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PALESTINE

La Palestine, contrée aux limites mal définies et changeantes selon le cours de l'histoire, n'est que la partie méridionale de la région syro-palestinienne – qui constitue, elle-même, la corne occidentale du « Croissant fertile » –, voie de passage privilégiée entre l'Asie et l'Afrique, d'une part, et, d'autre part, façade de l'Asie sur la Méditerranée, fond asiatique du bassin oriental de cette mer.

L'histoire de la Palestine sera donc déterminée, en grande partie, par cette situation géographique. Les plus anciens vestiges d'une présence humaine en cette contrée, trouvés en position stratigraphique, remontent au Paléolithique inférieur et pourraient être situés approximativement vers la fin du Pléistocène inférieur. Par la suite, la Palestine va subir une succession d'infiltrations de populations ou d'invasions avec leurs mouvements de flux et de reflux accompagnés de phénomènes, plus ou moins importants suivant les époques, de fixation d'une partie de ces masses migrantes ; couloir stratégique constamment emprunté ou convoité par les grands empires d'Égypte et du Proche- Orient asiatique, elle verra sa vie politique soumise au rythme de l'alternance de l'hégémonie ou de la prépondérance de chacun de ceux-ci, se trouvant condamnée à une vassalité qui ne pourra être provisoirement écartée que lorsque l'empire du Nord-Est et celui du Sud-Ouest éprouveront, simultanément, de graves difficultés.

Mais si l'ensemble du territoire palestinien est tributaire des mêmes impératifs politiques, par contre, les mouvements et échanges de toutes sortes (de populations, d'idées, de produits) concernent de plus en plus principalement la fertile plaine côtière, tandis que d'est en ouest, à partir de la steppe syrienne et du plateau transjordanien, ne se produiront que quelques infiltrations de tribus semi-nomades ; l'ensemble de collines situé entre cette plaine et la dépression occupée par la vallée du Jourdain et la mer Morte, et, surtout, les collines judéennes adossées au véritable obstacle naturel qu'est la mer Morte, ont donc constitué une sorte de zone-refuge restée relativement à l'écart de ces multiples contacts et contaminations. C'est pourquoi, pour peu qu'en ce coin de pays un groupe humain suffisamment important ait atteint à une certaine cohésion, en particulier sous l'influence de quelque chef déterminé, il ne sera pas surprenant que ce groupe aspire à la sauvegarde d'un minimum de stabilité, de personnalité, notamment sur le plan socio-religieux – ce qui devait l'amener fatalement à promulguer des lois de protection d'aspect ségrégatif.

On peut constater, effectivement, qu'en dehors des périodes où la situation de ses grands voisins ou des grands empires du moment permit à ce groupe de s'étendre sur les plaines et, du même coup, d'entrer davantage en contact avec la civilisation alors dominante, se forgèrent, au cœur de cette contrée, une idéologie socio-religieuse singulièrement peu ouverte, peu syncrétiste (monolâtrie ou hénothéisme évoluant vers le monothéisme, interprétation de la circoncision comme rite d'agrégation au groupe, endogamie ou interdiction des mariages mixtes, tabous alimentaires et autres interdits, définition stricte de la pureté et des impuretés rituelles, etc.), un peuple enclos dans ses observances et essentiellement tourné vers l'espérance d'une protection divine toute particulière qui, seule, pourrait modifier en sa faveur les rapports des forces, par le moyen d'une intervention surnaturelle. En Judée, spécialement à Jérusalem, capitale politique et religieuse avec le Temple, se constitua ainsi la religion juive.

Cette sorte de sublimation du désespoir – désespoir provoqué par l'analyse de la situation qui était celle de ce[...]

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Écrit par

  • : ancien pensionnaire de l'École archéologique française de Jérusalem, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (section des sciences religieuses, Sorbonne), directeur du Centre interdisciplinaire d'étude de l'évolution des idées, des sciences et techniques (université de Paris-Sud, Orsay)
  • : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Provence-Aix-Marseille-I
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis, Ernest-Marie LAPERROUSAZ et Robert MANTRAN. PALESTINE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Crâne surmodelé en argile, Jéricho - crédits :  Bridgeman Images

Crâne surmodelé en argile, Jéricho

-1000 à -600. Le fer et les cavaliers - crédits : Encyclopædia Universalis France

-1000 à -600. Le fer et les cavaliers

<it>Athalie chassée du Temple</it>, A. Coypel - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Athalie chassée du Temple, A. Coypel

Autres références

  • ABDALLAH ou ABD ALLAH (1882-1951) roi de Jordanie (1946-1951)

    • Écrit par Universalis
    • 467 mots

    Émir autonome de Transjordanie (à partir de 1921) puis roi de Jordanie (1946-1951), né en 1882 à La Mecque, mort le 20 juillet 1951 à Jérusalem.

    Deuxième fils de ̣Husayn ibn ‘Alī, chérif de La Mecque et roi du Hedjaz, Abdallah fait ses études à Istanbul, alors capitale de l'Empire...

  • ACRE ou AKKA, anc. SAINT-JEAN-D'ACRE

    • Écrit par Robert MANTRAN
    • 336 mots

    Ville et port de Palestine, qui apparaît dans l'Ancien Testament sous le nom de ‘Acco et au temps des Ptolémées d'Égypte sous celui de Ptolemaïs, époque où elle connut une certaine prospérité. Conquise par les Arabes en 636, elle fut reconstruite peu après et son port réaménagé à la fin du ...

  • AMALÉCITES

    • Écrit par André PAUL
    • 176 mots

    Confédération de tribus nomades dans le désert du Sinaï. On connaît les Amalécites par la Bible comme ennemis permanents d'Israël. Les deux groupes entrèrent en conflit lors du séjour des Hébreux dans le nord du Sinaï, probablement pour le contrôle de l'oasis de Cadès (Exode, ...

  • ANTIGONE (mort en 37 av. J.-C.) roi des Juifs (40-37 av. J.-C.)

    • Écrit par Marguerite JOUHET
    • 439 mots

    Fils d'Aristobule II, Antigone est le dernier roi asmonéen. Son règne est marqué par la lutte pour le pouvoir entre les Asmonéens et les Hérodiens d'Idumée.

    À son arrivée en ~ 63 en Judée, Pompée dépose le roi Aristobule II et l'emmène à Rome comme prisonnier où, libéré par César,...

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Voir aussi