MISHNA
Terme hébraïque qui, dans le judaïsme, a commencé par désigner l'ensemble de la loi orale en corrélation avec le texte écrit (mikra), mais en est venu, en fin de compte, à s'appliquer au recueil des halakot rédigé et publié par le patriarche Juda Ier vers le début du iii e siècle.
La Mishna se compose de six ordres (sēdarīm) dont le contenu recouvre aussi bien les prescriptions rituelles et juridiques que l'énoncé de normes éthiques et religieuses. Son élaboration fut une œuvre de longue haleine. Les traités les plus anciens en rapport avec la liturgie du Temple ont été rédigés dans leur forme première par des témoins directs de ce qui s'y déroulait. Les lois de pureté lévitique sont issues de traditions préservées dans les milieux sacerdotaux, cependant que beaucoup de halakot ont leur source dans la jurisprudence effective des tribunaux (battei din) de l'époque des tannaïm. Il arriva aussi qu'on eût recours à la vox populi. La fixation de la règle par déduction à partir du texte biblique s'est trouvée limitée par l'autorité de la tradition (cf. Pessahim, 66 a).
Différents critères ont servi à l'arrangement des halakot : des critères thématiques aussi bien que des critères formels. Les diverses académies des tannaïm, à partir de l'école de Yabné, furent le cadre de cette entreprise. Rabbi Akiva en particulier est considéré comme l'architecte de la Mishna (Sanhédrin, 86 a). Rabbi Juda ha-Nassi (le Saint ou le Prince) mena l'œuvre à son terme, combinant les diverses sources dans un ordre et selon une formulation qui lui sont personnels, tranchant aussi entre les opinions de ses prédécesseurs et de ses collègues. La Mishna une fois publiée devient, en même temps qu'un code légal, le point de départ obligé des discussions qui, en Palestine et en Babylonie, vont donner naissance au Talmud.
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Écrit par
- André PAUL : bibliste
Classification
Pour citer cet article
André PAUL, « MISHNA », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
Autres références
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COMPILATION DE LA MISHNA
- Écrit par Gérard NAHON
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La Mishna, qui signifie en hébreu répétition (de la Loi) désigne d'abord dans le judaïsme la loi orale en corrélation avec le texte biblique (miqra), ensuite le recueil juridique compilé sous la direction du patriarche Juda ha-Nassi (le Prince) dans ses académies de Bet Shearim[...]
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BIBLE - L'étude de la Bible
- Écrit par André PAUL
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– Nous retiendrons encore ce que l'on appelle couramment la littérature rabbinique. Inaugurée par la Mishnah à la fin du ii e siècle de notre ère, elle comprend surtout les Talmuds et les Midrashim. Elle est énorme. Ici aussi, les choses ont grandement bougé. Le savant juif américain J.[...] -
HÉBRAÏQUES LANGUE & LITTÉRATURE
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À la dernière phase de l'hébreu vivant, l'idiome populaire accède à la qualité de langue littéraire. L'œuvre principale qui en fait usage et qui lui donne son nom est la compilation de la Mishna (ii e siècle de notre ère). -
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Règle de conduite pratique, la halakha (de la racine hébraïque halakh, « aller ») est le guide officiel de la vie religieuse et civile dans le judaïsme. Décrétée par l'autorité compétente (les rabbins) dans des formes déterminées, elle est obligatoire pour tout juif orthodoxe et a[...]
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JUDAÏSME - Histoire du peuple juif
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[...]définie par R. Aqiba, R. Meir revoit le code dans son ensemble et, sous la direction de R. Juda le Prince, une compilation est menée à bien vers 200, la Mišnā, qui signifie répétition (de la Loi). Les commentaires non officiels, compilés également, constituent la Tossephta (supplément), tandis que[...] - Afficher les 13 références