujettes à de fausses alarmes qui, en plus des conséquences dues à la panique, conduisent progressivement à une perte de crédibilité quand elles sont répétées.
Le géophysicien doit aussi ajouter qu'entre ces deux formes de prévision-prédiction, long terme et court terme, existe une troisième voie, « à moyen terme », fondée sur l'activité d'une faille menaçante : la connaissance historique des dernières grandes ruptures sismiques qui l'ont affectée, combinée avec les mesures par G.P.S. des déformations actuelles de la croûte terrestre en son voisinage, permettent en effet de donner une fourchette de dates à laquelle la faille peut casser, et de la magnitude (M) du séisme associé. C'est dans ce cadre qu'étaient « prévus » les séismes majeurs de 2010 (Haïti, M = 7,0 et Chili, M = 8,7). De telles prédictions sont aussi à l'origine des « big one[...]
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Écrit par
- Pascal BERNARD : physicien à l'Institut de physique du globe de Paris
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Pour citer cet article
Pascal BERNARD, « SÉISMES ET SISMOLOGIE - Prédiction des séismes », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
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Le séisme de Maule (Chili) de 2010 dans le contexte des ruptures historiques
Encyclopædia Universalis France
Le séisme de Maule (Chili) de 2010 dans le contexte des ruptures historiques
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- CONTRAINTES, mécanique
- SISMOLOGIE
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