ÉQUATEUR
Nom officiel | République de l'Équateur |
Chef de l'État et du gouvernement | Daniel Noboa - depuis le 23 novembre 2023 |
Capitale | Quito |
Langue officielle | Espagnol (Le quechua et le shuar sont également des langues officielles pour les Indiens.) |
Population |
17 980 083 habitants
(2023) |
Superficie |
256 370 km²
|
« Vous vous trouvez à la moitié du monde », a proclamé le président populiste Abdalá Bucaram, en 1996, lors de son discours d'investiture. L'Équateur (15,2 millions d'habitants en 2012), en effet, ne doit pas son nom à un passé chargé d'histoire comme la plupart de ses voisins, mais à un repère géographique, la ligne équinoxiale qui le traverse au nord. Une situation géographique devenue source d'orgueil pour ce petit pays. Car l'Équateur fait figure de nain au regard de ses voisins, même si ses 273 560 km2 le placent dans la moyenne européenne. Le Brésil en 1904, la Colombie en 1916 puis le Pérou en 1942 lui ont retiré la majeure partie de son territoire, essentiellement en Amazonie.
L'Équateur tire également sa fierté d'une exceptionnelle diversité naturelle et culturelle. L'orient amazonien, les régions andines, les provinces côtières du Pacifique et l'archipel des Galápagos offrent des contrastes saisissants, qui se reflètent également dans l'économie et la politique. Ceux-ci posent, du reste, la question de la réalité de l'identité nationale équatorienne. À la lumière de l'antagonisme entre côte et Andes, entre Guayaquil, capitale économique, et Quito, capitale politique, la vision régionale tend à l'emporter.
Géographie
Riverain du Pacifique, entre Colombie et Pérou, traversé par la cordillère des Andes et par l'équateur éponyme, c'est le plus petit des États andins (273 560 km2) mais le plus densément peuplé d'Amérique du Sud (55 hab./km2).
Une exceptionnelle diversité géographique
L'extrême diversité des milieux de ce territoire restreint tient à son appartenance à plusieurs grands domaines de la biosphère : l'aire andine où l'étagement en altitude se combine avec la transition entre montagnes tropicales sèches et équatoriales humides ; le bassin amazonien ; la côte du Pacifique où l'on passe, en 300 kilomètres du sud au nord, du semi-désert à la forêt dense. L'ampleur et le resserrement en latitude de ces transitions écologiques sont en relation avec la convergence, au large du golfe de Guayaquil, du courant froid de Humboldt et du courant chaud nord-équatorial. Avec, pour corollaire, un régime d'oscillation climatique périodique, qui se manifeste par le phénomène d'El Niño aux conséquences parfois désastreuses (pluies torrentielles et inondations qui peuvent succéder à des phases de forte sécheresse).
Le pays s'organise en quatre grandes unités paysagères.
Les Andes équatoriennes ou Sierra (environ 100 000 km2, 42 % de la population) sont étroites d'une centaine de kilomètres. Les bassins internes, densément peuplés, sont encadrés par deux cordillères dont les hautes terres, couvertes de páramos (formation végétale humide située à plus de 3 500 mètres d'altitude), sont dominées, au nord, par une trentaine de volcans, les plus élevés couverts de glaciers, le Chimborazo (6 310 m), le Cayambe, et plusieurs en activité, le Cotopaxi (5 897 m), le Tungurahua ou le Pichincha dominant Quito, la capitale.
L' Amazonie ou Oriente (environ 85 000 km2, 5 % de la population), drainée par le Napo, le Pastaza et le Santiago, est couverte de forêts primaires, diminuées par des fronts pionniers en lisière andine.
La Côte ou Costa (environ 80 000 km2, 53 % de la population), est constituée de plaines (bassin du Guayas) et de collines tropicales qui sont polarisées par Guayaquil, port et métropole économique du pays.
Enfin, l'archipel des Galápagos (8 010 km2, 26 600 hab. en 2012), à 900 km à l'ouest de la côte, est un point chaud de l'écorce terrestre (volcanisme sous-marin émergé) et un laboratoire de l'évolution des espèces, unique au monde et déclaré patrimoine de l'humanité par l'UNESCO en 1978.
De forts clivages sociaux et ethniques
Les Équatoriens qui étaient 1,4 million vers 1900 et 3,2 millions en 1950, sont 15,2 millions en 2012. Ils sont aussi plus d'un million à avoir émigré, dont 600 000 aux États-Unis (New York, Los Angeles) et plus de 200 000 en Union européenne (Espagne surtout), au Japon ou en Israël ; les envois de devises représentent environ 10 % du PIB (en baisse avec la crise économique mondiale de 2008), juste après l'exportation de pétrole. La population est jeune : 70 % a moins de 35 ans et 30 % moins de 15 ans. Urbanisé à 67 % (en 2010), le pays dispose d'un réseau de villes équilibré, organisé autour des métropoles de Quito, capitale andine de 1,8 million d'habitants (2009), et de Guayaquil, centre économique majeur (2,6 millions d'habitants), avec une douzaine de villes de 100 000 habitants ou plus (dont cinq dans les Andes).
Le pays est profondément inégalitaire : plus du tiers des Équatoriens vivent au-dessous du seuil de pauvreté, dont 14 % d'indigents, vivant avec moins d'1 dollar par jour, alors que 20 % des habitants disposent de 62 % du revenu national (52 % en 1990) ; plus de la moitié de la population active est sous-employée et plus de 10 % au chômage. L'accès à l'emploi et l'accès des paysans pauvres à la terre ou à l'eau restent des problèmes majeurs, en particulier dans les Andes où les campagnes de huit provinces sur dix comptent plus de 80 % de pauvres (vivant avec moins de deux dollars par jour). De ces provinces sont partis les trois quarts des émigrés.
En réponse à la question d'auto-identification ethnique du recensement de 2010, les Équatoriens se répartissent en 72 % de métis, 6 % de Blancs, 7,2 % de Noirs et mulâtres, et seulement 7 % d'Indiens ; mais une partie des Métis est très proche des cultures indiennes. La Confédération des nationalités indigènes d'Équateur (Conaie), entre autres, estime à un tiers de la population du pays le poids de douze nations ethniques : Quechua des Andes (la plus nombreuse), huit nations en Amazonie (dont Quechua, Shuar, Waorani, Achuar), quatre sur la côte. Depuis les années 1980, l'irruption dans la vie politique des acteurs indigènes longtemps marginalisés rappelle que l'intégration légitime des Indiens dans un État véritablement « multiculturel et multiethnique » (tel que le stipule la Constitution de 1998) reste à faire.
L'économie dominée par quelques produits d'exportation
Un secteur agricole contrasté
L'agriculture, qui était un secteur important de l'économie, est en perte de vitesse avec seulement 6,8 % du PIB en 2012 (contre 17 % en 2001). Elle emploie toujours 30 % de la population active, mais dans beaucoup de ménages ruraux, dont les revenus sont insuffisants pour couvrir les besoins de base, la pluriactivité est de mise. La répartition de la propriété est toujours contrastée : le minifundio est omniprésent, notamment dans les Andes indiennes (exploitations inférieures à 1 ha), sur la côte ou en Amazonie à un moindre degré ; et, partout, les moyennes ou grandes propriétés (jusqu'à des milliers d'hectares), pour beaucoup héritières de l'ancien latifundio, sont souvent technicisées et très productives. Montagneux et forestier, le pays a une surface agricole utile de 80 000 km2 (60 % en pâturages) ; la diversité des milieux y favorise un large éventail de productions pour l'exportation, le marché intérieur ou l'autoconsommation.
Dans les Andes, grandes et moyennes exploitations sont vouées à l'élevage (industrie de produits laitiers), à la pomme de terre et aux céréales (blé, orge). Les distances réduites et l'accessibilité stimulent une petite paysannerie qui produit du maïs, des produits maraîchers (oignon, tomate) ou des fruits pour les marchés urbains. En périphérie des bassins, sur des versants plus accidentés et sujets à érosion, des communautés indigènes pratiquent une agriculture de subsistance (tubercules, quinoa, fèves, petit cheptel). Favorisée par le climat équatorial d'altitude et la proximité de l'aéroport international de Quito, une production sous serre de fleurs coupées s'est développée à partir de 1995 (les roses, expédiées surtout aux États-Unis, représentent 6 % des exportations).
La côte, premier exportateur mondial de cacao dans les années 1890-1920, maintient une récolte de 80 000 tonnes de fèves (8e rang mondial), en misant sur la qualité, comme pour le café. Les bananeraies couvrent 170 000 hectares (petites plantations surtout), emploie un Équatorien sur dix et fournissent 2,5 millions de tonnes de fruits à l'exportation (1er rang mondial et 20 % des exportations). Rizières, plantations de canne à sucre et d'oléagineux (palme africaine) et ranches d'élevage (viande) produisent pour le marché intérieur et l'industrie alimentaire, complétant la palette d'une riche région agricole.
Le poids du secteur pétrolier
Le pétrole représente plus de 60 % de la valeur des exportations et fournit 40 % des recettes fiscales de l'État. Au 4e rang en Amérique latine pour les réserves prouvées, le pays produisait 550 000 barils de brut par jour en 2011. D'abord exploité sur la côte, au début du xxe siècle, il est extrait en Amazonie depuis les années 1970 (gisements de Lago Ágrio). La production a doublé depuis qu'un oléoduc privé (2003), qui a augmenté la capacité d'évacuation de brut vers le terminal pacifique de Balao-Esmeraldas, complète l'oléoduc public. Stratégique dans l'économie équatorienne, l'industrie pétrolière doit relever plusieurs défis : moderniser l'entreprise nationale Petroecuador, ce qui implique de lourds investissements, et traiter les conflits écologiques ou de protection de l'environnement sur 50 000 kilomètres carrés d'Amazonie, répartis entre périmètres des concessions, fronts pionniers, terres des communautés natives et parcs naturels (17 000 km2 d'aires protégées).
Amorces de diversification
Favorisée par la richesse des eaux littorales (dans la limite des 200 milles nautiques que l'Équateur revendique comme zone maritime économique exclusive), la pêche, qui représente 8 % des exportations, stimule une industrie de la conserverie (exportation de thon) et dynamise le port de Manta. L'aquaculture du delta du Guayas, étendue au détriment des mangroves littorales,a fait du pays le premier exportateur de crevettes au monde, mais l'équilibre de l'activité est fragile (problèmes sanitaires et écologiques, concurrence de l'Asie).
Encore très modeste (18,8 % de la population active en 2010), le secteur industriel, qui fournit biens intermédiaires (chimie, pharmacie, édition) et produits de consommation (alimentaire, textile, mobilier) est concentré à Guayaquil et Quito ; mais dans les Andes, d'Ibarra à Ambato, la route Panaméricaine structure un corridor d'activités, industrielles ou artisanales, essaimées à proximité des villes.
Tirant parti du potentiel patrimonial local, écologique, ethnique, historique – dans les Andes surtout –, le tourisme se développe : alpinisme, randonnées de découverte de la nature et des populations locales (artisanat), et séjours en haciendas réhabilitées en hôtellerie pour clientèle aisée (nationale ou internationale). Aux îles Galápagos, qui reçoivent un flux croissant de visiteurs, pourtant théoriquement limité à 80 000 par an (les bateaux de croisière représentent 90 % de l'activité), s'affrontent les intérêts contradictoires de la conservation de la nature, des besoins légitimes des habitants et de l'économie touristique.
L'économie du pays reste très dépendante de l'exportation d'un petit nombre de produits concurrencés, et dominée par le poids du partenariat commercial des États-Unis, bien que la Chine prenne de plus en plus d'importance. L'abandon de la monnaie nationale pour le dollar, en 2000, en réduisant la compétitivité des entreprises locales, a accru sa fragilité.
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Écrit par
- Jean-Paul DELER : agrégé de géographie, docteur d'État ès lettres et sciences humaines, directeur de recherche au C.N.R.S.
- Yves HARDY : journaliste
- Catherine LAMOUR
: journaliste au journal
Le Monde - Emmanuelle SINARDET : maître de conférences habilité, professeur à l'université de Paris Ouest Nanterre La Défense
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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