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ALGÉRIE

Nom officiel

République algérienne démocratique et populaire (DZ)

    Chef de l'État et du gouvernement

    Abdelmadjid Tebboune (depuis le 19 décembre 2019). Premier ministre : Nadir Larbaoui (depuis le 11 novembre 2023)

      Capitale

      Alger

        Langues officielles

        Arabe, tamazight

          Unité monétaire

          Dinar algérien (DZD)

            Population (estim.) 46 839 000 (2024)
              Superficie 2 381 741 km²

                L’Algérie est le plus grand pays d’Afrique, grâce à l’incorporation du Sahara au territoire national, après l’indépendance. Bien que limitée au Nord actuel du pays, la province barbaresque d’Alger a été du xvie au début du xixe siècle une des plus importantes provinces ottomanes, ferraillant à la fois contre l’Espagne catholique, les flottes chrétiennes en Méditerranée occidentale et l’Empire islamique chérifien (le Maroc). Fort de la traite esclavagiste en Afrique, de la course en mer, et de son blé, Alger était un puissant contributeur fiscal de l’Empire ottoman.

                Algérie : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

                Algérie : carte physique

                Algérie : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

                Algérie : drapeau

                Lorsque la France prend pied en Afrique en 1830, l’Algérie – ainsi nommée à partir de 1839 – est un petit pays de 3 millions d’habitants, qui perdra près du quart de sa population dans la guerre contre les Français et les crises qui s’ensuivront. À partir du Second Empire, la population ne cesse de croître et, à la fin de la période coloniale, l’Algérie compte 9 millions de musulmans pour 1 million d’Européens ou assimilés (dont les juifs algériens). En moins de deux siècles, sa population a été multipliée par presque quinze, un record mondial, pour atteindre 44 millions d’habitants, quasi exclusivement musulmans, en 2020.

                Depuis 1830, l’Algérie a subi des mutations d’une ampleur inédite. Le phénomène de colonisation-mondialisation a touché tous les secteurs de l’activité et des sociétés humaines d’Algérie. Les Algériens, qui étaient surtout des éleveurs pasteurs ou nomades, sont devenus citadins. Ces musulmans étaient animés par une foi et des pratiques religieuses et sociales extrêmement éloignées de ce qu’elles sont devenues dans le cadre de l’islam sunnite mondialisé du début du xxie siècle. Alors qu’ils vivaient dans le cadre autarcique tribal, ils ont forgé une nation qui vibre pour toutes les causes qui la concernent en tant que telle. La moitié des Algériens étaient des berbérophones souvent exclusifs ; ils sont devenus un peuple arabisé par l’école et par l’État, dans lequel les revendications amazighes (notamment kabyles) peinent à se faire une place entre l’arabe dialectal de la rue, le français chez les élites et dans l’économie et l’arabe international dans la culture écrite et islamique. Les régions avaient une forte identité ; le pays est aujourd’hui dominé par la culture nationale de ses grandes agglomérations (notamment le Grand Alger) et plus de 7 millions d’Algériens ou de personnes d’origine algérienne vivent à l’étranger, notamment en France. Enfin, cette société largement analphabète, dans laquelle les femmes étaient souvent recluses, est non seulement alphabétisée, mais les étudiantes y sont plus nombreuses que les étudiants.

                L’histoire contemporaine explique de tels bouleversements. De fait, l’Algérie a fait de la révolution le grand mythe politique national, qu’elle soit française et républicaine, nationaliste et socialiste, ou théocratique et islamiste. Les Algériens, confrontés à une histoire douloureuse faite de longues guerres – guerre de conquête imposée par le colonisateur au xixe siècle, guerre de décolonisation imposée au colonisateur par les nationalistes algériens, puis guerre civile imposée par les islamistes au régime militaire –, sont devenus un peuple très politique. De ces épisodes, le pays s’est relevé, mais au prix de profonds stigmates : une culture de la violence souvent extrême ; une militarisation accrue de l’État ; la perte des élites en pointe dans la guerre ou les combats politiques, défaites les armes à la main ou chassées du pays.

                De la grande nation « arabe », dont la capitale était considérée comme la « Mecque des révolutionnaires », que reste-t-il en ce début de xxie siècle ? Le président Abdelaziz Bouteflika (1999-2019), pour mettre fin au cercle vicieux des violences politiques, a tenté de ranimer la mystique[...]

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                Écrit par

                • : professeur émérite à l'université de Paris-XII-Val-de-Marne
                • : directeur de recherche en géographie, professeur à l'Université de Cergy-Pontoise
                • : professeur émérite des Universités
                • : professeur des Universités, université Paris-I- Panthéon-Sorbonne
                • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

                Classification

                Pour citer cet article

                Charles-Robert AGERON, Universalis, Sid-Ahmed SOUIAH, Benjamin STORA et Pierre VERMEREN. ALGÉRIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

                Médias

                Chadli Bendjedid - crédits : Patrick Robert/ Sygma/ Getty Images

                Chadli Bendjedid

                Liamine Zeroual - crédits : Jean-Michel Turpin/ Gamma-Rapho/ Getty Images

                Liamine Zeroual

                Houari Boumediene - crédits : Michel Laurent/ Gamma-Rapho/ Getty Images

                Houari Boumediene

                Autres références

                • ALGÉRIE, chronologie contemporaine

                  • Écrit par Universalis
                • ABBAS FERHAT, ou ‘ABBĀS FARḤĀT (1899-1985)

                  • Écrit par Claude LEFORT
                  • 456 mots
                  • 1 média

                  Fils d'un fonctionnaire de l'administration coloniale, Ferhat Abbas reçoit une éducation française puis devient pharmacien à Sétif. Élu au conseil municipal de cette ville, il l'est ensuite au conseil général de Constantine. Il est alors partisan de l'assimilation de « l'élément...

                • ABD EL-KADER (1808-1883)

                  • Écrit par Charles-Robert AGERON
                  • 1 384 mots
                  • 1 média

                  Proclamé « sultan des Arabes » par quelques tribus de l'Oranie le 22 novembre 1832, Abd el-Kader s'imposa par une victoire sur les milices de l'ancien bey turc et mena avec bravoure, pendant quinze ans, la guerre sainte contre les Français. Jusqu'en 1838, toutefois, ceux-ci l'aidèrent à asseoir sa souveraineté...

                • AFRICAINS CINÉMAS

                  • Écrit par Jean-Louis COMOLLI
                  • 1 131 mots

                  L'histoire des cinémas africains se sépare difficilement de celle de la décolonisation. Il y eut d'abord des films de Blancs tournés en Afrique. Puis, à partir des années soixante, les nouveaux États africains ont été confrontés au problème de savoir quel rôle, quelle orientation, quels...

                • AFRIQUE (Histoire) - Les décolonisations

                  • Écrit par Marc MICHEL
                  • 12 424 mots
                  • 24 médias
                  Ce qui fut dénommé d'abord les « événements » d'Algérie, car on ne voulait pas leur reconnaître le caractère d'une guerre, avait commencé, le 1er novembre 1954, par une série d'attentats qui n'avaient effectivement pas l'envergure d'un véritable soulèvement populaire. Ils...
                • Afficher les 96 références

                Voir aussi