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FRESQUE

Dans son acception stricte, le mot italien fresco désigne une technique bien particulière de peinture murale. Cependant, dans le langage courant, le terme a pris le sens plus large de peinture murale en général, sans tenir compte de la technique utilisée. Il semble que le mot fresco, désignant une certaine façon de peindre sur les murs, apparaît pour la première fois dans le traité Il Libro dell'arte, de Cennino Cennini, qui date de la fin du xive ou du début du xve siècle. Un tel mot était inconnu de Vitruve et de Pline, bien que ces deux auteurs décrivent une technique d'application de peinture sur un mur alors que l' enduit de chaux est encore frais. Fresco signifie, en italien, « frais », et ce n'est pas un hasard si, dans tant de langues, le terme qui désigne les peintures murales en dérive. En effet, en dehors de l'Italie, aucun pays ne peut s'enorgueillir de posséder une tradition plus ancienne, plus brillante, plus continue en ce domaine. C'est pourquoi on se limitera presque toujours ici aux exemples italiens de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance. C'est durant cette période que se situe la grande époque de découverte dans la composition et la technique de la peinture murale, et ce sont les méthodes de travail de ces siècles qui sont le mieux connues.

Les techniques

Peinture murale et « buon fresco »

La vraie peinture à fresque, ou buon fresco, demande que la plupart des pigments soient des couleurs terre en suspension exclusivement dans l'eau, et qu'ils soient posés sur un enduit de chaux encore humide. On n'emploie pas de chaux pure pour la peinture à fresque, car elle se resserrerait et craquerait. Pour éviter cet inconvénient, on la mélange d'habitude à du sable, à de la pierre finement pilée (souvent du marbre) ou à une substance organique fibreuse. Au fur et à mesure que l'enduit sèche, une fine pellicule se forme. Au contact de l'air, la chaux qui compose l'enduit humide et qui est à l'état d'hydrate de calcium se transforme progressivement en carbonate de chaux. Au cours de ce processus chimique, la chaux absorbe de l'acide carbonique contenu dans l'air et se cristallise. Elle incorpore ainsi les particules de pigment, et il en résulte une surface peinte dure et résistante.

La couche superficielle de l'enduit de chaux, finement granulée, dans laquelle les couleurs sont absorbées (couche qu'on appelle intonaco ou Feinputz) est généralement séparée de la maçonnerie par une ou plusieurs couches de crépi moins fin appelé arriccio ou arricciato. C'est sur cette couche inférieure que sont souvent tracés les dessins préliminaires avant que soient posées la dernière couche d'enduit, puis la peinture. Dans la vraie fresque, on recouvre progressivement le dessin par une série de raccords d'enduit qui vont de haut en bas, pour éviter d'abîmer une partie déjà terminée. Une fois que le dessin tracé sur l'arriccio était caché, le peintre devait se fier à sa mémoire, ou bien suivre un projet à l'échelle réelle fait sur papier ou sur parchemin (le carton). Lorsqu'on se servait d'un carton, on l'appliquait sur la surface et on en reportait les contours sur l'enduit, soit en retraçant les lignes au moyen d'un style qui perçait le dessin, soit en tamponnant de la poudre colorée à travers ses lignes perforées. La présence de cette série de petits points (ou spolveri) sur des peintures murales prouve que l'artiste a eu recours à un carton. Des incisions sur la surface du mur indiquent souvent la même chose.

La véritable fresque exige rapidité et habileté, car l'intonaco ne reste généralement frais qu'une journée. C'est pourquoi on appelle les différentes parties de la fresque des giornate, du mot italien qui désigne une journée de travail. Des joints ou raccords[...]

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Classification

Pour citer cet article

Ève BORSOOK. FRESQUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Fresques de Pompéi - crédits :  Bridgeman Images

Fresques de Pompéi

<it>La Flagellée et la bacchante</it> - crédits : A. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

La Flagellée et la bacchante

<it>La Vierge, saint François et les anges</it>, Cimabue - crédits : Universal History Archive/ Getty Images

La Vierge, saint François et les anges, Cimabue

Autres références

  • AFGHANISTAN

    • Écrit par Daniel BALLAND, Gilles DORRONSORO, Universalis, Mir Mohammad Sediq FARHANG, Pierre GENTELLE, Sayed Qassem RESHTIA, Olivier ROY, Francine TISSOT
    • 37 316 mots
    • 19 médias
    ... s. apr. J.-C. ?). À Dilbarjin (I. T. Kruglikova, 1971, 1974, 1977...), la ville contenait de véritables ensembles religieux et laïques, couverts de fresques ; des divinités indiennes et locales sont reconnaissables à leurs attributs (Śiva et Parvati, la Grande Déesse de Bactriane) ; sur certaines frises...
  • AJAṆṬĀ

    • Écrit par Rita RÉGNIER
    • 2 260 mots
    • 1 média
    Dans les cavernes nos 1, 2, 16 et 17 se voient les fresques classiques les plus importantes ; il s'en trouve également, surajoutées, dans les sanctuaires nos 9 et 10. On admet généralement aujourd'hui que les surfaces murales étaient enduites et prêtes à recevoir leur revêtement pictural alors...
  • ANDREA DEL CASTAGNO (1390 ou 1406 ou 1421-1457)

    • Écrit par Philippe LEVANTAL
    • 741 mots
    • 3 médias

    Au début du Quattrocento, divers peintres florentins élaborent un style qui brise avec ce que le Trecento, dominé par Giotto, comportait encore d'empreinte gothique. La conquête, par Masaccio, d'un espace cohérent ouvre la voie à Uccello, à Andrea del Castagno, qui, de manière fort...

  • ANGELICO FRA (1400 env.-1455)

    • Écrit par Georges DIDI-HUBERMAN
    • 4 179 mots
    • 4 médias
    ...salle capitulaire, corridors, cellules de la clausura – Fra Angelico réalisera, avec l'aide de ses disciples, l'un des plus beaux cycles de fresques de toute l'histoire de l'art : cycle que l'on pourrait nommer un cycle de l'incarnation, où l'allégorie théologique dépasse toute pédagogie,...
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Voir aussi