CROISSANCE, biologie

Croissance chez les Métazoaires

Croissance et reproduction

Pour les animaux à reproduction asexuée, la division sous ses diverses formes (bipartition, bourgeonnement, et même formation de colonies) semble être davantage un procédé de multiplication de l'espèce qu'un moyen d'échapper aux contradictions de la croissance, car les tailles ne varient pas entre des limites précises. La durée de vie n'est pas limitée, elle non plus : un individu initial peut vivre indéfiniment en émettant des bourgeons, si les conditions s'y prêtent. On peut parler d' immortalité potentielle. La signification de ce terme ne doit toutefois pas être exagérée : si l'individu ne meurt que par accident, c'est parce que son organisme est soumis, au cours de la croissance et de la multiplication, à un renouvellement continu qui permet l'élimination et le remplacement des molécules d'acide nucléique déformées ou des cellules vieillies.

Avec la reproduction sexuée apparaît une distinction entre soma et germen. Les cellules germinales, d'où dérivent les gamètes, sont potentiellement immortelles puisque deux gamètes peuvent, en s'unissant, donner naissance à un nouvel individu. Les cellules du soma, au contraire, mourront un jour avec l'organisme tout entier, car les cellules permanentes, non remplacées, s'usent peu à peu par dégradation de leurs acides nucléiques ou accumulation de déchets ; leur vieillissement entraîne la sénilité de l'individu et augmente ses risques de mourir : les corrélations se dégradent et la résistance aux agressions diminue. Au total, le vieillissement est la conséquence de l'arrêt de la croissance (ou plus exactement de la multiplication des cellules), et non l'inverse. Carrel a pu conserver en culture, de 1912 à 1946 (où un accident mit fin à l'expérience), les fibroblastes d'un cœur d'embryon de poulet. On en déduit que les cellules du soma jouissent de la même immortalité potentielle (avec les réserves ci-dessus) que les cellules du germen, mais que seules ces dernières peuvent en profiter, entre autres raisons parce qu'elles échappent aux inhibitions imposées à la multiplication par la présence dans un organisme.

Croissance et développement

Périodes du cycle vital

On peut définir dans le développement animal trois grandes périodes, qui diffèrent par les rapports entre croissance et différenciation, ainsi que par les caractères de cette dernière.

a) La première période, qui s'étend approximativement de la fécondation à la mise en place des feuillets embryonnaires, se fait en général sans croissance (en taille du moins, car il y a synthèse d'acides nucléiques et de protéines aux dépens des réserves de l'œuf). Il s'y produit une différenciation potentielle, le plus souvent invisible, mais qui peut facilement être mise en évidence par l'expérience. Des ségrégations et migrations ont abouti à une redistribution hétérogène des matériaux cytoplasmiques de l'œuf entre les cellules filles, dont le devenir est ainsi plus ou moins déterminé.

b) Dans la deuxième période, la différenciation et la réalisation de la forme sont largement indépendantes de la croissance. Au cours de cette période, la différenciation correspond à l' organogenèse (genèse des organes, membres et viscères) et fait surtout intervenir des phénomènes d'induction : un certain nombre d'organisateurs agissent, par diffusion de substances inductrices, sur les territoires embryonnaires voisins et leur imposent une forme et une structure données. Après suppression d'un inducteur, une croissance banale se poursuit ; inversement, il est assez facile d'arrêter expérimentalement la croissance, presque complètement, sans trop retarder la différenciation.

c) Dans la troisième période,[...]

Pour nos abonnés, l'article se compose de 7 pages

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • E.U. : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
  • André MAYRAT : sous-directeur du laboratoire de zoologie de l'École normale supérieure, Paris
  • Raphaël RAPPAPORT : professeur de biologie du développement et de la reproduction, chef de l'unité d'endocrinologie pédiatrique et du diabète à l'hôpital des Enfants malades, directeur de l'unité de recherche I.N.S.E.R.M. sur la biologie de la croissance
  • Paul ROLLIN : professeur à la faculté des sciences de Rouen

Classification

Pour citer cet article

E.U., André MAYRAT, Raphaël RAPPAPORT, Paul ROLLIN, « CROISSANCE, biologie », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Médias

Caractéristiques de la croissance au cours du cycle cellulaire

Caractéristiques de la croissance au cours du cycle cellulaire

Caractéristiques de la croissance au cours du cycle cellulaire

Caractéristiques de la croissance au cours du cycle cellulaire. L'évaluation quantitative de la…

Rat

Rat

Rat

Croissance relative chez le rat. Coordonnées logarithmiques. Poids en grammes, rapporté à celui du…

Papillon

Papillon

Papillon

Cycle vital du papillon : l'exemple de la piéride du chou.


La piéride du chou, qui a pour nom savant…

Autres références

  • AGROMÉTÉOROLOGIE

    • Écrit par Emmanuel CHOISNEL, Emmanuel CLOPPET
    • 36 445 mots
    • 7 médias
    [...]restriction hydrique sévère au cours de cette période critique peut occasionner des baisses de rendements allant jusqu'à 50 p. 100 du poids des grains. On définit également des périodes sensibles à l'égard de la croissance. Ainsi, la betterave sucrière est une plante réputée très sensible à l'eau. Toute[...]
  • AMINOACIDES INDISPENSABLES

    • Écrit par Geneviève DI COSTANZO
    • 3 300 mots

    Au début du xx e siècle, les recherches de Wilcock et de Hopkins montrèrent que certaines protéines (gélatine, zéine) sont incapables, malgré un apport azoté quantitativement suffisant, de maintenir l'équilibre nutritif de l'animal et d'assurer sa croissance. L'adjonction à ce régime de[...]

  • ANIMAUX MODES DE REPRODUCTION DES

    • Écrit par Catherine ZILLER
    • 24 451 mots
    • 4 médias
    La reproduction asexuée ne se déclenche que lorsque l'animal atteint une certaine taille. Elle est la conséquence de la croissance. Il en est ainsi pour l'hydre, qui commence à produire des bourgeons quand la colonne gastrique, qui est en perpétuelle croissance, a une longueur suffisante.
  • ARTHROPODES

    • Écrit par Roland LEGENDRE, Max VACHON
    • 15 997 mots
    • 2 médias
    [...]: larvaires, puis nymphaires conduisant à l'état adulte ou imaginal. Chaque stade commence et finit par une mue (sauf l'imaginal bien entendu) : le rejet de la cuticule qui couvre les téguments est nécessaire à la croissance. Celle-ci est donc nécessairement discontinue. Chaque mue peut provoquer[...]
  • AUXINES

    • Écrit par Catherine PERROT-RECHENMANN
    • 27 536 mots
    • 2 médias
    Pourl'auxine comme pour la majorité des phytohormones, la mise en évidence de ses effets sur la croissance et le développement des plantes provient pour une large part de l'observation des effets de l'application exogène d'auxine sur des plantes à différents stades de développement, des organes isolés[...]
  • Afficher les 59 références

Voir aussi