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HAÏTI SÉISME D' (2010)

Séisme d’Haïti (2010) - crédits : David Snyder/ ZUMA Press/ Alamy/ hemis.fr

Séisme d’Haïti (2010)

Le 12 janvier 2010, une catastrophe sismique majeure a frappé la région de Port-au-Prince, dans le sud de Haïti. Le nombre de victimes est très élevé (au moins 220 000), cela malgré une magnitude (Mw) sur l'échelle de Richter assez courante : Mw = 7 ; de quinze à vingt séismes atteignent cette valeur chaque année.

Le séisme s'est produit à la frontière des plaques tectoniques Caraïbe et Amérique du Nord. À travers l'île d'Hispaniola, le déplacement relatif entre ces plaques de 2 cm/an est absorbé par plusieurs failles dont deux décrochements principaux : la faille septentrionale au nord, et la faille d'Enriquillo à travers le sud-ouest de Haïti. D'après les mesures géodésiques, chacun de ces décrochements aurait une vitesse de 7 à 8 mm/an. Les données historiques de sismicité montrent que la faille d'Enriquillo n'avait pas rompu depuis une séquence de trois événements destructeurs au xviiie siècle.

Séisme d'Haïti, 2010 - crédits : R. Lacassin/ IPGP-CNRS

Séisme d'Haïti, 2010

En 2010, c'est à nouveau un segment de cette faille qui a cassé : les mesures de sismicité et de déformation suggèrent une rupture sismique longue d'environ 50 kilomètres. Mal exprimée en surface, la rupture s'est produite entre 2 et 15 kilomètres de profondeur et le segment de faille au sud-est de Port-au-Prince n'a pas rompu. Il s'agit donc d'un séisme de magnitude relativement commune, ayant cassé une portion limitée d'une grande faille (la longueur à terre de la faille d'Enriquillo est de 300 kilomètres, et elle se continue en mer), mais faisant deux à trois fois plus de victimes que le plus catastrophique des séismes connus de magnitude proche de 7. Les premières raisons en sont un foyer peu profond, proche des agglomérations, et des mécanismes appelés « effets de site » qui ont pu amplifier localement les ondes ou leurs conséquences. Ce contexte rappelle le séisme de Kōbe au Japon de magnitude 6,8 en 1995, qui fit 6 400 victimes. Ces séismes montrent que les ruptures sismiques les plus dangereuses sont souvent celles qui sont produites par des failles d'ampleur limitée mais proches des villes. Mais c'est probablement l'état économique et l'histoire chaotique de Haïti qui sont les principaux responsables de l'ampleur du désastre. Les expertises sur le bâti montrent que l'essentiel des constructions étaient inadaptées pour résister aux secousses sismiques. En cela, la catastrophe de Port-au-Prince révèle la menace qui plane sur plusieurs mégapoles mondiales construites à proximité immédiates de grandes failles, souvent sans respect des normes parasismiques. Comme pour beaucoup de ces villes, le risque menaçant Port-au-Prince était identifié et les géologues haïtiens avaient exprimé leur forte préoccupation.

— Robin LACASSIN

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Écrit par

  • : directeur de recherche au CNRS, Institut de physique du globe de Paris

Classification

Pour citer cet article

Robin LACASSIN. HAÏTI SÉISME D' (2010) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Séisme d’Haïti (2010) - crédits : David Snyder/ ZUMA Press/ Alamy/ hemis.fr

Séisme d’Haïti (2010)

Autres références

  • PRÉVAL RENÉ (1943-2017)

    • Écrit par Universalis, Robert E. MAGUIRE
    • 680 mots

    Homme politique haïtien, René Préval fut président de la République de 1996 à 2001, puis de 2006 à 2011.

    René García Préval est né le 17 janvier 1943 à Port-au-Prince. Il manifeste de l’intérêt pour la profession de son père, l’agronome Claude Préval et, en 1963, il quitte Haïti...

Voir aussi