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IMMUNITÉ, biologie

Le système immunitaire assume l'une des grandes fonctions physiologiques des Vertébrés : l'aptitude à la reconnaissance d'un nombre prodigieux de structures moléculaires distinctes, les antigènes. Un antigène est classiquement réputé « étranger » à l'organisme chez lequel il provoque une réponse immunitaire. D'où la conception selon laquelle le système immunitaire a pour fonction essentielle la distinction du « soi » (les divers constituants de son propre organisme) et du « non-soi ».

Évidentes lorsqu'il s'agit de l'agression de l'organisme humain par une bactérie, les frontières entre soi et non-soi le deviennent moins lorsqu'on évoque les maladies auto-immunes, au cours desquelles le patient s'immunise contre ses propres tissus.

Système immunitaire - crédits : Planeta Actimedia S.A.© Encyclopædia Universalis France pour la version française.

Système immunitaire

Classiquement, lorsqu'un antigène pénètre dans l'organisme, il va stimuler le système immunitaire, qui va répondre de diverses façons, simultanément ou non. La réponse humorale est caractérisée par la production d' anticorps spécifiques, constitués par des immunoglobulines mises en circulation dans les « humeurs » (ce vocable assez désuet reste utilisé, avec une connotation plutôt historique). Ces anticorps sont produits par les lymphocytes B et par des cellules qui en dérivent : les plasmocytes. L'antigène peut aussi stimuler des lymphocytes T, entraînant diverses réponses dites « à médiation cellulaire ». Le rejet des greffes, la réaction à la tuberculine chez un individu sensibilisé par un contact avec le bacille tuberculeux ou vacciné par le B.C.G. constituent des exemples de ces réponses dans lesquelles on ne retrouve pas d'anticorps circulants. Les structures impliquées dans la reconnaissance de l'antigène sont ici des récepteurs des cellules T, molécules transmembranaires, solidement ancrées à la surface des lymphocytes T.

Le système immunitaire comporte en outre d'autres cellules, comme les macrophages, et d'autres molécules, comme le système du complément, qui interviennent dans son fonctionnement, sans toutefois posséder directement le critère de spécificité attaché à la fonction de reconnaissance, lequel reste l'apanage des immunoglobulines et des lymphocytes.

Immunité non spécifique et immunité spécifique constituent deux mécanismes immunitaires apparus successivement au cours de l'évolution des espèces et étroitement intriqués dans les organismes les plus évolués. Ils permettent à un organisme de conserver son individualité et de protéger ses constituants en éliminant ou en neutralisant les substances étrangères et les agents infectieux auxquels il est exposé. L'un et l'autre impliquent au niveau moléculaire une possibilité de discrimination entre les constituants de l'organisme, autrement dit le soi, et les autres molécules, c'est-à-dire le non-soi.

En définitive, qu'elle soit spécifique ou non spécifique, l'immunité fait intervenir des cellules (immunité à médiation cellulaire) et des molécules en solution dans les liquides biologiques (immunité humorale). C'est cet ensemble qui constitue le système immunitaire. Son organisation générale ressemble à la fois à celle du système endocrinien et à celle du système nerveux central : traitement d'un vaste ensemble d'informations, forte intégration et régulation par des médiateurs ou molécules messages, effets de potentialisation et effets d’inhibition déterminant des processus de régulation. Du reste, système immunitaire et système neuro-endocrinien interagissent étroitement entre eux.

Les mécanismes de l'immunité

Reconnaissance du soi

Les processus de reconnaissance et de signalisation biochimique dans l’ensemble du monde vivant reposent sur des interactions entre molécules : liaison d'un disaccharide ou d'un oligosaccharide à une protéine (lectine),[...]

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Écrit par

  • : membre titulaire de l'Académie nationale de pharmacie, professeur honoraire à l'Institut Pasteur, Paris, directeur de recherche honoraire au C.N.R.S., professeur à l'Institut Pasteur de Lille
  • : professeur à la faculté des sciences de Luminy, université d'Aix-Marseille-II
  • : docteur ès sciences, chargée de recherche à l'I.N.S.E.R.M. (U 80)
  • : professeur d'immunologie à l'université de Lyon-I-Claude-Bernard

Classification

Pour citer cet article

Joseph ALOUF, Michel FOUGEREAU, Dominique KAISERLIAN-NICOLAS et Jean-Pierre REVILLARD. IMMUNITÉ, biologie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Système immunitaire - crédits : Planeta Actimedia S.A.© Encyclopædia Universalis France pour la version française.

Système immunitaire

Immunoglobuline IgG1 humaine : modèle linéaire - crédits : Encyclopædia Universalis France

Immunoglobuline IgG1 humaine : modèle linéaire

Immunoglobuline IgG1 humaine : représentation tridimensionnelle - crédits : Encyclopædia Universalis France

Immunoglobuline IgG1 humaine : représentation tridimensionnelle

Autres références

  • SYSTÈME IMMUNITAIRE (ORIGINES DU)

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 2 008 mots

    Dans le monde animal, tous les organismes multicellulaires, y compris l'homme, possèdent la capacité de se défendre contre les bactéries et les virus pathogènes. Pour ce faire, l'animal doit reconnaître l'« étranger », sans le confondre avec les cellules de son propre corps, puis l'éliminer...

  • ALLERGIE & HYPERSENSIBILITÉ

    • Écrit par Bernard HALPERN, Georges HALPERN, Salah MECHERI, Jean-Pierre REVILLARD
    • 12 574 mots
    • 2 médias
    ...le B.C.G. ou à un convalescent d'infection tuberculeuse déterminera une lésion tissulaire inflammatoire intense pouvant aller jusqu'à la nécrose. Il apparaît ainsi qu'uneimmunité accrue contre l'infection tuberculeuse a, comme corollaire, une augmentation de la sensibilité à la tuberculoprotéine.
  • ANTICORPS ET IMMUNITÉ HUMORALE

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 202 mots

    En 1888, à Paris, Émile Roux et Alexandre Yersin démontraient que le pouvoir pathogène du bacille diphtérique était dû à une toxine plutôt qu'à la bactérie elle-même. Cette observation fut rapidement étendue au cas du tétanos. Il fallut deux ans à Emil Von Behring à Berlin...

  • ANTIGÈNES

    • Écrit par Joseph ALOUF
    • 7 382 mots
    • 5 médias

    Dans son acception la plus générale, le terme antigène désigne toute espèce moléculaire d'origine biologique ou synthétique qui, au contact de cellules appropriées du système immunitaire d'un organisme animal donné, appelé hôte ou receveur, est reconnue par ces cellules et provoque un processus...

  • CALENDRIER VACCINAL

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 2 597 mots
    • 1 média
    Le bloc vaccinal obligatoire a pour but d’assurer une immunité solide des enfants jusqu’à l’entrée à l’école primaire et sans doute bien au-delà, même si la durée de l’immunité acquise varie d’un sujet à un autre. La pratique des rappels, tout comme celle de la primovaccination chez des sujets adultes...
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Voir aussi