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OTTOMAN EMPIRE

L'apogée de l'Empire

La période de splendeur de l'Empire ottoman s'étend de l'avènement de Mehmed II (1451) à la fin du règne de Soliman le Magnifique (1566). Durant ces quelque cent années, la domination turque s'est étendue sur toute l'Europe balkanique, une partie de l'Europe centrale, le Proche-Orient arabe et l'Afrique du Nord, à l'exception du Maroc ; sur mer, même, les corsaires ottomans ont fait la loi. Ce siècle est aussi celui d'une remarquable activité intellectuelle et, plus encore, artistique, avec la construction des grandes mosquées sultaniennes. Surtout, le sultan contrôle tout le commerce qui, de l'océan Indien par la mer Rouge ou le golfe Persique, transite à travers l'isthme arabe et parvient en Méditerranée pour être dirigé ensuite vers la capitale ou vers l'Europe occidentale qui n'a pas encore fait de la route du Cap une concurrente menaçante : ce commerce procure à l'Empire des ressources énormes qui viennent s'ajouter aux revenus tirés des conquêtes territoriales.

1500 à 1600. Expansion ibérique et Réforme - crédits : Encyclopædia Universalis France

1500 à 1600. Expansion ibérique et Réforme

Empire ottoman, XIV<sup>e</sup>-XVII<sup>e</sup> siècle - crédits : Encyclopædia Universalis France

Empire ottoman, XIVe-XVIIe siècle

La conquête d'une capitale : Istanbul

Le premier grand succès de cette période est la prise de Constantinople par Mehmed II (désormais surnommé Fatih : le Conquérant) le 29 mai 1453, après un mois et demi de siège. La possession de la ville donne au sultan turc le dernier maillon qui lui manquait entre l'Europe et l'Asie, fait de lui l'héritier des empereurs byzantins et, sur le plan religieux, consacre la victoire de l'islam sur la chrétienté. Constantinople – plus tard Istanbul – devient la capitale d'un empire de plus en plus redoutable dont les dynasties d'Europe orientale et de la mer Égée se reconnaissent vassales, avec lequel Génois et Vénitiens s'empressent de conclure des accords commerciaux, voire des traités de paix. Le retentissement de la prise de Constantinople a été énorme en Europe, mais n'a provoqué aucune réaction immédiate, sinon de renforcer l'idée d'un monde turc invincible, destructeur des civilisations chrétienne et grecque. Cette dernière idée était loin de correspondre à la vérité, car bien que l'État ottoman se fût doté d'une excellente administration, agissant selon des normes définies, comme en témoignent les règlements organiques (kanūn-nāmé) publiés alors, il était aussi conservateur des traditions et particularismes locaux ou nationaux ; en outre, un sultan tel que Mehmed II le Conquérant a été un bâtisseur d'empire, un souverain éclairé – quoique parfois cruel – et un fin lettré ; dès qu'il se fut installé dans sa nouvelle capitale, Constantinople, au cours de l'hiver 1457-1458, il fit de celle-ci l'un des pôles du monde islamique en même temps que le centre d'une vie intellectuelle et artistique où se côtoyèrent chrétiens et musulmans.

Durant son règne (1451-1481), les Ottomans étendent leur emprise sur le Péloponnèse, l'Albanie, la Bosnie, la Moldavie ; en Anatolie, l'émirat de Karaman est définitivement incorporé à l'Empire (1474) ; en mer Noire, le khānat de Crimée passe sous la suzeraineté ottomane, les Génois perdent Caffa et Azov, ainsi que Lesbos en mer Égée. À la suite d'une guerre, Turcs et Vénitiens signent en 1479 une paix selon laquelle ces derniers conservent leurs possessions et leurs privilèges commerciaux, mais, pour la première fois, doivent payer un tribut annuel de cent mille ducats.

Bayézid II (1481-1512), après une lutte contre son frère Djem, entre en conflit, sans résultat, avec les Mameluks d'Égypte puis avec les Vénitiens, qui perdent leurs places du Péloponnèse (1502), et avec les Hongrois (paix de 1503). Les dernières années du règne de Bayézid II sont marquées par les progrès de l'administration turque et surtout, à partir de 1509, par les rébellions de son fils Sélim qui finit par[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche émérite au C.N.R.S.
  • : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Provence-Aix-Marseille-I

Classification

Pour citer cet article

François GEORGEON et Robert MANTRAN. OTTOMAN EMPIRE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

1300 à 1400. Tamerlan - crédits : Encyclopædia Universalis France

1300 à 1400. Tamerlan

Siège de Constantinople, 1453 - crédits : De Agostini/ Getty Images

Siège de Constantinople, 1453

Soliman le Magnifique - crédits : Universal History Archive/ Getty Images

Soliman le Magnifique

Autres références

  • APOGÉE DE L'EMPIRE OTTOMAN - (repères chronologiques)

    • Écrit par Vincent GOURDON
    • 212 mots

    1453 Prise de Constantinople par les troupes de Mehmed II. La ville devient capitale de l'Empire ottoman sous le nom d'Istanbul.

    1517 Destruction par Sélim Ier des Mamelouks d'Égypte. Soumission du califat abbasside du Caire.

    1520 Avènement de Soliman II, dit le Magnifique (1494-1566)....

  • ABDALLAH ou ABD ALLAH (1882-1951) roi de Jordanie (1946-1951)

    • Écrit par Universalis
    • 467 mots

    Émir autonome de Transjordanie (à partir de 1921) puis roi de Jordanie (1946-1951), né en 1882 à La Mecque, mort le 20 juillet 1951 à Jérusalem.

    Deuxième fils de ̣Husayn ibn ‘Alī, chérif de La Mecque et roi du Hedjaz, Abdallah fait ses études à Istanbul, alors capitale de l'Empire...

  • AFRIQUE (Histoire) - De l'entrée dans l'histoire à la période contemporaine

    • Écrit par Hubert DESCHAMPS, Jean DEVISSE, Henri MÉDARD
    • 9 654 mots
    • 6 médias
    ...de l'Asie, source d'énormes richesses, et cela d'autant plus aisément qu'en Méditerranée à ce moment un duel implacable est engagé entre Vénitiens et Ottomans ; ces derniers ont volé de succès en succès depuis la prise de Constantinople (1453), d'où ils menacent le flanc sud-est de l'Europe, et celle...
  • ALBANIE

    • Écrit par Anne-Marie AUTISSIER, Odile DANIEL, Universalis, Christian GUT
    • 22 072 mots
    • 9 médias
    Ces principautés sans cesse en lutte entre elles et avec Venise ne négligèrent pas de faire appel aux Turcs qui, au début du xve siècle, occupèrent le pays et en soumirent la plus grande partie au système des timars (fiefs militaires non héréditaires). La rigueur du joug turc provoqua rapidement...
  • ALGÉRIE

    • Écrit par Charles-Robert AGERON, Universalis, Sid-Ahmed SOUIAH, Benjamin STORA, Pierre VERMEREN
    • 41 835 mots
    • 25 médias
    ...les gens d'Alger appelèrent à leur secours des corsairesturcs. Devenus maîtres d'Alger et de Tlemcen, ceux-ci se déclarèrent vassaux du sultan ottoman et reçurent de lui des renforts. Les Turcs réussirent ainsi à étendre leur domination à la majeure partie du territoire algérien. Cet État d'Alger...
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Voir aussi