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IMMUNITÉ, biologie

Typologie et caractéristiques de la réaction immunitaire adaptative

Chez les Vertébrés (poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères), la réaction immunitaire est polymorphe. Elle englobe deux processus physiologiques très différents : la réponse immunitaire et la tolérance immunitaire.

La réponse immunitaire

La réponse immunitaire est elle-même dichotomique et comprend deux volets distincts : la réponse humorale et la réponse à médiation cellulaire.

Réponse humorale

Les effecteurs moléculaires de cette réponse sont les anticorps constitués par les immunoglobulines présentes à l'état soluble dans le plasma et la plupart des autres liquides biologiques de l'organisme, y compris le colostrum et le lait. Les anticorps sont synthétisés et sécrétés souvent en quantités élevées, voire massives, par les plasmocytes, qui peuvent produire jusqu'à 2 000 molécules par cellule. Les plasmocytes dérivent de la division cellulaire et de la différenciation des clones de lymphocytes B activés par l'interaction des épitopes de l'antigène microbien avec les récepteurs immunoglobuliniques spécifiques (de ces épitopes) présents à la surface de ces cellules.

L'anticorps produit par un clone de lymphocyte B est appelé monoclonal. Étant donné la nature multiépitopique des antigènes, un même antigène induira la production de plusieurs anticorps différents, chaque type étant spécifique d'un épitope. Pour cette raison, la réponse à un antigène sera qualifiée de polyclonale. Il en découle que les anticorps spécifiques d'un antigène donné présents dans un immunsérum (sérum provenant d'un individu immunisé avec l'antigène) seront constitués par un nombre (souvent indéterminé) d'immunoglobulines variées et hétérogènes, certes toutes spécifiques de l'antigène mais différant par leurs spécificités individuelles vis-à-vis de chacun des différents épitopes et par de nombreuses autres caractéristiques structurales (isotypes, idiotypes) ou thermodynamiques (affinité). Pour cette raison, la réponse humorale à un antigène est qualifiée de « dégénérée ».

L'immunité humorale, contrairement à l'immunité à médiation cellulaire, peut être transférée passivement d'un individu immunisé contre un antigène donné à un individu non immun par injection de l'immunsérum (ou des Ig purifiées) du premier au second. Cette propriété constitue le fondement de la sérothérapie (par exemple, dans le cas du tétanos ou contre des virus). Les deux types d'immunité diffèrent également par le fait que, en raison de leur diffusibilité dans l'ensemble de l'organisme, les anticorps peuvent agir sur leurs cibles loin de leurs sites cellulaires de production.

Reconnaissance des antigènes par les anticorps

Du fait de leur dualité structurale (cf. supra, Immunoglobulines, structure des IgG), les anticorps sont des molécules bifonctionnelles qui assurent d'une part la fonction de reconnaissance spécifique des épitopes et d'autre part des fonctions effectrices, non spécifiques de l'antigène. La reconnaissance de l'épitope s'effectue au niveau de la région variable (domaine V) situé à l'extrémité amino-terminale des chaînes lourde et légère, c'est-à-dire la partie appelée Fab, comportant le « site anticorps » (paratope) propre à chaque molécule d'immunoglobuline, dissemblable d'un anticorps à l'autre et, de ce fait, spécifique d'un épitope donné (ou d'épitopes structuralement apparentés).

L'interaction in vivo (au sein de l'organisme) ou in vitro des anticorps spécifiques d'un antigène se traduit par la formation de complexes immuns macromoléculaires constitués par l'antigène et les immunoglobulines qui se sont combinées aux différents épitopes de l'antigène. Cette[...]

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Écrit par

  • : membre titulaire de l'Académie nationale de pharmacie, professeur honoraire à l'Institut Pasteur, Paris, directeur de recherche honoraire au C.N.R.S., professeur à l'Institut Pasteur de Lille
  • : professeur à la faculté des sciences de Luminy, université d'Aix-Marseille-II
  • : docteur ès sciences, chargée de recherche à l'I.N.S.E.R.M. (U 80)
  • : professeur d'immunologie à l'université de Lyon-I-Claude-Bernard

Classification

Pour citer cet article

Joseph ALOUF, Michel FOUGEREAU, Dominique KAISERLIAN-NICOLAS et Jean-Pierre REVILLARD. IMMUNITÉ, biologie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Système immunitaire - crédits : Planeta Actimedia S.A.© Encyclopædia Universalis France pour la version française.

Système immunitaire

Immunoglobuline IgG1 humaine : modèle linéaire - crédits : Encyclopædia Universalis France

Immunoglobuline IgG1 humaine : modèle linéaire

Immunoglobuline IgG1 humaine : représentation tridimensionnelle - crédits : Encyclopædia Universalis France

Immunoglobuline IgG1 humaine : représentation tridimensionnelle

Autres références

  • SYSTÈME IMMUNITAIRE (ORIGINES DU)

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 2 008 mots

    Dans le monde animal, tous les organismes multicellulaires, y compris l'homme, possèdent la capacité de se défendre contre les bactéries et les virus pathogènes. Pour ce faire, l'animal doit reconnaître l'« étranger », sans le confondre avec les cellules de son propre corps, puis l'éliminer...

  • ALLERGIE & HYPERSENSIBILITÉ

    • Écrit par Bernard HALPERN, Georges HALPERN, Salah MECHERI, Jean-Pierre REVILLARD
    • 12 574 mots
    • 2 médias
    ...le B.C.G. ou à un convalescent d'infection tuberculeuse déterminera une lésion tissulaire inflammatoire intense pouvant aller jusqu'à la nécrose. Il apparaît ainsi qu'uneimmunité accrue contre l'infection tuberculeuse a, comme corollaire, une augmentation de la sensibilité à la tuberculoprotéine.
  • ANTICORPS ET IMMUNITÉ HUMORALE

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 202 mots

    En 1888, à Paris, Émile Roux et Alexandre Yersin démontraient que le pouvoir pathogène du bacille diphtérique était dû à une toxine plutôt qu'à la bactérie elle-même. Cette observation fut rapidement étendue au cas du tétanos. Il fallut deux ans à Emil Von Behring à Berlin...

  • ANTIGÈNES

    • Écrit par Joseph ALOUF
    • 7 382 mots
    • 5 médias

    Dans son acception la plus générale, le terme antigène désigne toute espèce moléculaire d'origine biologique ou synthétique qui, au contact de cellules appropriées du système immunitaire d'un organisme animal donné, appelé hôte ou receveur, est reconnue par ces cellules et provoque un processus...

  • CALENDRIER VACCINAL

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 2 597 mots
    • 1 média
    Le bloc vaccinal obligatoire a pour but d’assurer une immunité solide des enfants jusqu’à l’entrée à l’école primaire et sans doute bien au-delà, même si la durée de l’immunité acquise varie d’un sujet à un autre. La pratique des rappels, tout comme celle de la primovaccination chez des sujets adultes...
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Voir aussi