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VIRUS

Le terme « virus » signifie poison en latin ; la notion est donc ancienne. Mais elle est restée sans contenu précis jusqu'à Pasteur. C'est avec la découverte d'agents à l'origine des infections, et l'observation au microscope des bactéries et des protozoaires, que l'on a pu envisager, par extension, que les maladies virales, définies alors comme infections non bactériennes et non parasitaires, étaient dues à des agents microbiens à identifier, les virus. Lorsque Pasteur parlait à juste titre du virus de la rage, par exemple, il ne désignait encore par là que le seul fait observable à l'époque : les effets pathologiques sur les organismes qu'exerçaient des agents encore invisibles.

C'est grâce à la microscopie électronique, conçue en 1938 et développée après la guerre, que l'observation des agents viraux est devenue possible (techniques d'ombrage : Williams et Wyckoff, 1945 ; contraste négatif : Brenner et Horne, 1959). Leur étude directe ayant ainsi pu débuter dans les années 1950, le terme « virions » a alors été introduit par André Lwoff pour désigner les particules virales et les distinguer de leurs effets pathologiques. Simultanément, les techniques d'implantation virale sur cultures cellulaires ont été améliorées, ce qui a notamment permis le développement de vaccins antiviraux.

À partir des années 1970, l'étude des virus a largement bénéficié de l'essor de la biologie moléculaire, développée notamment dans le cadre de programmes gouvernementaux américains contre le cancer qui, s'ils ont échoué sur l'objectif thérapeutique, ont permis des découvertes importantes en virologie fondamentale, par exemple celle des oncogènes viraux, en même temps qu'ils ont défini la forme institutionnelle imposante qui est devenue la norme pour la recherche en biologie. Enfin, depuis le début des années 1980, marquées par l'apparition du sida (syndrome d'immunodéficience acquise) et la découverte de son agent, le VIH (virus de l'immunodéficience humaine par J. C. Chermann, F. Barré-Sinoussi, F. Rey, L. Montagnier, 1983 et 1984), la virologie a commencé l'analyse moléculaire systématique du cycle viral et, par ailleurs, considérablement développé ses outils de détection des virus et d'analyse épidémiologique.

Luc Montagnier - crédits : E. Feferberg/ AFP

Luc Montagnier

Virus - crédits : Planeta Actimedia S.A.© Encyclopædia Universalis France pour la version française.

Virus

Notion de virus

Les virus sont les agents d'un grand nombre de maladies, des plus bénignes aux plus graves, affectant tous les êtres vivants multicellulaires, qu'il s'agisse de l'homme (virus de la grippe, des hépatites, de la poliomyélite, de la rage, de la fièvre jaune, etc.), des animaux vertébrés (virus de la peste bovine, porcine, aviaire, de la fièvre aphteuse, etc.) ou des animaux invertébrés (virus de la grasserie du ver à soie, virus sigma de la drosophile, etc.), ou encore des végétaux (virus de la mosaïque du tabac, etc.). Les êtres unicellulaires sont également infectés par des virus, appelés phages chez les bactéries (bactériophages lambda, virus kappa des paramécies).

Au total, plusieurs milliers de virus sont recensés. Chacun est spécifique d'une espèce vivante, dite espèce hôte, ou de quelques espèces phylogénétiquement très proches. Mais tous les virus ont en commun de dépendre entièrement de l'espèce qu'ils infectent pour l'accomplissement de leur propre cycle de vie. En dehors de l'hôte, un virus est une particule inerte, le virion, qui ne possède ni métabolisme propre, ni capacité de réplication, ni par conséquent de possibilité d'activité autonome.

Dès 1953, André Lwoff proposait une définition des virus en quatre points :

–  Un virion ne renferme ni cytoplasme ni noyau, mais associe un acide nucléique et des protéines en une structure définie et constante, qui possède des éléments de symétrie.

– Un virion ne renferme[...]

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Pour citer cet article

Vincent BARGOIN. VIRUS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Virus - crédits : Planeta Actimedia S.A.© Encyclopædia Universalis France pour la version française.

Virus

Luc Montagnier - crédits : E. Feferberg/ AFP

Luc Montagnier

Virion VIH - crédits : Encyclopædia Universalis France

Virion VIH

Autres références

  • VIRUS ET VIROLOGIE - (repères chronologiques)

    • Écrit par Universalis, Didier LAVERGNE
    • 547 mots

    Jusque vers 1890 Le terme virus (du latin virus, poison) désigne tout agent responsable d’une maladie infectieuse.

    1892 Travaillant sur la maladie mosaïque du tabac, Dimitri Ivanovski démontre que son agent responsable peut passer au travers des filtres de porcelaine poreuse, alors que les bactéries...

  • ADÉNOVIRUS

    • Écrit par François DENIS
    • 2 398 mots
    • 1 média

    Ces virus, découverts en 1953 par W. P. Rowe, avaient été initialement isolés à partir de tissus adénoïdiens (amygdales), d'où le nom d'adénovirus. Même si les adénovirus constituent des modèles d'étude de transformation cellulaire et de cancérisation chez les rongeurs, ils ne peuvent à ce jour être...

  • ALIMENTATION (Aliments) - Risques alimentaires

    • Écrit par Jean-Pierre RUASSE
    • 4 757 mots
    • 1 média
    ...: ascaris, ténias, douves, trichines dont la présence dans certains aliments nécessite un dépistage préventif systématique. Quant aux éléments microbiens et viraux, ils peuvent rendre l'aliment dangereux par trois mécanismes essentiels : la prolifération, la toxinogenèse et l'induction toxique.
  • ANTHROPOLOGIE DES ZOONOSES

    • Écrit par Frédéric KECK, Christos LYNTERIS
    • 3 954 mots
    • 4 médias
    ...humains de nouveaux pathogènes contre lesquels les antibiotiques et les vaccins disponibles sont inefficaces. On explique ainsi la létalité de certains virus zoonotiques, comme les virus de grippe aviaire ou les coronavirus de pneumonie atypique issus des chauves-souris (comme celui qui cause la Covid-19)...
  • ANTIBIOTIQUES

    • Écrit par Aurélie CHABAUD, Sylvain MEYER, Marie-Cécile PLOY
    • 6 760 mots
    • 6 médias
    Les antiseptiques sont des préparations ayant la propriété́ d'éliminer, de tuer les micro-organismes ou d'inactiver les virus sur des tissus vivants (peau saine, muqueuses, plaies). Ils présentent une activité antibactérienne, antifongique, antivirale locale (AFNOR, 1981 ; Pharmacopée française,...
  • Afficher les 141 références

Voir aussi