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OTTOMAN EMPIRE

Le commencement du déclin (1570-1774)

1600 à 1700. Les nouveaux conquérants - crédits : Encyclopædia Universalis France

1600 à 1700. Les nouveaux conquérants

Les souverains qui ont succédé à Soliman le Magnifique, Selim II et Murad III, sont loin d'avoir sa personnalité ; avec eux s'affirme déjà, plus que le caractère absolu de leur pouvoir, le souci prédominant de la satisfaction de leurs caprices, dont leurs successeurs seront encore plus esclaves.

Révoltes et anarchie (XVIIe siècle)

Mosquée bleue - crédits : Robert Frerck/ The Image Bank/ Getty Images

Mosquée bleue

La fin du xvie siècle est pourtant marquée par quelques succès : conquête de Chypre (1570-1571), prise de Tunis (1574), occupation de la Géorgie et de l'Azerbaïdjan (1590) ; mais des défaites ont été subies à Lépante (7 oct. 1571), en Moldavie, en Hongrie ; les traités conclus durant cette période n'apportent que peu de modifications aux frontières, sinon quelques améliorations à l'est. Ahmed Ier (Ahmet, 1604-1617), connu surtout pour être le constructeur de la « mosquée bleue » d'Istanbul, doit faire face à des révoltes dans l'Empire, premier signe de la désagrégation qui se manifeste beaucoup plus nettement avec le meurtre par les janissaires du sultan Osman II (mai 1622), jeune souverain désireux de rénover l'Empire. Dans les années qui suivent, le pouvoir est détenu en fait par la sultane mère Keussem (Kösem) ; après quelques années de désordres, Murad IV reprend l'Empire en main. Puis les sultanes se disputent à nouveau le pouvoir, l'administration se désagrège, l'armée se révolte, la situation économique s'aggrave ; l'Empire est au bord de l'abîme quand paraît un Grand Vizir, Mehmed Keuprulu (Mehmet Köprülü, sept. 1656), décidé à user de la manière forte pour rétablir l'ordre, sans ménager personne ; à sa mort (1661), l'œuvre de redressement, en bonne voie, est poursuivie par son fils Ahmed qui, entre autres, mène à bien la dernière conquête ottomane, celle de l'île de Crète, commencée en 1645 et achevée en 1669 ; après lui, Kara Mustafa pacha et deux autres Keuprulu, Husseyin et Numan, s'efforcent de limiter les dégâts, en particulier sur le plan extérieur, car, après l'échec du second siège de Vienne (1683), les Turcs ont été vaincus à plusieurs reprises. La paix de Karlowitz (28 janv. 1699) est la première paix défavorable signée par les Ottomans qui perdent presque tout ce qu'ils tenaient en Hongrie, tandis que Vénitiens, Polonais et Russes, alliés aux Autrichiens, obtiennent quelques avantages territoriaux.

Mosquée du sultan Ahmed I<sup>er</sup> - crédits : Louis Grandadam/ Getty Images

Mosquée du sultan Ahmed Ier

Bataille du Kahlenberg - crédits : AKG-images

Bataille du Kahlenberg

C'est aussi la première fois que les Russes apparaissent en pleine lumière sur la scène ottomane. Certes, au cours du xviie siècle, ils ont accompli des progrès : ils ont occupé l'Ukraine et, devenus voisins des Turcs, se sont livrés à des incursions en territoire ottoman. Pierre le Grand se fait reconnaître comme tsar par les Turcs, installe un patriarcat orthodoxe à Moscou et cherche à se faire attribuer le droit de protection des chrétiens orthodoxes de l'Empire ottoman, ce qu'il obtient d'autant moins qu'une nouvelle guerre turco-russe, suscitée par les intrigues du roi de Suède Charles XII, aboutit à la défaite des Russes qui rétrocèdent tous les avantages acquis en 1699 (traité d'Andrinople, 1713).

L'avancée russe (1713-1774)

Si les Turcs ont jusqu'alors à peu près réussi à contenir leurs adversaires, désormais le cours du xviiie siècle n'est qu'une succession de revers et de traités défavorables, comme le traité de Passarowitz qui voit le triomphe des Autrichiens (juill. 1718), triomphe qu'atténuera un peu la paix de Belgrade (1739) ; à l'est, les Ottomans doivent céder aux Persans les provinces du Caucase (1736). Plus tard, une nouvelle guerre turco-russe, née de l'attaque russe contre la Pologne, pays garanti par les Ottomans, s'achève par la destruction de la flotte turque près de Smyrne, à Tchechmé, et par l'invasion de la Valachie ; la[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche émérite au C.N.R.S.
  • : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Provence-Aix-Marseille-I

Classification

Pour citer cet article

François GEORGEON et Robert MANTRAN. OTTOMAN EMPIRE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

1300 à 1400. Tamerlan - crédits : Encyclopædia Universalis France

1300 à 1400. Tamerlan

Siège de Constantinople, 1453 - crédits : De Agostini/ Getty Images

Siège de Constantinople, 1453

Soliman le Magnifique - crédits : Universal History Archive/ Getty Images

Soliman le Magnifique

Autres références

  • APOGÉE DE L'EMPIRE OTTOMAN - (repères chronologiques)

    • Écrit par Vincent GOURDON
    • 212 mots

    1453 Prise de Constantinople par les troupes de Mehmed II. La ville devient capitale de l'Empire ottoman sous le nom d'Istanbul.

    1517 Destruction par Sélim Ier des Mamelouks d'Égypte. Soumission du califat abbasside du Caire.

    1520 Avènement de Soliman II, dit le Magnifique (1494-1566)....

  • ABDALLAH ou ABD ALLAH (1882-1951) roi de Jordanie (1946-1951)

    • Écrit par Universalis
    • 467 mots

    Émir autonome de Transjordanie (à partir de 1921) puis roi de Jordanie (1946-1951), né en 1882 à La Mecque, mort le 20 juillet 1951 à Jérusalem.

    Deuxième fils de ̣Husayn ibn ‘Alī, chérif de La Mecque et roi du Hedjaz, Abdallah fait ses études à Istanbul, alors capitale de l'Empire...

  • AFRIQUE (Histoire) - De l'entrée dans l'histoire à la période contemporaine

    • Écrit par Hubert DESCHAMPS, Jean DEVISSE, Henri MÉDARD
    • 9 654 mots
    • 6 médias
    ...de l'Asie, source d'énormes richesses, et cela d'autant plus aisément qu'en Méditerranée à ce moment un duel implacable est engagé entre Vénitiens et Ottomans ; ces derniers ont volé de succès en succès depuis la prise de Constantinople (1453), d'où ils menacent le flanc sud-est de l'Europe, et celle...
  • ALBANIE

    • Écrit par Anne-Marie AUTISSIER, Odile DANIEL, Universalis, Christian GUT
    • 22 072 mots
    • 9 médias
    Ces principautés sans cesse en lutte entre elles et avec Venise ne négligèrent pas de faire appel aux Turcs qui, au début du xve siècle, occupèrent le pays et en soumirent la plus grande partie au système des timars (fiefs militaires non héréditaires). La rigueur du joug turc provoqua rapidement...
  • ALGÉRIE

    • Écrit par Charles-Robert AGERON, Universalis, Sid-Ahmed SOUIAH, Benjamin STORA, Pierre VERMEREN
    • 41 835 mots
    • 25 médias
    ...les gens d'Alger appelèrent à leur secours des corsairesturcs. Devenus maîtres d'Alger et de Tlemcen, ceux-ci se déclarèrent vassaux du sultan ottoman et reçurent de lui des renforts. Les Turcs réussirent ainsi à étendre leur domination à la majeure partie du territoire algérien. Cet État d'Alger...
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Voir aussi