CROISSANCE, biologie
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Croissance humaine
La croissance staturale humaine résulte avant tout du développement du squelette jusqu'à l'âge adulte. Elle dépend donc essentiellement de l'activité des cartilages de conjugaison, constitués de cellules en constant renouvellement, qui préparent à leur contact la formation de tissu osseux permettant l'allongement des pièces squelettiques. La disparition de ces cartilages remplacés par du tissu osseux définitif marque la fin de la croissance. Il apparaît ainsi que la croissance du squelette va dépendre de trois grands facteurs : l'intégrité des cartilages intervenant dans l'ossification enchondrale (au niveau des os longs et des vertèbres), la présence des hormones et des facteurs de croissance cellulaire qui règlent cette activité, enfin un état nutritionnel satisfaisant permettant une réponse cellulaire normale aux hormones. Les défaillances de l'un ou l'autre de ces facteurs engendrent des situations cliniques, c'est-à-dire des maladies, bien identifiées, éventuellement susceptibles d'être traitées, après analyse de leurs causes.
La diversité de la structure des segments osseux joue un grand rôle. Elle explique que l'effet des hormones soit différent selon l'âge. Ainsi le développement rapide de la face et des os du crâne chez le nourrisson est principalement sous la dépendance des hormones thyroïdiennes et de l'hormone de croissance. Au moment de la puberté, les hormones sexuelles, chez le garçon et chez la fille, contribuent à modifier les rapports de longueur entre le tronc (ou segment supérieur) et les membres inférieurs (ou segment inférieur). Il est bien connu qu'en l'absence de puberté se constitue un aspect eunuchoïde dû à l'allongement relativement plus grand des membres inférieurs dont la croissance se prolonge au-delà de l'âge normal. En effet, lors de la puberté, les hormones sexuelles provoquent une accélération de croissance qui comporte deux composantes : l'une initiale au niveau des membres inférieurs (os longs), l'autre plus prolongée au niveau du tronc. Un autre exemple de l'effet des hormones sexuelles est représenté par l'apparition brusque des scolioses vertébrales lorsque commence la puberté. Une croissance normale implique donc l'intégrité du squelette, et en particulier celle du cartilage de croissance. On comprend ainsi que toute anomalie constitutionnelle ou génétique du cartilage de croissance ou de la formation du tissu osseux (maladies héréditaires du squelette) conduise à une situation de résistance aux hormones avec retard de croissance souvent sévère et variable selon la localisation des cartilages lésés.
Le système hormonal agit par voie endocrine : il transmet à l'ensemble de l'organisme par voie sanguine les signaux chimiques que constituent les hormones. Chaque hormone agissant sur les segments du squelette qui lui sont le plus sensibles, et ce en fonction de l'âge de l'enfant, l'ossification des divers segments osseux progresse à des vitesses variables. D'autres travaux ont montré qu'il existait aussi un second système situé au niveau des cellules constituant les tissus cibles. Ainsi, dans un organe donné, on parlera de signaux locaux agissant de cellule à cellule (système paracrine) ou au niveau d'une seule cellule (système autocrine). Ces signaux peuvent être déclenchés par des facteurs de croissance cellulaire provenant de la circulation générale ou plus probablement produits localement. Au niveau du squelette, on connaît les somatomédines (ou IGF, cf. infra) et d'autres peptides appartenant à la famille du FGF (fibroblast growth factor). Ces mécanismes locaux complètent le système endocrine et assurent souvent la réponse tissulaire aux hormones en conférant à chaque organe sa spécificité.
Nutrition et hormones sont étroitement liées. Il est démontré que la croissance dépend fortement de l'état de nutrition de l'individu. On peut schématiquement considérer que l'un des premiers effets de la dénutrition est la réduction des synthèses protéiques et en particulier de celles qui permettent la production de facteurs de croissance cellulaire et la réponse à l'hormone de croissance.
Système endocrinien et croissance
L'ensemble du système endocrinien qui va contrôler la croissance jusqu'à l'âge adulte est en place dès la naissance. Comme le montre la figure 6, on peut retenir un schéma général reliant la production des diverses hormone [...]
Influence des hormones sur le taux de croissance de l'enfant normal.
Crédits : Encyclopædia Universalis France
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Écrit par :
- André MAYRAT : sous-directeur du laboratoire de zoologie de l'École normale supérieure, Paris
- Raphaël RAPPAPORT : professeur de biologie du développement et de la reproduction, chef de l'unité d'endocrinologie pédiatrique et du diabète à l'hôpital des Enfants malades, directeur de l'unité de recherche I.N.S.E.R.M. sur la biologie de la croissance
- Paul ROLLIN : professeur à la faculté des sciences de Rouen
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Voir aussi
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- CARTILAGE DE CONJUGAISON ou CARTILAGE DE CROISSANCE
- CORTICOÏDES ou CORTICOSTÉROÏDES
- CORTICOTHÉRAPIE
- CORTISOL ou HYDROCORTISONE
- CROISSANCE HUMAINE
- MALADIE DE CUSHING
- DÉVELOPPEMENT HUMAIN
- SÉCRÉTION ENDOCRINE
- MALADIES DE L' ENFANT
- ESTRADIOL ou ŒSTRADIOL
- FACTEURS DE CROISSANCE
- GLUCOCORTICOÏDES
- HORMONOTHÉRAPIE
- HYPOTHYROÏDIE
- IGF (insulin-like growth factor)
- INSUFFISANCE ANTÉHYPOPHYSAIRE ou HYPOPITUITARISME
- INSULINE
- MALNUTRITION
- NUTRITION HUMAINE
Pour citer l’article
André MAYRAT, Raphaël RAPPAPORT, Paul ROLLIN, « CROISSANCE, biologie », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 03 mai 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/croissance-biologie/