CROISSANCE, biologie
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Particularités de la croissance chez les végétaux
Végétaux inférieurs
Les végétaux inférieurs sont des plantes n'ayant ni racines, ni feuilles, ni tiges anatomiquement définies. L'organisme est un thalle, de forme filamenteuse, aplatie ou plus complexe.
Parmi ces organismes, les moins différenciés morphologiquement, par exemple l'algue verte Ulva lactuca ont en principe une croissance diffuse. Elle dépend de circonstances extérieures favorables (température de l'eau assez élevée, éclairement suffisant, présence de nutriments minéraux, tels les nitrates). Le développement est alors saisonnier et son caractère opportuniste le rend volontiers « explosif » : ce sont les « marées vertes », éphémères.
Les espèces à thalle hautement différencié par exemple l'algue brune Fucus vesiculosus sont pluriannuelles et leur croissance, très ralentie l'hiver, reprend au printemps à partir de ressources endogènes qui les rendent moins dépendantes de la conjoncture environnementale. L'agrandissement de ces plantes est fortement directionnel.
Végétaux supérieurs : cormophytes
Déroulement de la croissance
La ²vitesse de croissance des tiges est beaucoup plus lente chez les végétaux ligneux (en général un mètre par an dans les meilleures conditions) que chez les plantes herbacées (les tiges grimpantes des coloquintes atteignent quatre mètres de long en un an). Elle dépend de facteurs génétiques (races géantes et races naines du haricot ou du maïs) et également des conditions externes. D'autre part, la croissance d'un organe ne peut être considérée isolément ; il existe en effet des interactions entre organes (corrélations). Ainsi, des régulateurs de croissance, synthétisés dans les feuilles, peuvent stimuler ou, au contraire, inhiber la croissance des tiges.
La croissance des tiges et des racines n'est pas rectiligne ; elle s'accompagne de mouvements, par exemple l'extrémité des tiges décrit une hélice dans l'espace ; ce mouvement, dit de circumnutation, particulièrement visible chez les tiges volubiles, aurait une origine endogène ; combiné au tropisme de contact (haptotropisme), il explique l'enroulement des vrilles. D'autres mouvements, liés à la croissance, sont déclenchés et orientés par un facteur externe, par exemple la lumière ou la température.
Mécanismes
Dans les tissus des cormophytes, la croissance d'un organe résulte de la multiplication des cellules (mérésis) et de l'accroissement de leur taille (auxésis). Ce dernier processus peut se réaliser soit dans toutes les directions (croissance isodiamétrique des cellules des tubercules), soit dans une direction privilégiée, perpendiculaire (croissance tangentielle des cellules du cambium) ou parallèle (élongation) à l'axe de croissance de l'organe.
Dans les tiges et les racines, les méristèmes sont les zones de prolifération cellulaire ; l'élongation a lieu dans des régions situées à une certaine distance des méristèmes. Une localisation précise des zones de mérésis et d'auxésis est impossible dans les feuilles.
La croissance en longueur peut se manifester au niveau d'entrenœuds très éloignés du méristème terminal de la tige (cas du blé). Elle résulte de l'entrée en activité d'amas de cellules restées à l'état méristématique et localisées juste au-dessus ou en dessous des nœuds (fig. 4).
Croissance d'un chaume de seigle et courbes montrant la résistance à la section, mesurée au dynamomètre, des différentes parties (entre-nœuds et gaines foliaires). Les parties les plus molles sont les méristèmes situés à la base de chaque entre-nœud mais soutenus par la gaine foliaire...
Crédits : Encyclopædia Universalis France
Les végétaux présentent également une augmentation de leur diamètre. Cette croissance en épaisseur est due à l'activité de méristèmes apparaissant secondairement. Il s'agit du méristème libéro-ligneux (cambium) qui apparaît entre les tissus vasculaires et le liber primaire, et du méristème subéro-phellodermique.
Le cambium est constitué par une assise de cellules qui subit des divisions tangentielles ; chaque cellule fille ainsi formée apparaît alternativement à l'extérieur (du côté du liber primaire) et à l'intérieur (du côté des tissus ligneux primaires). Les premières se différencient en cellules constituant le liber secondaire ; les autres formeront le bois.
Ce méristème joue un rôle peu important chez les végétaux herbacés : il apparaît très tard et dans les entrenœuds les plus anciens ; chez les végétaux ligneux, il se différencie dans les entrenœuds qui n'ont pas terminé leur croissance en longueur.
Rythmes
Une certaine rythmicité est imposée par les conditions externes : la croissance est plus importante au printemps et en été que pendant les saiso [...]
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Écrit par :
- André MAYRAT : sous-directeur du laboratoire de zoologie de l'École normale supérieure, Paris
- Raphaël RAPPAPORT : professeur de biologie du développement et de la reproduction, chef de l'unité d'endocrinologie pédiatrique et du diabète à l'hôpital des Enfants malades, directeur de l'unité de recherche I.N.S.E.R.M. sur la biologie de la croissance
- Paul ROLLIN : professeur à la faculté des sciences de Rouen
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Autres références
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Voir aussi
- AUXÉSIS biologie végétale
- CAMBIUMS ou ASSISES GÉNÉRATRICES ou MÉRISTÈMES SECONDAIRES
- CHROMOPROTÉINES
- CHRONOBIOLOGIE
- CIRCUMNUTATION
- CYTOKININES
- DORMINE ou ABSCISSINE II
- ACIDE INDOLE-3-ACÉTIQUE (AIA)
- MÉRÉSIS biologie végétale
- PHLOÈME ou LIBER
- PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE ou PHYTOBIOLOGIE
- RÉGULATIONS BIOCHIMIQUES
- BIOLOGIE VÉGÉTALE
- VRILLE botanique
Pour citer l’article
André MAYRAT, Raphaël RAPPAPORT, Paul ROLLIN, « CROISSANCE, biologie », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 08 août 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/croissance-biologie/