POTERIE
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Poterie dure
Procédés de fabrication
Si l'on porte à haute température une argile pure formée essentiellement de kaolinite, c'est-à-dire de silicate d'alumine hydraté, on constate qu'après une série de réactions physico-chimiques de décomposition et de restructuration moléculaire, on obtient un corps qui durcit tout en restant poreux et rayable par l'acier jusqu'à haute température et dont la résistance mécanique est faible. Une telle argile n'est donc pas toujours utilisable seule en poterie. Ces argiles réfractaires, rendues blanches par la cuisson, sont réservées à la fabrication de produits fins (porcelaines et faïences fines), mais elles sont toujours mélangées avec d'autres matières ; ce changement de composition entraîne après cuisson une modification de la structure et des caractéristiques nouvelles concernant la cohésion, la porosité, la vitrification. En réalité, la plupart des terres sont impures et, parmi les impuretés qu'elles contiennent, des éléments fondants (soude, potasse, chaux, etc.) vont réagir à la cuisson pour former des silico-aluminates complexes, de fusibilité variable mais pouvant donner à des températures assez basses une phase vitreuse qui lie les éléments cristallins de la pâte et leur donne de la cohésion. Le produit restera d'autant plus poreux que cette phase vitreuse sera moins développée. La vitrification dépendra donc de la composition de la pâte et de la température de cuisson.
Les éléments fondants sont de nature très diverse et donnent naissance à des silicates dont la viscosité est variable. Certains, comme la chaux, employée en quantité, peuvent amener une diminution brutale de la viscosité, ce qui provoque un ramollissement et une fusion soudaine à température relativement basse. Par contre, si l'élément fondant donne des silicates fusibles dont la viscosité diminue lentement avec la température, le produit peut se vitrifier progressivement sans ramollissement, la porosité diminue et s'annule. Il y a « grésage ». Le produit ne subit pas de déformations avant une vitrification plus complète et la fusion ne se produit qu'à température beaucoup plus haute. C'est le cas des argiles dites « à grès », riches en éléments alcalins qui ont une importante phase vitreuse à forte viscosité et à long palier de cuisson. Cette texture est obtenue avec ces argiles par une cuisson à environ 1 250 à 1 300 0C. On obtient alors ce que l'on appelle des grès communs ou naturels, souvent colorés par la présence d'oxyde de fer. Mais cette vitrification peut être amenée artificiellement par l'adjonction de matières naturelles riches en alcalis (feldspath par exemple) à des argiles blanches plus réfractaires, avec éventuellement adjonction de kaolin, ce qui donnera des grès plus blancs : grès composés ou grès fins.
Une vitrification plus poussée conduira à une dissolution plus complète du quartz. On voit alors apparaître dans cette pâte une infinité de petits pores microscopiques caractéristiques des porcelaines. Cela montre la parenté de ces dernières avec certains grès fins et la difficulté de classer, en particulier dans l'art de l'Extrême-Orient, ces deux produits.
Si, au contraire, la vitrification est moins poussée, à cause d'une adjonction moins grande de fondant et malgré une température de cuisson souvent supérieure à 1 250 0C, la pâte peut être très compacte et dure, bien qu'encore poreuse et riche en silice non stabilisée. Le fondant ne fait ici que lier les éléments cristallins du tesson. On a dans ce cas une faïence fine feldspathique, sur laquelle une glaçure sera appliquée pour en supprimer la perméabilité. Ce sont les produits issus de cette technique qui ont été mis au point au xviiie siècle par les ateliers anglais, qui furent copiés ensuite dans toute l'Europe. Dans certains cas, les faïences fines et les grès anglais ou français peuvent présenter de grandes analogies. La confusion vient donc de ce que l'on a fabriqué simultanément dans ces ateliers, jusqu'à l'époque où Brongniart établit sa classification, deux types de produits dont les matières étaient très voisines et les ornementations identiques. Cela explique que l'on a pu présenter côte à côte dans les musées ou les expositions des faïences fines et des grès de cette période très semblables, ces productions particulières étant dans ce cas indissociables.
D'autres types de pâtes ont été réalisés à une époque plus récente, dont l'élément fondant n'est plus le feldspath, qui agit à haute température, mais le calcaire ou un verre ; un [...]
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Écrit par :
- Colette CROUZET : diplômée de l'École du Louvre, chargée de missions au musée de Narbonne
- Jeanne GIACOMOTTI : conservateur honoraire des Musées nationaux
- Henri MORISSON : ingénieur de l'École nationale supérieure de céramique industrielle de Sèvres, professeur technique honoraire de céramique industrielle
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Pour citer l’article
Colette CROUZET, Jeanne GIACOMOTTI, Henri MORISSON, « POTERIE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 11 août 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/poterie/