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PHÉNICIENS

L'activité économique et la colonisation

Agriculture et artisanat

Avant d'être des navigateurs et des commerçants, les Phéniciens furent des paysans soigneux et d'habiles artisans. Leurs petites plaines passaient pour très riches, grâce à l'irrigation et à la régularisation des fleuves. Les céréales et les cultures arbustives étaient essentielles, et la science des Phéniciens passa aux Carthaginois, célèbres auprès des Grecs et des Romains, qui traduisirent leurs ouvrages d'agronomie. L'exploitation des forêts fut la ressource principale, et l'exportation du bois de cèdre, attestée très tôt, dura fort longtemps ; Hiram de Tyr fournit à Salomon des bois pour le temple de Jérusalem. Les artisans travaillaient les étoffes brodées et étaient renommés pour la teinture pourpre tirée du murex, coquillage très répandu sur la côte, dont on faisait macérer la chair pour obtenir un suc violet que de savants traitements faisaient à volonté passer du violet foncé au lilas clair. Citons encore le travail de la céramique (vaisselle de luxe et courante, terres cuites et statuettes), celui des métaux (bronze) et l'orfèvrerie, enfin la verrerie, courante et de luxe, transparente, translucide ou opaque, célèbre dans l'Antiquité et encore exportée à l'époque romaine ; enfin les objets d'ivoire (plaquettes décoratives, coffrets), aux motifs variés, souvent égyptiens.

Marine et commerce

Navire marchand phénicien - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Navire marchand phénicien

L'activité commerciale des Phéniciens n'est pas seulement maritime, car leur côte n'est pas éloignée, grâce aux cols d'où descendent les fleuves côtiers à l'aplomb de Byblos et surtout de Tyr, de la route des caravanes qui, venant de l'Euphrate, gagnaient l'Égypte par la haute Syrie, l'Oronte, la dépression de la Békaa et la Palestine. Les villes s'efforcèrent toujours de s'entendre avec les royaumes araméens de Syrie (Hamat, Damas) où parvenaient, en provenance de l'Orient, les aromates et les pierres précieuses. Les Phéniciens cependant se tournèrent délibérément vers la mer au début du Ier millénaire, durant la période comprise entre la fin de la thalassocratie créto-achéenne et le début de la grande colonisation grecque, suivie de la prépondérance, aux siècles suivants, des marines d'Égine, de Corinthe et d'Athènes. Les avantages naturels étaient évidents et accrus par les travaux portuaires en lesquels les Phéniciens étaient passés maîtres, ainsi que les Carthaginois. Leurs navires ne sont connus que par des reliefs et des monnaies : galères de guerre à la poupe arrondie, avec un éperon effilé, bateaux de transport aux extrémités relevées, à rames et à voile, barques de charge lourdes et plus simples. Avec une belle audace, se guidant sur la Petite Ourse et suivant les côtes en de courtes étapes journalières, ils firent le tour de la Méditerranée, connurent au nord du détroit de Gibraltar l'Armorique et même la Cornouailles, et au sud descendirent jusque vers Dakar. Au temps du roi saïte Néchao II (609-594), des navigateurs phéniciens firent le tour de l'Afrique par le cap de Bonne-Espérance, et, vers 470 av. J.-C., le Carthaginois Hannon semble avoir atteint le golfe de Guinée.

Dès l'époque d'Ougarit, le commerce était développé, mais le rôle des Achéens y était probablement très important. Plus tard, les Phéniciens devinrent les rouliers des mers, parfois pirates sans scrupules, plus souvent commerçants avisés, répandant partout leurs fabrications, voire leur pacotille, ainsi que les produits de luxe venus de l'Orient, rapportant de l'Occident les métaux précieux, les esclaves et surtout l'étain, qu'ils allèrent chercher, non sans mystère, de plus en plus loin (Étrurie, Espagne, Charente, Armorique et enfin Cornouailles).

La colonisation

Après les Achéens et avant les Grecs, les[...]

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Écrit par

  • : docteur en archéologie, membre du groupe de recherche 989 du C.N.R.S.
  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Grenoble

Classification

Pour citer cet article

Hélène BENICHOU-SAFAR et Paul PETIT. PHÉNICIENS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

-1000 à -600. Le fer et les cavaliers - crédits : Encyclopædia Universalis France

-1000 à -600. Le fer et les cavaliers

Navire marchand phénicien - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Navire marchand phénicien

Autres références

  • ALGÉRIE

    • Écrit par Charles-Robert AGERON, Universalis, Sid-Ahmed SOUIAH, Benjamin STORA, Pierre VERMEREN
    • 41 835 mots
    • 25 médias
    ...préhistoriques (Ternifin, Machta al ‘Arbi) et que la protohistoire y enregistre l'existence d'une fruste civilisation berbère, en fait l'histoire du Maghreb central commence à l'arrivée des Phéniciens dont la civilisation s'inscrivit la première dans les villes et laissa des traces écrites.
  • BAAL

    • Écrit par Universalis
    • 853 mots

    Divinité adorée dans de nombreuses communautés du Proche-Orient antique, spécialement par les Cananéens, qui semblent en avoir fait un dieu de la fertilité. Le terme sémitique baal (en hébreu, ba‘al) signifiait « possesseur » ou « seigneur », bien qu'on ait pu l'utiliser de façon plus...

  • CARTHAGE

    • Écrit par Abdel Majid ENNABLI, Liliane ENNABLI, Universalis, Gilbert-Charles PICARD
    • 9 841 mots
    • 5 médias

    Fondée par les Phéniciens au ixe siècle avant Jésus-Christ selon les uns, au viiie selon les autres, Carthage tira longtemps sa prospérité de ses relations commerciales avec les divers peuples de l'Afrique septentrionale et de la Méditerranée occidentale.

    Ses tentatives d'expansion territoriale...

  • CÉSARÉE, Israël

    • Écrit par André LEMAIRE
    • 573 mots

    Ville de la côte palestinienne, située à 45 kilomètres au nord de l'actuelle Tel-Aviv, à 12 kilomètres au sud de Dor. Cette ville fut d'abord une forteresse-entrepôt phénicienne au milieu de la plaine côtière du Sharon ; à l'époque perse, cette plaine est rattachée au royaume de Sidon...

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Voir aussi