Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

JUDAÏSME La religion juive

  • Article mis en ligne le
  • Modifié le
  • Écrit par

Résorption du messianisme et tentative d'intégration

Alors que le Talmud était trop l'apanage d'une minorité d'intellectuels – il exigeait des connaissances étendues et proposait des méthodes particulièrement arides –, le «  sabbataïsme », éliminé au terme d'un long et difficile processus, avait laissé ouverte la question de la direction spirituelle et irrésolu le problème d'une piété qui fût davantage à la portée des masses. Dans un tel contexte naquit, au milieu du xviiie siècle, dans la partie occidentale de l'Europe à forte population juive, le «  hassidisme » (à distinguer de celui mentionné plus haut), nouveau mouvement piétiste, animé par des chefs charismatiques (les « Justes », dits « rabbins miraculeux »). Ceux-ci fondèrent rapidement de véritables dynasties dont certaines sont encore actives aujourd'hui. Les partisans du Talmud réagirent vivement ; mais on n'alla jamais jusqu'à la dissidence sectaire. À ce mouvement, le judaïsme doit un renouveau spirituel populaire, l'intériorisation des concepts kabbalistiques et la création d'une discipline de groupe en un temps où, conjointement avec l'effondrement de l'État polonais, l'organisation politique et sociale du judaïsme allait se dégradant. Par contre, il faut mettre à son passif l'apparition d'un culte de la personnalité avec les abus qui s'ensuivent, et le refus de tout contact culturel avec le monde environnant, à peine moins inflexible à vrai dire dans les milieux traditionalistes non hassidiques d'Europe centrale. Cette attitude ne pouvait qu'aggraver l'inadaptation sociale des juifs et renforcer la discrimination dont, en raison de leur simple existence, ils étaient l'objet en Russie, en Roumanie et, dans une moindre mesure, dans l'Empire austro-hongrois. Or, dès le milieu du xviiie siècle, en Europe centrale et occidentale, surtout en Prusse, la bourgeoisie juive eut tendance à s'ouvrir aux idées du siècle des Lumières : la grande déception messianique avec ses séquelles tenaces, ressentie dans une situation juridique et sociale relativement stable, fut la cause qu'on rechercha, en même temps que l'émancipation politique, l'insertion harmonieuse dans la société chrétienne. Au xixe siècle, l'évolution fut rapide. Elle avait été préparée par Moïse Mendelssohn (1729-1786) et son groupe, qui traduisirent la Bible en allemand littéraire. La propagande de ces hommes tendait à démontrer que les juifs, adeptes d'une « législation révélée » et d'une religion sans dogmes, pouvaient prétendre aux droits civiques sans renoncer à leur statut religieux original et toujours intangible. Or, dès la fin des guerres de Napoléon, les efforts des juifs en vue de leur émancipation (acquise constitutionnellement en France) s'intensifient. On jette les fondements d'une étude critique du passé juif d'où il devait ressortir qu'une fois éliminés les préjugés des siècles obscurs ce serait l'esprit de libéralisme qui pourrait résoudre le problème posé par la coexistence des juifs et des Gentils. On alla jusqu'à préconiser l'allègement de la liturgie et la prédication en langue nationale ; et même jusqu'à remplacer catégoriquement les espérances messianiques par la conviction vigoureusement formulée dans le progrès indéfini de l'humanité ; on en vint aussi à relâcher, sinon abandonner, les pratiques rituelles concernant le sabbat, les lois alimentaires et l'interdiction des mariages mixtes. Cette « réforme » (en France, on parle plutôt de « judaïsme libéral ») connut davantage de succès aux États-Unis, où dès le second tiers du xixe siècle émigrèrent beaucoup de juifs, venus d'Allemagne, d'Autriche, puis de Russie. La masse juive polono-russe[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section)

Classification

Pour citer cet article

Georges VAJDA. JUDAÏSME - La religion juive [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Média

Maimonide - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Maimonide

Autres références

  • ADAM

    • Écrit par
    • 1 758 mots

    En hébreu, le nom commun adam, toujours employé au singulier, signifie « homme » en tant qu'espèce et non en tant qu'individu de sexe masculin. L'étymologie en est discutée. Le récit de la Genèse(ii, 7) l'a rapproché du mot adamah, « terre », mais c'est peut-être là...

  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale

    • Écrit par
    • 21 496 mots
    • 29 médias
    ...influences moyen-orientales et méditerranéennes, l'Afrique du Nord et du Nord-Est a précocement adhéré à l'un ou l'autre des monothéismes nés au Moyen-Orient. Le judaïsme a longtemps été présent dans les villes du Maghreb, notamment au Maroc avec ses quartiers juifs, les mellâh. La plupart des juifs d'Afrique...
  • ALEXANDRIE ÉCOLE PHILOSOPHIQUE D'

    • Écrit par
    • 2 186 mots
    Ces diverses tendances philosophiques, dont la cohérence originelle était, on le voit, passablement ébranlée, se trouvaient d'autant plus aptes à intéresser une partie importante de la population d'Alexandrie : la communauté juive. L'implantation juive en Égypte est attestée dès le ...
  • ALLIANCE, histoire biblique

    • Écrit par
    • 950 mots

    Nom donné, dans la Bible, à des contrats, à des promesses ou accords passés en forme rituelle et solennelle entre Dieu et des individus, entre Dieu et Israël, entre plusieurs individus ; ces alliances sont sanctionnées par un serment. Elles étaient, à l'origine, des instruments politiques...

  • Afficher les 100 références