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YERSIN ALEXANDRE (1863-1943)

Alexandre Yersin - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Alexandre Yersin

Né à Lavaux, lycéen à Lausanne, Alexandre Yersin fait à Marburg en 1884 sa première année d'études médicales, qu'il préfère poursuivre à Paris. En 1885, il entre à l'Hôtel-Dieu dans le service de Cornil, puis devient en 1887 externe à l'hôpital des Enfants-Malades et soutient en 1888 sa thèse sur le développement du tubercule expérimental, devenu classique sous le nom de « tuberculose type Yersin ». En 1889, il est naturalisé français.

Le service de Cornil, à l'Hôtel-Dieu, hospitalisait les malades atteints de la rage et venus de nombreux pays d'Europe recevoir le traitement antirabique de Pasteur, encore installé rue d'Ulm. En 1886, Yersin, passionné par la microbiologie, rencontre Pasteur et Roux, et, tout en continuant ses études, il travaille bénévolement au laboratoire de la rue d'Ulm, puis dans le nouvel Institut Pasteur inauguré en 1888. Effrayé par les ravages de la diphtérie dans le service de Grancher aux Enfants-Malades, il parvient à convaincre Roux, qui étudiait alors le bacille de Koch, de s'attaquer au redoutable « croup » ; ils mettent ainsi en évidence la toxine diphtérique, à partir de laquelle Roux et Behring prépareront le sérum antidiphtérique. En 1889, il est engagé par Roux comme préparateur et participe à l'enseignement du cours de microbiologie. L'année suivante, fasciné par la mer, il quitte l'Institut Pasteur et s'engage comme médecin des Messageries maritimes sur les lignes Saigon-Manille, puis Saigon-Haiphong. Il entreprend bientôt l'exploration de l'Annam, peu ou pas connu des Français, après s'être initié à l'astronomie, à la météorologie, à la physique, à la photographie. Il établit des rapports, illustrés de cartes, de plans et de photos, qui sont les premiers documents sur certaines de ces régions. À son retour, il indique le tracé de plusieurs grandes voies de communication (dont certaines seront ouvertes sous sa direction), précise l'emplacement des sources du Dong Nai et découvre un plateau aéré et sain dans la montagne du Lang Bian ; lorsqu'en 1897 le gouverneur général Doumer souhaitera créer une station climatique avec un sanatorium d'altitude, Yersin lui désignera ce plateau, où s'élève maintenant la ville de Dalat.

En 1892, il quitte les Messageries maritimes, devient médecin du Service de santé colonial et renoue avec les pasteuriens. En 1894, le gouvernement français l'envoie étudier l'épidémie de peste bubonique qui vient d'éclater en Chine, et, seul, il découvre à Hong Kong, le 20 juin 1894, le bacille responsable de la maladie, qui porte aujourd'hui son nom : Yersinia pestis. Revenu à Paris, il met au point avec Calmette et Borrel la sérothérapie antipesteuse.

Yersin fonde un laboratoire à Nha Trang, sur la côte d'Annam, et s'intéresse aux maladies régnantes et aux épizooties qui frappent le cheptel annamite. Il prépare vaccins et sérums contre la peste humaine, la peste bovine, étudie le tétanos, le choléra, la variole... Pour financer ce laboratoire, il entreprend la culture du maïs, du riz et du café, et finalement il introduit et acclimate l'hévéa (Hevea brasiliensis), dont la culture s'étendra et fera la fortune du pays jusqu'à ce que le caoutchouc synthétique lui fasse concurrence, après la Première Guerre mondiale. Durant cette guerre, l'Indochine n'ayant pu recevoir la quinine nécessaire au traitement de ses nombreux paludéens, Yersin décide, en 1920, d'introduire et d'acclimater le quinquina (Cinchona ledgeriana) ; il y réussit en 1923, et dès lors l'Indochine produira sa propre quinine.

En 1903-1904, il fonde à Hanoi l'École de médecine, puis regagne Nha Trang, où il demeurera jusqu'à sa mort, ne quittant sa maison surmontée d'un observatoire astronomique et son laboratoire,[...]

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Pour citer cet article

Jacqueline BROSSOLLET. YERSIN ALEXANDRE (1863-1943) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Alexandre Yersin - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Alexandre Yersin

Autres références

  • DIPHTÉRIE

    • Écrit par Henri-Hubert MOLLARET
    • 1 848 mots
    • 1 média
    ...maligne de la maladie. Le bacille responsable, observé par Klebs en 1883, est isolé, cultivé et étudié par Lœffler l'année suivante. En 1888, Roux et Yersin montrent que l'infection du seul filtrat de culture entraîne la paralysie. En 1894, Roux et ses collaborateurs mettent au point la sérothérapie...
  • PESTE

    • Écrit par Universalis, Henri-Hubert MOLLARET
    • 2 734 mots
    • 7 médias
    La troisième pandémie débuta avec le réveil du vieux foyer du Yunnan en Chine du Sud, d’où elle gagna Hong Kong en 1894. C’est là que A. Yersin découvrit, chez le rat comme chez l’homme, le germe responsable dont, quatre ans plus tard, P. L. Simond démontra à Calcutta la transmission par...
  • PESTE NOTION DE

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 2 514 mots
    • 4 médias
    ...la même année une nouvelle édition du dictionnaire de Nysten conserve l'appellation de typhus d'Orient. L'Académie persiste jusqu'à l'édition de 1878. Il faut attendre l'identification par Alexandre Yersin, en 1895 à Hong Kong, de l'agent bactérien responsable de la peste humaine, pour que « peste...
  • ROUX ÉMILE (1853-1933)

    • Écrit par Pierre NICOLLE
    • 570 mots

    Après avoir étudié la médecine à Clermont-Ferrand et à Paris et tenu un poste d'aide de clinique à l'Hôtel-Dieu, Émile Roux s'initie à la pratique médicale auprès des malades, et à la chimie biologique dans le laboratoire de l'hôpital. Collaborateur de Pasteur, le chimiste Émile Duclaux fait appel...

Voir aussi