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PHÉNICIENS

L'art

L'art de la pierre

Les Phéniciens n'ont pas été de grands bâtisseurs comme les Égyptiens. Toutefois, leurs architectes et leurs artisans ont été suffisamment réputés pour être appelés par des souverains étrangers, israélites, néo-babyloniens ou perses, pour la construction d'édifices de prestige.

De discrètes allusions faites par la tradition littéraire, quelques bas-reliefs assyriens et des vestiges de fortifications, d'habitats ou de ports éclairent ici ou là – à Tyr, à Arwad, à Toscanos ou à Monte Sirai, par exemple – tel ou tel aspect de leur architecture urbaine entre les xe et viie siècles : remparts épais, crénelés, faits d'une alternance de murs hauts et de tours carrées interrompue par des arcades fermées de larges portes ; palais à étages couronnés de merlons à degrés et ouverts sur des baies cintrées encadrées de colonnes ; maisons à terrasses, à simple ou à double niveau, équipées de fenêtres hautes cernées par des défoncés successifs et garnies de balcons à balustre ; ports aménagés dans des sites naturels simplement rectifiés. Tout au long de leur histoire, leurs techniques mettent en œuvre des briques d'argile séchée et des blocs de pierre diversement calibrés et assemblés de façon très spécifique ; ou bien, elles font appel à la taille et au creusement du roc naturel.

Leur architecture religieuse n'est qu'à peine mieux documentée. Cela tient sans doute à la profusion des sanctuaires de type cananéen dont le temps a dû effacer la trace, simples enceintes à ciel ouvert abritant des stèles, des autels et aussi, pour celles qu'on appelle «  tophet », des urnes remplies de cendres d'enfants.

À côté de ces aires sacrées connues par la Bible ou les sites phénico-puniques d'Occident, des sanctuaires construits ont également existé. Certains, d'âges divers, sont comme ceux de Kition et de Sarepta, accessibles aux fidèles et toujours organisés en fonction du saint des saints, sans que pour autant leur plan ou leurs proportions soient constants. D'autres, attestés à partir de la fin de l'époque perse sont, comme le Ma'abed d' Amrith, centrés sur une ou deux petites chapelles cubiques, en partie réservées dans la roche, servant uniquement de châsses à un objet de culte et surplombant un bassin probablement entouré d'un portique. Tous comportent des éléments de structure ou de décor caractéristiques de leur époque : les deux piliers qui, au ixe siècle, précèdent l'une des entrées du temple 1 de Kition, par exemple, rappellent les deux colonnes disposées devant le vestibule du temple de Jérusalem, réalisé avec l'aide de Tyriens ; le podium du temple d'Eshmoun à Sidon, daté du vie siècle, renvoie à une tradition achéménide.

Quant à l' architecture funéraire, mieux connue, elle n'est qu'exceptionnellement monumentale : seuls rompent avec l'usage phénicien des tombes excavées un petit nombre d' hypogées dont la chambre sépulcrale (de filiation égyptienne ou anatolienne, comme celles d'Amathonte ou de Trayamar) ou l'élément de surface (d'inspiration mésopotamienne) qui la signale, comme les tours funéraires d'Amrith, sont bâtis en pierres de grand appareil ou même d'appareil cyclopéen.

L'art des sculpteurs s'est surtout exercé dans le domaine du relief. Le bas-relief en pierre a servi pour l'ornementation des temples, ce dont fait foi l'inscription de Yeḥawmilk, ou le naos d'Aïn el-Ayyat, et il a trouvé son expression la plus heureuse dans la décoration, sur un mode narratif, d'un sarcophage, celui d'Aḥiram (xiiie-xiie s.), qui révèle une personnalité artistique épanouie au contact des sensibilités égyptienne, égéenne et hittite. Mais c'est dans les stèles et les panneaux décoratifs qu'il[...]

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Écrit par

  • : docteur en archéologie, membre du groupe de recherche 989 du C.N.R.S.
  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Grenoble

Classification

Pour citer cet article

Hélène BENICHOU-SAFAR et Paul PETIT. PHÉNICIENS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

-1000 à -600. Le fer et les cavaliers - crédits : Encyclopædia Universalis France

-1000 à -600. Le fer et les cavaliers

Navire marchand phénicien - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Navire marchand phénicien

Autres références

  • ALGÉRIE

    • Écrit par Charles-Robert AGERON, Universalis, Sid-Ahmed SOUIAH, Benjamin STORA, Pierre VERMEREN
    • 41 835 mots
    • 25 médias
    ...préhistoriques (Ternifin, Machta al ‘Arbi) et que la protohistoire y enregistre l'existence d'une fruste civilisation berbère, en fait l'histoire du Maghreb central commence à l'arrivée des Phéniciens dont la civilisation s'inscrivit la première dans les villes et laissa des traces écrites.
  • BAAL

    • Écrit par Universalis
    • 853 mots

    Divinité adorée dans de nombreuses communautés du Proche-Orient antique, spécialement par les Cananéens, qui semblent en avoir fait un dieu de la fertilité. Le terme sémitique baal (en hébreu, ba‘al) signifiait « possesseur » ou « seigneur », bien qu'on ait pu l'utiliser de façon plus...

  • CARTHAGE

    • Écrit par Abdel Majid ENNABLI, Liliane ENNABLI, Universalis, Gilbert-Charles PICARD
    • 9 841 mots
    • 5 médias

    Fondée par les Phéniciens au ixe siècle avant Jésus-Christ selon les uns, au viiie selon les autres, Carthage tira longtemps sa prospérité de ses relations commerciales avec les divers peuples de l'Afrique septentrionale et de la Méditerranée occidentale.

    Ses tentatives d'expansion territoriale...

  • CÉSARÉE, Israël

    • Écrit par André LEMAIRE
    • 573 mots

    Ville de la côte palestinienne, située à 45 kilomètres au nord de l'actuelle Tel-Aviv, à 12 kilomètres au sud de Dor. Cette ville fut d'abord une forteresse-entrepôt phénicienne au milieu de la plaine côtière du Sharon ; à l'époque perse, cette plaine est rattachée au royaume de Sidon...

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Voir aussi