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JUDAÏSME La religion juive

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Les rabbins et le Talmud

Seuls les pharisiens survécurent à la catastrophe de la destruction du second Temple (70). Depuis lors, leur parti s'identifie au judaïsme. Ce n'est que sept siècles plus tard qu'apparut la première exception, les « karaïtes ». Héritière du pharisaïsme, la classe des rabbins (le mot signifie « maître ») se recrutait dans un large éventail social. Durant près de quatre siècles, cependant, le judaïsme palestinien fut dirigé, politiquement et religieusement, par un « patriarche », en principe descendant de David. Le savoir traditionnel fonde l'autorité des rabbins. Il s'acquiert au cours d'une longue formation ; on le transmet ensuite avec le plus grand zèle. Le centre de la vie juive est désormais l'étude de la Loi. Plus encore que la Bible, la tradition orale doit être enregistrée par la mémoire et constamment répétée. On discute les traditions divergentes et l'on détermine les interprétations acceptables ; puis on fait un choix parmi celles-ci, en fonction des diverses situations de la vie quotidienne, considérée dans tous ses détails.

Le rabbin est aussi un guide spirituel. Il est responsable de la foi du peuple, obligé de vivre au milieu d'un monde hostile, païen puis chrétien, qui lui conteste la valeur de son attente messianique. Ainsi s'expliquent les deux grandes composantes de l'enseignement rabbinique toujours fondées sur l'Écriture : la règle de conduite, ou loi positive ( halaka), et l'homélie au sens le plus large (aggada). Cette dernière embrasse, en plus de l'enseignement religieux et moral proprement dit, la polémique, la spéculation métaphysique et mystique, et jusqu'au folklore. Au iie siècle, on éprouva le besoin de systématiser ce qu'avait produit l'exercice ainsi ramifié de la charge rabbinique. L'un des recueils constitués (sous le patronage du patriarche Juda) acquit force de loi, la Mishna. Ce document devint matière d'enseignement de base ; bien des commentaires lui sont adjoints, élucidations et décisions sollicitées par les situations nouvelles. Tout ce matériau fut élaboré dans des écoles de Palestine et surtout de Babylonie, où, sous l'hégémonie sassanide, les juifs jouissaient d'une situation généralement favorable ; on l'ordonna et on le rédigea en lui annexant une masse abondante d'aggada ; ce fut le Talmud. Le Talmud palestinien fut rédigé vers 400 en Palestine, le Talmud babylonien, au cours des deux siècles suivants, en Babylonie. Le second, bien plus vaste, s'est largement imposé, au point qu'il a généralement supplanté le Talmud palestinien. À part de rares exceptions (les juifs d'Éthiopie, par exemple), et non sans mal car il a fallu des siècles d'efforts soutenus, les rabbins sont partout parvenus à soumettre les communautés juives à la règle talmudique.

Du point de vue tant spirituel que juridique, le judaïsme a désormais sa structure. Pour l'essentiel, il n'a pas varié. La liturgie elle-même s'est fixée assez rapidement. Dès les premiers siècles talmudiques, ses points majeurs sont définis ; la prière du matin et de l'après-midi remplaçant les sacrifices du Temple ; la profession de foi : « Écoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, est Seigneur unique », encadrée de prières appropriées, matin et soir. Le second élément fondamental de cette liturgie est la série des dix-huit (puis dix-neuf) brèves oraisons (dites « bénédictions ») qui expriment les aspirations de la collectivité et de l'individu. Tels sont les deux éléments liturgiques de base autour desquels se concentre une littérature religieuse, en prose comme en vers, qui n'a pas manqué de s'épanouir rapidement. Le samedi a lieu la lecture publique du Pentateuque divisé en péricopes, avec extraits correspondants[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section)

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Maimonide - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

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