CHEMINS DE FER
Les trains à grande vitesse
Les T.G.V. (France)
Genèse du projet de ligne à grande vitesse Sud-Est
En France, à la suite des essais à grande vitesse des Landes de 1955 (record du monde à 331 km/h sur infrastructure classique et avec des locomotives proches d'engins de série existants), le Capitole (Paris-Toulouse) bénéficiait dès 1967 d'un relèvement de vitesse à 200 km/h plutôt symbolique compte tenu de la faible longueur du parcours concerné. Le bénéfice de cette vitesse fut ultérieurement étendu à certains tronçons de la ligne Paris-Bordeaux et sur Lyon-Marseille.
Mais la grande vitesse sur infrastructure spécialisée trouve son origine dans la mise en service au Japon du Shinkansen, qui révolutionna complètement le transport de voyageurs dans ce pays dès la création, en 1964, de dessertes à 210 km/h (initialement) à très haute fréquence entre T̄okȳo et ̄Osaka (cf. encadré, Vitesse ferroviaire). Cette réalisation a beaucoup inspiré les études de la S.N.C.F. Les études portèrent en priorité sur une ligne Paris-Lyon, en voie de saturation, et c'est bien la rentabilité potentielle qui a sous-tendu le projet.
Les similitudes sont en effet nombreuses : infrastructure spécialisée, rames automotrices puissantes mais les plus légères possibles pour permettre les performances nécessaires sur un profil aussi rectiligne que possible (mais qui présente en contrepartie des rampes et pentes fortes), mais aussi pour réduire les sollicitations sur l'infrastructure et ainsi les coûts de maintenance. Quelques différences significatives toutefois : la compatibilité avec le réseau classique, qui n'existe pas sur le Shinkansen (le réseau Shinkansen est à écartement standard, le réseau classique est à voie métrique), et permettait de faire bénéficier de la grande vitesse des dessertes s'étendant très au delà de Paris-Lyon ; la réservation obligatoire, prévue par la S.N.C.F. pour pouvoir gérer la mise en place de trains supplémentaires et les forcements en période de pointe, qui n'est pas nécessaire au Japon compte tenu des fréquences très élevées. Enfin, dans le projet initial Paris–Lyon, la ligne ne devait pas être électrifiée, afin de réduire le coût de premier établissement : la motorisation des rames devait être assurée par des turbines à gaz, dont la puissance massique très élevée permettait de respecter les exigences de faible masse et de performances élevées. Les Japonais avaient quant à eux fait dès le début le choix de la traction électrique.
Une rame prototype (T.G.V. 001) à turbines à gaz entraînant une transmission électrique, qui permettait, vu les craintes à l'époque concernant l'adhérence, de répartir l'effort de traction sur un grand nombre d'essieux, fut mise en service fin 1971. Composée de deux motrices et trois remorques entièrement articulées (sauf aux extrémités, les bogies sont communs à deux caisses) et de gabarit volontairement réduit pour limiter la résistance à l'avancement, cette rame a permis de valider la plupart des principes qu'on retrouvera ensuite sur les T.G.V. commerciaux.
Dans le même temps, le premier choc pétrolier (1973-1974) remettait en cause le choix de la traction autonome, et les études étaient réorientées vers une ligne électrifiée en 25 kV et 50 Hz. Des essais ont alors été effectués pour la mise au point d'un pantographe de captage de courant approprié. D'autres dispositions innovantes pour les bogies firent l'objet d'essais sur une automotrice.
Les diverses rames de T.G.V. domestiques
Pour l'exploitation de la ligne Paris-Lyon, décidée en 1974, et de ses prolongements, 117 rames, de 384 places à l'origine, ont été livrées entre 1978 et 1985. Quelques-unes sont aptes à circuler en Suisse (dessertes Paris-Lausanne). Initialement limitée à 260 km/h, leur vitesse a été portée à 270 km/h dès[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Philippe BERNARD : directeur de la coopération internationale à la Société nationale des chemins de fer français
- Daniel BRUN
: président de la rédaction de la
Revue générale des chemins de fer - Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
CHEMIN DE FER : LIGNE LIVERPOOL-MANCHESTER
- Écrit par Bernard VALADE
- 188 mots
- 1 média
Le 15 septembre 1830 était inaugurée la première ligne régulière de chemin de fer, laquelle devait servir de modèle à toutes les autres, tant pour le matériel que pour l'exploitation : la ligne Liverpool-Manchester. Pour l'établir, George Stephenson (1781-1848), l'ingénieur...
-
PREMIER TRANSPORT FERROVIAIRE DE VOYAGEURS
- Écrit par Bruno JACOMY
- 818 mots
- 1 média
Le 27 septembre 1825, un train composé d’une locomotive à vapeur et de 32 wagons emporte près de 450 personnes de la ville minière de Darlington au port de Stockton-on-Tees, au nord-est de l’Angleterre. D’une longueur de quelque 40 kilomètres, cette première ligne conjuguant la traction à vapeur,...
-
AFRIQUE AUSTRALE
- Écrit par Jeanne VIVET
- 6 102 mots
- 5 médias
...construction d'un important réseau ferroviaire qui servait à l’époque coloniale, d'outil de contrôle territorial et d'intégration à l'économie-monde. Des lignes de chemin de fer sont construites dès la fin du xixe siècle afin de transporter les minerais jusqu'aux ports du Cap, de Durban et Maputo... -
ALBERTA PROVINCE D'
- Écrit par Randy WIDDIS
- 1 819 mots
- 2 médias
...caractéristiques de la politique foncière canadienne dans l’ouest – attribution de terres à coloniser (homesteads), arpentages et concessions territoriales pour les chemins de fer – furent ensuite inspirées des États-Unis. Cependant, la colonisation fut lente, même après l’achèvement du chemin de fer Canadien... -
ALLEMAGNE (Histoire) - Allemagne moderne et contemporaine
- Écrit par Michel EUDE et Alfred GROSSER
- 26 892 mots
- 39 médias
Allemagne des usines, a-t-on dit, mais aussi deschemins de fer. Comme en France, les débuts sont modestes : Nuremberg-Fürth en 1835, Dresde-Leipzig en 1839. Le morcellement politique de l'Allemagne n'est certes pas favorable à la création d'un réseau étendu et cohérent : un peu plus de 500 km en 1840,... -
ANVERS
- Écrit par Guido PEETERS , Carl VAN DE VELDE et Christian VANDERMOTTEN
- 8 400 mots
- 5 médias
...assurées pour plus du tiers par la route et pour plus de 40 % par la navigation intérieure, mais ce chiffre inclut une importante navigation intraportuaire, de sorte qu’en réalité la route domine. Le solde va aux conduites (15 %) et au rail (7 %). Il faut encore ajouter à cela un important trafic mer/mer. - Afficher les 71 références