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AFFICHE

Les années 1950 : design et humour

<it>Exposition de sculptures de Henry Moore</it>, H. Tomaszewski - crédits : Musée de l'affiche, Varsovie

Exposition de sculptures de Henry Moore, H. Tomaszewski

Le style suisse est importé à Milan par Max Huber, qui travaille à partir de 1946 pour Olivetti, La Rinascente et le circuit automobile de Monza. Ce style fait de nombreux émules en Italie – Albe Steiner, Franco Grignani –, où l'association entre design et graphisme est particulièrement fructueuse dans les années 1950-1960. Giovanni Pintori, directeur artistique d'Olivetti de 1950 à 1967, renouvelle l'identité de l'entreprise à partir des principes suisses mâtinés de références au futurisme et à l'art concret, en s'entourant d'une pléiade de créateurs et en faisant appel pour ses campagnes à Herbert Bayer, F. H. K. Henrion, Xanti Schawinsky ou Savignac.

<it>Vertigo</it> d'Alfred Hitchcock, 1958, affiche de S. Bass - crédits : AKG-images

Vertigo d'Alfred Hitchcock, 1958, affiche de S. Bass

Le New Bauhaus de Chicago, auquel contribuent Herbert Bayer ou le Hongrois Gyorgy Kepes, comme l'enseignement d'Alexey Brodovitch à la Pennsylvania School of Industrial Arts, perpétuent le modernisme en Amérique et forment de jeunes graphistes tels que Gene Federico ou Paul Rand, responsable de la ligne graphique d'I.B.M. à partir de 1956, immense travail de façonnement d'une identité déclinée dans des affiches singulières. Saul Bass, par ailleurs, innove dans le domaine des génériques et bandes-annonces de films, auxquels la conception des affiches est associée, comme pour L'Homme au bras d'or (1955) d'Otto Preminger.

En France, Marcel Jacno et Roger Excoffon, dessinateurs de caractères soucieux de maintenir une typographie française face au style suisse, expérimentent leurs créations dans de nombreuses affiches. Le premier met en place l'identité visuelle du Théâtre national populaire, fondée sur un alphabet original, le Chaillot, appliquée dans une célèbre ligne d'affiches inaugurée en 1951. Le second conçoit plusieurs alphabets de titrage (Banco, Mistral, Nord) qu'il emploie dans ses réalisations pour Air France notamment.

Raymond Savignac, ancien assistant de Cassandre, fait preuve quant à lui d'une grande économie de moyens, au service de véritables gags visuels dans ses créations pour Monsavon (1949), Campari et Cinzano (1951) ou Life (1955). À ce renouveau de l'affiche publicitaire, fondé sur la simplification du message et l'humour, participent également André François, ainsi que les Suisses Donald Brun et Herbert Leupin, le Britannique Tom Eckersley, le Néerlandais Dick Elffers ou l'Italien Armando Testa.

Au milieu des années 1950, la Pologne bénéficie d'une sorte d'« exception culturelle » concédée par le système soviétique, qui conduit à une floraison d'affiches due aux meilleurs graphistes, souvent également décorateurs de théâtre. Lesquels se reconnaissent un jeune maître, Henryk Tomaszewski (Moore, 1959), qui inaugure un enseignement de l'affiche à l'école des Beaux-Arts de Varsovie.

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Écrit par

  • : historien du graphisme et de la typographie, diplômé en histoire de l'École des hautes études en sciences sociales, Paris

Classification

Pour citer cet article

Michel WLASSIKOFF. AFFICHE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<em>Campari</em>, M. Glaser - crédits : Permission of the Estate of Milton Glaser/ Copyright Milton Glaser

Campari, M. Glaser

<it>Moulin-Rouge : La Goulue</it>, H. de Toulouse-Lautrec - crédits : Indianapolis Museum of Art/ Getty Images

Moulin-Rouge : La Goulue, H. de Toulouse-Lautrec

Affiche de la première exposition de la Sécession, G. Klimt - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Affiche de la première exposition de la Sécession, G. Klimt

Autres références

  • APELOIG PHILIPPE (1962- )

    • Écrit par Michel WLASSIKOFF
    • 1 040 mots
    ...1993-1994, bénéficiant de la première résidence allouée à un graphiste, Philippe Apeloig est pensionnaire de l’Académie de France (Villa Médicis) à Rome. Ce séjour lui permet de perfectionner des alphabets de titrage qu'il a commencé d'expérimenter dans ses affiches. Selon lui, « la typographie est centrale...
  • ART NOUVEAU

    • Écrit par Françoise AUBRY
    • 8 824 mots
    • 23 médias
    L'affiche illustrée est un puissant moyen de diffusion ; son essor correspond à l'épanouissement de l'Art nouveau. La carrière d'Alfons Mucha est lancée par ses affiches pour l'actrice Sarah Bernhardt. Au faîte de sa gloire, Mucha ouvre un cours de composition d'art décoratif et...
  • ART URBAIN

    • Écrit par Stéphanie LEMOINE
    • 2 727 mots
    • 4 médias
    ...les avant-gardes. Au tout début du xxe siècle, le futurisme puis le constructivisme voient dans les manifestations de rue, dans la fresque ou l' affiche publicitaire et politique autant de contrepoints à l'asphyxie qui règne dans les musées. L'effervescence créatrice qui entoure la révolution russe...
  • BAYER HERBERT (1900-1985)

    • Écrit par Yve-Alain BOIS, Universalis
    • 1 672 mots
    ..., provoque un dépaysement par les ruptures d'échelles ou les couleurs volontairement faussées. Réveiller le lecteur ou le spectateur d'une affiche, d'un livre, tel est le but que Bayer s'assigne, ce qui fait de lui un des créateurs publicitaires les plus importants du siècle mais aussi,...
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Voir aussi