POTERIE
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On distingue deux catégories essentielles de poteries : la poterie tendre et la poterie dure. C'est la poterie tendre qui apparaît d'abord, dès l'époque néolithique. Les poteries tendres sont caractérisées par la contexture de leur pâte argilo-sableuse, plus ou moins compacte, mais toujours rayable par l'acier et poreuse ; elles ne peuvent pas subir les hautes températures de cuisson, réservées aux poteries dures, et elles demeurent opaques, même en faible épaisseur. Alexandre Brongniart, dans son Traité des arts céramiques, classe les poteries tendres en terres cuites nues (sans glaçures), poteries lustrées (à glaçures minces, silico-alcalines), poteries vernissées (à glaçures plombeuses) et poteries émaillées (à émail stannifère) ; ces dernières constituent la catégorie particulière que les historiens désignent sous le nom de faïence. Le stade initial de la poterie tendre est celui de la terre nue séchée au soleil, puis cuite. Très tôt, vraisemblablement plusieurs millénaires avant notre ère, les recherches se sont orientées vers la découverte d'enduits destinés à assurer l'étanchéité des récipients et aussi à les orner, afin de passer de l'objet strictement utilitaire à l'objet décoratif.
La classification des produits céramiques due à Brongniart est fondée sur un critère simple, la dureté. Elle place dans une même catégorie, celle des poteries à pâte dure, opaque, non rayable par l'acier et infusible, des produits de nature et de texture différentes : les faïences fines à pâte blanche et les grès cérames à pâte colorée. Cette classification semble aujourd'hui un peu superficielle eu égard à la grande variété de produits que l'on est amené à y placer et à la meilleure connaissance que l'on a de leur structure.
Art monumental, art mineur ? On peut s'interroger devant une maquette de Rodin, un retable de Nicoloso Pisano, ou un simple gobelet anonyme. Rarement se pose la question de savoir quelle est cette matière aussi fragile que le verre, aussi résistante que la pierre ou le fer. Les techniciens se sont interrogés sur les terres et leur composition minéralogique, sur les céramiques, sur la nécessité pratique de les classer. Le classement de P. Munier se fonde sur la nature et la composition des pâtes. D'où la distinction faite entre la poterie siliceuse et la poterie argileuse, qui sont toutes deux des pâtes tendres et poreuses, mais dont le constituant de base a une nature différente. Une poterie siliceuse est un produit céramique à pâte tendre et poreuse, riche en quartz, et qui peut devenir dure et imperméable si sa teneur en silice et sa température de cuisson augmentent (grès, porcelaine tendre). Il semble que l'utilisation des pâtes siliceuses se trouve concentrée au Proche-Orient dans un triangle sommaire que l'on peut tracer de l'Égypte à la Perse en passant par l'Anatolie.
Poterie tendre
Extrême-Orient
La poterie ornée se trouve en Chine dès l'époque néolithique. Dans les régions de Jiangsu et dans la vallée du Huanghe, les fouilles ont livré en abondance des poteries tendres cuites à basse température et peintes de pigments de terre rouge ou noire, des poteries grises ou des poteries noires polies. L'époque Han (206 av.-220 apr. J.-C.), qui connaissait déjà les glaçures plombeuses, a fait de la poterie l'un des modes d'expression les plus riches, notamment par les figurines humaines ou animales destinées au mobilier funéraire. Sous les Tang (618-907), le goût de la polychromie s'affirme avec les perfectionnements techniques des glaçures ou l'emploi de rehauts de peinture sur une couche superficielle de terre blanche, et cela pour animer la statuaire. Cependant, malgré ce premier essor remarquable de la poterie tendre, les Chinois, dès le temps des Song (960-1279), donneront la priorité aux poteries dures. Au Japon, comme en Chine, la poterie tendre appartient aux hautes époques, car dès les ve et vie siècles le grès, poterie dure opaque, introduit au Japon par les Coréens, s'impose.
Asie antérieure et Proche-Orient
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Écrit par :
- Colette CROUZET : diplômée de l'École du Louvre, chargée de missions au musée de Narbonne
- Jeanne GIACOMOTTI : conservateur honoraire des Musées nationaux
- Henri MORISSON : ingénieur de l'École nationale supérieure de céramique industrielle de Sèvres, professeur technique honoraire de céramique industrielle
Classification
Autres références
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Voir aussi
Pour citer l’article
Colette CROUZET, Jeanne GIACOMOTTI, Henri MORISSON, « POTERIE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 11 août 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/poterie/