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POURPRE

Colorant sécrété par les pourpres, ou Murex, mollusquesgastéropodes marins. Les propriétés du murex étaient connues depuis la moitié du ~ IIe millénaire à Ugarit, mais surtout à partir du Ier millénaire sur les côtes de Phénicie, où Tyr et Sidon eurent rapidement le monopole de la teinture des tissus. Ces villes ne furent pas seulement des étapes de la route de la soie pour les nécessités du transit vers le monde occidental, mais aussi parce que la soie pouvait y être teinte.

Pour extraire le colorant, les Anciens cassaient la coquille des murex et laissaient macérer les mollusques dans des bassins. La teinture ainsi obtenue pouvait varier du rose au violet en passant par le cramoisi au moyen de différents procédés, parmi lesquels le séchage des tissus au soleil. On a retrouvé des monceaux de coquilles auprès des anciennes teintureries de Tyr et de Sidon, ainsi qu'à Athènes et Pompéi. Les bassins de l'ancienne ville carthaginoise de Kerkouane (Dār al-Safī) sont encore rouges de teinture.

En raison de l'inaltérabilité de la peinture et du fait des difficultés de la récolte de l'animal, les étoffes pourprées étaient coûteuses et très estimées. Elles étaient réservées aux vêtements des nobles, des rois, des prêtres et des magistrats. D'autre part, la couleur pourpre, comparable à celle du sang, symbole de vie, devint un signe de puissance temporelle et spirituelle. Ainsi, à Rome, sous la République, les commandants en chef des armées étaient revêtus du paludamentum, manteau de couleur pourpre ; la toge, signe de la citoyenneté romaine, était bordée d'une bande de pourpre : quant à celle des triomphateurs, elle était entièrement pourpre et brodée d'or ; la tunique que portaient les sénateurs sous leur toge était tissée d'une large raie de pourpre, et appelée pour cette raison « laticlave » ; celle des chevaliers comportait une raie plus étroite, et était dite « angusticlave ». Sous l'Empire, le paludamentum fut porté exclusivement par l'empereur, le seul personnage à régner sans partage. Aujourd'hui encore, dans l'Église catholique romaine, la dignité de la pourpre est réservée aux cardinaux.

De nos jours, il est facile d'obtenir par synthèse le dibromo-indigo, constituant de cette teinture.

— Marie GUILLET

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Classification

Pour citer cet article

Marie GUILLET. POURPRE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • COLORANTS

    • Écrit par Daniel FUES
    • 6 772 mots
    • 4 médias
    L'industrie de la pourpre est née à Tyr, sur les bords de la Méditerranée. Les Romains les plus fortunés en assurèrent la prospérité pendant plusieurs siècles, si bien que l'on retrouva de véritables montagnes de résidus de coquillages.
  • COULEUR

    • Écrit par Pierre FLEURY, Christian IMBERT
    • 7 731 mots
    • 21 médias
    Toutes les lumières complexes ont une teinte comparable à celle d'une lumière simple, plus ou moins « lavée » de blanc, à l'exception des pourpres, qui n'existent pas dans le spectre et résultent du mélange de lumières rouges et violettes (ou bleues). Il faut noter qu'on appelle couramment...
  • COULEURS, histoire de l'art

    • Écrit par Manlio BRUSATIN
    • 10 328 mots
    • 2 médias
    ...chez les sophistes. Bien que les philosophes ne se lassent pas de dénoncer cet immoralisme, le monde grec reste le grand créateur (et le consommateur) de lapourpre, assimilée à la fortune sociale, cette couleur symbolisant la supériorité par le mérite et la richesse d'un individu sur les autres.
  • LE MONDE DES TEINTURES NATURELLES (D. Cardon) - Fiche de lecture

    • Écrit par François DELAMARE
    • 894 mots

    Depuis quand l'homme aime-t-il la couleur ? Depuis quand, non content de regarder la nature et de fabriquer des outils et objets avec des matériaux colorés, a-t-il voulu modifier leur couleur ? Mystère. Mais il n'y a guère de doute que ce goût ne lui soit venu très tôt. Quel que soit le point du globe...

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Voir aussi