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IMMUNITÉ, biologie

Immunocytes

L'immunité non spécifique est assurée par différentes cellules : phagocytes (monocytes-macrophages, polynucléaires neutrophiles), cellules cytotoxiques et cellules productrices de médiateurs de l'inflammation (ex. : mastocytes, plaquettes, monocytes-macrophages). L'immunité spécifique est due aux seuls lymphocytes, qui sont les seules cellules de l'organisme comportant des structures reconnaissant les déterminants antigéniques : par leurs unités de reconnaissance, ou récepteurs, les lymphocytes vont assurer l'adaptation spécifique de la réponse immunitaire aux stimulations antigéniques. Ainsi, un sujet vacciné contre le tétanos sera protégé contre cette seule maladie, ce qui implique que ses lymphocytes sont capables de reconnaître les déterminants de la toxine tétanique parmi les milliers d'autres antigènes dans la nature.

C'est pourquoi les lymphocytes peuvent être encore appelés immunocytes.

Historique

Le rôle fondamental des lymphocytes dans les réactions immunitaires a été établi par deux séries d'expériences. Merril Chase, pendant la Seconde Guerre mondiale, étudiait avec Karl Landsteiner à l'institut Rockefeller les mécanismes de l'hypersensibilité induite par application cutanée de substances chimiques simples, comme le chlorure de pycrile, chez le cobaye. Les animaux exposés une première fois à ces substances présentaient lors d'un deuxième contact une réaction allergique locale, spécifique vis-à-vis de l'allergène. Afin d'identifier le support de cette allergie, Merril Chase cherche à transmettre cette réponse spécifique à des cobayes non préalablement exposés à l'allergène. Il constate que ce transfert ne peut pas être réalisé à l'aide du sérum contenant des anticorps, mais seulement avec des lymphocytes vivants, extraits de la rate, des ganglions lymphatiques ou de la cavité péritonéale du donneur sensibilisé vis-à-vis de l'allergène. Ces expériences de « transfert adoptif » permettent de définir un ensemble de réactions d'immunité ou d'hypersensibilité à médiation cellulaire et de les distinguer des autres formes d'immunité dues à la mise en jeu des anticorps du sérum, c'est-à-dire de l'immunité humorale. La deuxième série d'expériences démontrant le rôle essentiel des lymphocytes dans l'immunité est due à James Gowans, professeur de physiologie à Oxford. En étudiant la circulation lymphatique chez le rat, Gowans réalisa en 1959 des canulations du canal thoracique permettant d'obtenir des suspensions très pures de lymphocytes circulants. Il démontra que ces lymphocytes, injectés chez un receveur dont le système immunitaire avait été détruit par irradiation, suffisaient à reconstituer chez ce dernier la plupart des phénomènes immunitaires : production d'anticorps et mémoire immunologique, rejet des allogreffes, hypersensibilité retardée et réactions du greffon contre l'hôte (cf. greffes). Dès lors, le lymphocyte pouvait être considéré comme la pierre angulaire du système immunitaire. Cependant, en découvrant la multiplicité des fonctions des lymphocytes et en constatant l'extraordinaire diversité des structures moléculaires susceptibles d'être identifiées par ces cellules, on était conduit à s'interroger sur leur degré de spécialisation : l'expérience montra rapidement qu'un seul lymphocyte ne reconnaît qu'un seul déterminant antigénique et qu'il est programmé pour une fonction régulatrice ou effectrice. Le singulier mythique du lymphocyte cellule-orchestre doit faire place au pluriel des lymphocytes, ensemble de cellules très diversifiées dans leurs propriétés. Cette diversité apparaît lors de la différenciation des lymphocytes à partir de cellules souches, au cours du développement, et chez l'adulte.[...]

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Écrit par

  • : membre titulaire de l'Académie nationale de pharmacie, professeur honoraire à l'Institut Pasteur, Paris, directeur de recherche honoraire au C.N.R.S., professeur à l'Institut Pasteur de Lille
  • : professeur à la faculté des sciences de Luminy, université d'Aix-Marseille-II
  • : docteur ès sciences, chargée de recherche à l'I.N.S.E.R.M. (U 80)
  • : professeur d'immunologie à l'université de Lyon-I-Claude-Bernard

Classification

Pour citer cet article

Joseph ALOUF, Michel FOUGEREAU, Dominique KAISERLIAN-NICOLAS et Jean-Pierre REVILLARD. IMMUNITÉ, biologie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Système immunitaire - crédits : Planeta Actimedia S.A.© Encyclopædia Universalis France pour la version française.

Système immunitaire

Immunoglobuline IgG1 humaine : modèle linéaire - crédits : Encyclopædia Universalis France

Immunoglobuline IgG1 humaine : modèle linéaire

Immunoglobuline IgG1 humaine : représentation tridimensionnelle - crédits : Encyclopædia Universalis France

Immunoglobuline IgG1 humaine : représentation tridimensionnelle

Autres références

  • SYSTÈME IMMUNITAIRE (ORIGINES DU)

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 2 008 mots

    Dans le monde animal, tous les organismes multicellulaires, y compris l'homme, possèdent la capacité de se défendre contre les bactéries et les virus pathogènes. Pour ce faire, l'animal doit reconnaître l'« étranger », sans le confondre avec les cellules de son propre corps, puis l'éliminer...

  • ALLERGIE & HYPERSENSIBILITÉ

    • Écrit par Bernard HALPERN, Georges HALPERN, Salah MECHERI, Jean-Pierre REVILLARD
    • 12 574 mots
    • 2 médias
    ...le B.C.G. ou à un convalescent d'infection tuberculeuse déterminera une lésion tissulaire inflammatoire intense pouvant aller jusqu'à la nécrose. Il apparaît ainsi qu'uneimmunité accrue contre l'infection tuberculeuse a, comme corollaire, une augmentation de la sensibilité à la tuberculoprotéine.
  • ANTICORPS ET IMMUNITÉ HUMORALE

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 202 mots

    En 1888, à Paris, Émile Roux et Alexandre Yersin démontraient que le pouvoir pathogène du bacille diphtérique était dû à une toxine plutôt qu'à la bactérie elle-même. Cette observation fut rapidement étendue au cas du tétanos. Il fallut deux ans à Emil Von Behring à Berlin...

  • ANTIGÈNES

    • Écrit par Joseph ALOUF
    • 7 382 mots
    • 5 médias

    Dans son acception la plus générale, le terme antigène désigne toute espèce moléculaire d'origine biologique ou synthétique qui, au contact de cellules appropriées du système immunitaire d'un organisme animal donné, appelé hôte ou receveur, est reconnue par ces cellules et provoque un processus...

  • CALENDRIER VACCINAL

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 2 597 mots
    • 1 média
    Le bloc vaccinal obligatoire a pour but d’assurer une immunité solide des enfants jusqu’à l’entrée à l’école primaire et sans doute bien au-delà, même si la durée de l’immunité acquise varie d’un sujet à un autre. La pratique des rappels, tout comme celle de la primovaccination chez des sujets adultes...
  • Afficher les 33 références

Voir aussi