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CROISSANCE, biologie

La notion de croissance s'est imposée d'abord à l'esprit humain par l'observation de l'augmentation de taille des êtres vivants. Puis l'emploi du mot s'est élargi, soit par application à divers produits de leurs activités ou par métaphore (la croissance d'une passion, nourrie d'illusions), soit par simple confusion avec le terme plus général d'accroissement. La croissance peut être présentée comme l'accroissement progressif d'une unité biologique (ou liée à des phénomènes biologiques), se poursuivant sans perte de l'individualité ni interruption de l'activité fonctionnelle. Une telle définition est assez large pour englober non seulement la croissance d'une population, mais encore celle d'une ville ou la croissance économique, fruits du travail humain, qui se rapprochent d'ailleurs, sur bien des points, de la croissance biologique par le jeu complexe des corrélations qu'elles font intervenir. En revanche, il n'est pas permis de parler de croissance d'une molécule d'acide nucléique ou d'un virus, pour lesquels il y a simplement multiplication : à côté de l'unité mère servant de modèle se forme en effet, par assemblage de ses éléments, une autre unité qui ne s'individualise et ne devient fonctionnelle que brusquement, une fois complètement terminée. La croissance est, au même titre que l'assimilation, une propriété fondamentale de tous les êtres vivants, si l'on excepte cependant le cas des virus.

Aspects généraux du phénomène

Croissance et multiplication sont deux phénomènes plus ou moins liés. Dans la reproduction asexuée des Protistes (la plus fréquente chez ces êtres unicellulaires), la multiplication des individus, c'est-à-dire la croissance de la population qu'ils constituent, est le résultat d'une alternance de croissances et de divisions cellulaires. Arrivée à un certain volume par croissance, et alors seulement, la cellule mère se divise en deux cellules filles de volume moitié moins grand (bipartition) ; la taille des cellules reste comprise entre ces deux limites, que le milieu peut faire varier, mais faiblement. Chez les êtres multicellulaires, les faits sont plus complexes et la taille des cellules est très variable. La croissance de l'organisme résulte de la combinaison des phénomènes de croissance et de multiplication cellulaires. Mais il peut y avoir croissance sans division, comme dans le cas des cellules « permanentes », nerveuses par exemple. Inversement, il peut y avoir multiplication sans croissance en volume et en poids, comme au début de l'embryogenèse. Il convient aussi de préciser à quel niveau d'organisation est étudiée la croissance : organites, cellules, tissus, organes, organisme. On peut en effet observer, dans la peau de l'homme adulte par exemple, une croissance et une multiplication cellulaires sans croissance au niveau du tissu.

La description du développement d'un organisme, de l'œuf à l'adulte, ne peut se limiter aux phénomènes quantitatifs de la croissance ; il comprend aussi des phénomènes qualitatifs, réunis sous le terme assez vague de différenciation. La distinction entre les deux n'est pas toujours aisée. Au cours de l'organogenèse, une certaine forme de croissance est souvent le support obligé de la différenciation. Au cours du développement postnatal, d'autre part, bien des changements de forme, qualitatifs en apparence, ont pu être décrits entièrement par quelques formules mathématiques simples (allométrie) ; le terme croissance différentielle traduit bien cette ambiguïté.

Un bon critère de croissance doit se prêter à des mesures faciles, précises, fidèles et, autant que possible, non destructrices ; la «  taille », c'est-à-dire une mesure de longueur, est le plus souvent utilisée, mais elle suppose[...]

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Écrit par

  • : sous-directeur du laboratoire de zoologie de l'École normale supérieure, Paris
  • : professeur de biologie du développement et de la reproduction, chef de l'unité d'endocrinologie pédiatrique et du diabète à l'hôpital des Enfants malades, directeur de l'unité de recherche I.N.S.E.R.M. sur la biologie de la croissance
  • : professeur à la faculté des sciences de Rouen
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis, André MAYRAT, Raphaël RAPPAPORT et Paul ROLLIN. CROISSANCE, biologie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Caractéristiques de la croissance au cours du cycle cellulaire - crédits : Encyclopædia Universalis France

Caractéristiques de la croissance au cours du cycle cellulaire

Rat - crédits : Encyclopædia Universalis France

Rat

Papillon - crédits : Planeta Actimedia S.A.© Encyclopædia Universalis France pour la version française.

Papillon

Autres références

  • MITOSE

    • Écrit par Nina FAVARD
    • 6 519 mots
    • 5 médias
    Pendant les périodes de croissance cellulaire (surtout la phase G1 du cycle cellulaire), le nombre des organites s'accroît en même temps que la taille de la cellule. Leurs mouvements, guidés par les microtubules, les distribuent topographiquement dans le cytoplasme dont le volume augmente. Cette distribution...
  • AGROMÉTÉOROLOGIE

    • Écrit par Emmanuel CHOISNEL, Emmanuel CLOPPET
    • 6 627 mots
    • 7 médias
    ...restriction hydrique sévère au cours de cette période critique peut occasionner des baisses de rendements allant jusqu'à 50 p. 100 du poids des grains. On définit également des périodes sensibles à l'égard de la croissance. Ainsi, la betterave sucrière est une plante réputée très sensible à l'eau. Toute...
  • AMINOACIDES INDISPENSABLES

    • Écrit par Geneviève DI COSTANZO
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    Au début du xxe siècle, les recherches de Wilcock et de Hopkins montrèrent que certaines protéines (gélatine, zéine) sont incapables, malgré un apport azoté quantitativement suffisant, de maintenir l'équilibre nutritif de l'animal et d'assurer sa croissance. L'adjonction à ce régime de certains...

  • ANIMAUX MODES DE REPRODUCTION DES

    • Écrit par Catherine ZILLER
    • 4 447 mots
    • 4 médias
    La reproduction asexuée ne se déclenche que lorsque l'animal atteint une certaine taille. Elle est la conséquence de la croissance. Il en est ainsi pour l'hydre, qui commence à produire des bourgeons quand la colonne gastrique, qui est en perpétuelle croissance, a une longueur suffisante.
  • Afficher les 57 références

Voir aussi