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CROISSANCE, biologie

Cas des organismes unicellulaires

Caractéristiques de la croissance au cours du cycle cellulaire - crédits : Encyclopædia Universalis France

Caractéristiques de la croissance au cours du cycle cellulaire

La croissance d'une cellule prise isolément est surtout un problème de biochimie. Grâce aux apports extérieurs, et par le phénomène d'assimilation, la matière vivante est le siège d'un renouvellement perpétuel (cf. biologie - La maintenance de l'organisme), des molécules étant synthétisées ou remaniées, d'autres étant détruites ou consommées ; les acides nucléiques règlent ce ballet. Quand les synthèses de l'anabolisme l'emportent sur les dégradations productrices d'énergie du catabolisme, et seulement dans ce cas, il y a croissance. Néanmoins, la croissance est davantage qu'un déplacement de l'équilibre entre les deux faces du métabolisme : les synthèses y sont gérées selon un déterminisme cyclique permettant, dans les conditions favorables, le renouvellement cellulaire (fig. 1).

L' étude de la croissance d'une population homogène d'organismes unicellulaires fait apparaître un phénomène nouveau, celui des interactions entre cellules en croissance. Lorsqu'on ensemence une certaine quantité de bouillon de culture et qu'on porte sur un graphique les points représentant le nombre n des cellules en fonction du temps, on obtient une courbe en S (cf. bactéries, fig. 8). Si la durée d'un cycle de croissance- division cellulaire restait constante, la courbe de croissance de la culture prendrait l'allure d'une exponentielle, le nombre de cellules doublant à la fin de chaque cycle. Mais cette durée ne tarde pas à augmenter de plus en plus. Au début, elle reste assez brève, si bien que la croissance de la culture passe par une phase d'accélération. Mais, après une période plus ou moins longue où n est presque une fonction linéaire du temps, la croissance de la culture entre dans une phase de décélération et finit par s'arrêter, les divisions de quelques cellules compensant tout juste la mort d'autres. Le palier d'équilibre ainsi atteint, qui peut se maintenir jusqu'à épuisement du milieu, correspond à une densité qui ne peut être dépassée, les cellules se gênant les unes les autres, en particulier par les « déchets » rejetés. La densité de ces déchets augmente avec celle de la culture, même s'ils ne s'accumulent pas dans le milieu ; en concentration de plus en plus élevée, ils freinent la croissance, puis finissent par l'inhiber complètement. Des repiquages montrent que le ralentissement progressif puis l'arrêt de la croissance ne sont pas dus à des propriétés intrinsèques acquises par les cellules, mais seulement à des interactions : une culture repiquée suit la même courbe de croissance que la culture mère, en partant du point correspondant au nombre de cellules repiquées, quel qu'il soit.

Les interactions jouent un rôle encore plus important dans le développement des êtres multicellulaires. Elles y sont en effet d'autant plus complexes que les cellules, cessant d'être identiques, se sont différenciées en vue de remplir diverses fonctions et associées en tissus, puis en organes. La richesse et la complexité des phénomènes de croissance chez les êtres multicellulaires sont telles qu'il est vain d'espérer pouvoir expliquer un jour le développement d'un éléphant, ou même d'une puce, à partir de la connaissance parfaite de la croissance d'une bactérie.

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Écrit par

  • : sous-directeur du laboratoire de zoologie de l'École normale supérieure, Paris
  • : professeur de biologie du développement et de la reproduction, chef de l'unité d'endocrinologie pédiatrique et du diabète à l'hôpital des Enfants malades, directeur de l'unité de recherche I.N.S.E.R.M. sur la biologie de la croissance
  • : professeur à la faculté des sciences de Rouen
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis, André MAYRAT, Raphaël RAPPAPORT et Paul ROLLIN. CROISSANCE, biologie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Caractéristiques de la croissance au cours du cycle cellulaire - crédits : Encyclopædia Universalis France

Caractéristiques de la croissance au cours du cycle cellulaire

Rat - crédits : Encyclopædia Universalis France

Rat

Papillon - crédits : Planeta Actimedia S.A.© Encyclopædia Universalis France pour la version française.

Papillon

Autres références

  • MITOSE

    • Écrit par Nina FAVARD
    • 6 519 mots
    • 5 médias
    Pendant les périodes de croissance cellulaire (surtout la phase G1 du cycle cellulaire), le nombre des organites s'accroît en même temps que la taille de la cellule. Leurs mouvements, guidés par les microtubules, les distribuent topographiquement dans le cytoplasme dont le volume augmente. Cette distribution...
  • AGROMÉTÉOROLOGIE

    • Écrit par Emmanuel CHOISNEL, Emmanuel CLOPPET
    • 6 627 mots
    • 7 médias
    ...restriction hydrique sévère au cours de cette période critique peut occasionner des baisses de rendements allant jusqu'à 50 p. 100 du poids des grains. On définit également des périodes sensibles à l'égard de la croissance. Ainsi, la betterave sucrière est une plante réputée très sensible à l'eau. Toute...
  • AMINOACIDES INDISPENSABLES

    • Écrit par Geneviève DI COSTANZO
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    Au début du xxe siècle, les recherches de Wilcock et de Hopkins montrèrent que certaines protéines (gélatine, zéine) sont incapables, malgré un apport azoté quantitativement suffisant, de maintenir l'équilibre nutritif de l'animal et d'assurer sa croissance. L'adjonction à ce régime de certains...

  • ANIMAUX MODES DE REPRODUCTION DES

    • Écrit par Catherine ZILLER
    • 4 447 mots
    • 4 médias
    La reproduction asexuée ne se déclenche que lorsque l'animal atteint une certaine taille. Elle est la conséquence de la croissance. Il en est ainsi pour l'hydre, qui commence à produire des bourgeons quand la colonne gastrique, qui est en perpétuelle croissance, a une longueur suffisante.
  • Afficher les 57 références

Voir aussi