AFGHANISTAN
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Histoire
Situé au cœur même de l'Asie et contrôlant les voies de passage vers le sous-continent indien, l'Afghanistan a dû subir, durant sa longue histoire, l'invasion de la plupart des grands conquérants, à commencer par Cyrus le Grand pour finir par la Russie soviétique. Son histoire mouvementée se divise, en somme, en deux parties principales de longueurs presque égales : l'Antiquité et la période islamique, avec les Temps modernes en annexe de cette dernière.
Durant la première période, quoique le pays subît, presque régulièrement, l'incursion des peuples nomades habitant les régions du Nord, les influences culturelles dominantes étaient celles de la Perse, de la Grèce et des Indes.
La deuxième période fut, au contraire, dominée presque entièrement par l'Islam, qui influença profondément la culture du pays. Durant ce temps, l'Afghanistan non seulement fut transformé lui-même en un pays musulman, mais, grâce toujours à sa position géographique, dut servir de base militaire et idéologique à la propagation de la nouvelle religion dans les pays voisins.
C'est seulement au xixe siècle que le pays entra en contact avec l'impérialisme européen, à la suite des invasions anglaises provoquées par l'éventualité d'une avance russe en direction des Indes.
Quoique le pays ait réussi à recouvrer son indépendance en 1919, sa lente marche vers la modernisation fut brutalement stoppée par une série de coups d'État d'inspiration étrangère, aboutissant, à la fin de décembre 1979, à l'invasion du pays par l'armée soviétique et, par conséquent, à la résistance en masse du peuple afghan.
Les Aryens
La période historique commence en Afghanistan au Ier millénaire avant J.-C., avec la réforme religieuse prêchée par le prophète Zoroastre, en Bactriane, dans la vallée de l'Amou-Daria (l'Oxus des historiens classiques). La nouvelle religion, fondée sur une conception dualiste du monde et de l'histoire, reflétait au fond le conflit perpétuel existant entre les tribus aryennes, sédentaires, pratiquant l'élevage et l'agriculture, d'un côté, et les hordes nomades habitant les pays du Nord et se déplaçant vers le sud, en quête de pâturages et de terres fertiles, de l'autre. Cela explique la place privilégiée accordée dans la nouvelle religion à la protection des animaux domestiques, surtout à celle de l'espèce bovine que l'on retrouve dans le culte de la vache chez les hindous de notre temps, descendants de la branche indienne des Aryens. Outre le bœuf, les Aryens avaient réussi à domestiquer d'autres animaux nécessaires à leur économie rurale, tels que le cheval, le chameau et le chien, qu'ils tenaient en grande estime comme gardien de leur bétail. Ils cultivaient le blé, l'orge et d'autres céréales. La religion, pour eux, était enracinée dans le sol et avait comme tâche de sauvegarder les intérêts d'une communauté agricole dépendant, avant tout, de son bétail. C'est ainsi que pour les Aryens convertis au zoroastrisme, le vrai et le bon (Ahura Mazda) se confondaient avec l'utile et le profitable, tandis que le faux et le mal (Angra Maina) correspondaient à tout ce qui était nuisible à la prospérité de la communauté. D'après les traditions des Parsis, descendants des anciens zoroastriens, le prophète vivait au vie siècle avant J.-C., en Bactriane, au nord de l'Afghanistan actuel, sous le règne du roi local Hystaspe, qu'il réussit à convertir à sa religion. L'existence de ce souverain indique que les tribus aryennes avaient déjà atteint dans leur évolution socio-économique l'étape de la formation d'une administration centrale sous la forme d'une monarchie. Notre connaissance sur l'histoire de ce royaume, qui, en dehors de la Bactriane, comprenait aussi la partie nord-est de la Perse ainsi que le Turkménistan d'aujourd'hui, reste bien limitée. Nous savons cependant que, peu après, le pays fut conquis par le souverain mède Cyrus le Grand (559-530 av. J.-C.), qui le rattacha à l'empire achéménide. À la suite de cette conquête, la nouvelle religion put se répandre largement et devint la religion officielle de l'empire. Cependant, les Aryens ne connaissant pas l'écriture au temps de Zoroastre, le texte de leur livre sacré, Avesta, garda pendant longtemps la forme d'une tradition orale, transmise d'une génération à l'autr [...]
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Écrit par :
- Daniel BALLAND : agrégé de géographie, maître de conférences à l'université de Paris-IV-Sorbonne
- Gilles DORRONSORO : professeur de science politique, université Paris-I- Panthéon-Sorbonne
- Mir Mohammad Sediq FARHANG : réfugié afghan, ancien membre du Parlement
- Pierre GENTELLE : directeur de recherche au C.N.R.S.
- Sayed Qassem RESHTIA : diplomate, historien, journaliste
- Olivier ROY : directeur de recherche au C.N.R.S.
- Francine TISSOT : chargée de mission des Musées nationaux, musée Guimet
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Pour citer l’article
Daniel BALLAND, Gilles DORRONSORO, Mir Mohammad Sediq FARHANG, Pierre GENTELLE, Sayed Qassem RESHTIA, Olivier ROY, Francine TISSOT, « AFGHANISTAN », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 18 mai 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/afghanistan/