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GRÈCE ANTIQUE (Civilisation) La religion grecque

L'époque classique

Il y a en apparence plus de stabilité à l'époque classique qui s'ouvre avec le triomphe des Grecs dans les guerres médiques. De fait, la religion civique connaît d'abord un extraordinaire essor, vite manifeste dans les grandes constructions d'Athènes et dans les représentations des Olympiens impassibles de Phidias. Mais vers 430 apparaissent des signes avant-coureurs d'une transformation qui se développe surtout au ive siècle et qui donne à la religion grecque une chaleur et un mysticisme jusque-là inconnus.

Essor de la religion civique

La Grèce sort paradoxalement victorieuse de la crise des guerres médiques : la ferveur envers les dieux ne laisse pas d'en être considérablement renforcée dans toutes les cités qui ont participé à la gigantesque mêlée.

Sanctuaire d’Athéna Pronaia, Delphes - crédits : Charlie Waite/ Getty Images

Sanctuaire d’Athéna Pronaia, Delphes

C'est le cas notamment à Athènes. Les dieux et les héros de l'Attique ont lutté aux côtés des Athéniens, à Marathon comme à Salamine ; Athéna a fait repousser l'olivier sacré de l'Acropole, rasé par les Perses. La cité se sent entraînée dans un vif élan de gratitude, qui se traduit, notamment à Delphes, par l'érection d'ex-voto, par le trésor des Athéniens (élevé entre les deux guerres) et, à la génération suivante, par l'héroon où Phidias sculpte les statues de Miltiade et des dieux et héros nationaux.

Cet élan se traduit aussi par la reconstruction générale des sanctuaires, rendue nécessaire par les dévastations des Perses. Si elle est relativement lente et si l'on doit se contenter après la victoire d'une remise en état sommaire permettant de continuer l'exercice du culte, elle profite du programme social de Périclès, soucieux de procurer un salaire à tous en multipliant les travaux publics, de l'extension de l'empire – la démocratie triomphante utilise sans scrupule les contributions des cités alliées pour l'embellissement d'Athènes –, de l'évolution de l'art, davantage maître de ses techniques et qui atteint un certain apogée classique avec Phidias. L'œuvre primordiale est un nouvel aménagement de l'Acropole, si vaste qu'il ne sera d'ailleurs achevé qu'à la fin du siècle, mais l'on n'oublie ni les temples d'Héphaïstos et de Dionysos, à Athènes, ni ceux de Poséidon, au Sounion, de Némésis, à Rhamnonte, des « deux déesses », à Éleusis.

Temple d'Héphaïstos, Athènes - crédits : Index/  Bridgeman Images

Temple d'Héphaïstos, Athènes

Temple de Poséidon, au cap Sounion - crédits : De Agostini/ Getty Images

Temple de Poséidon, au cap Sounion

L'équilibre religieux du vie siècle entre divinités poliades et dieux chthoniens persiste et se révèle un facteur important de l'eurythmie d'Athènes sous Périclès. Les plus anciennes divinités de l'Attique, Poséidon et Athéna, qui s'étaient disputé le pays dans une joute de générosité, sont honorées conjointement au cap Sounion comme sur l'Acropole. Athéna surtout triomphe, puisqu'elle se voit créditer d'un nouveau temple, « le grand temple » (plus tard appelé Parthénon), magnifique écrin de marbre pour la statue de la Parthénos (Vierge), et de deux autres statues de Phidias, la Promachos (celle qui combat au premier rang) et la Lemnia (offrande des colons athéniens de Lemnos). Les sculptures du Parthénon exaltent les divinités nationales sur les frontons (nativité d'Athéna, à l'est ; dispute de l'Attique entre Athéna et Poséidon, à l'ouest) et sur les métopes le triomphe de l'ordre lucide sur le désordre brutal, symbolisé par la victoire des dieux sur les Géants, des Grecs sur les Amazones, des Lapithes sur les Centaures, des Grecs sur les Troyens. C'est bien le message de la religion d'État dans une cité qui proclame avec Périclès, disciple du philosophe Anaxagore de Clazomènes, que seul l'Esprit humain peut ordonner le chaos originel. Enfin les fêtes en l'honneur de la déesse se déroulent avec une pompe qui fait d'Athènes, au moment de leur célébration, le rendez-vous de l'empire[...]

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Écrit par

  • : ancien membre de l'Institut, ancien directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section)
  • : professeur émérite de l'université de Franche-Comté

Classification

Pour citer cet article

André-Jean FESTUGIÈRE et Pierre LÉVÊQUE. GRÈCE ANTIQUE (Civilisation) - La religion grecque [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Idole, art cycladique - crédits :  Bridgeman Images

Idole, art cycladique

Statuette en marbre, Naxos - crédits :  Bridgeman Images

Statuette en marbre, Naxos

Offrandes - crédits :  Bridgeman Images

Offrandes

Autres références

  • BLASPHÈME

    • Écrit par Thomas HOCHMANN
    • 7 019 mots
    • 5 médias
    Dans la Grèce antique, le manque de respect envers les dieux pouvait conduire à la mort. Le procès de Socrate et sa condamnation à la peine capitale en sont l’illustration la plus connue. Si les Grecs ne parlaient pas à cet égard de « blasphème », mais d’« asébie » – άσέβεια, l’incrimination retenue...
  • L'ÂGE DES CASERNES (Michel Auvray) - Fiche de lecture

    • Écrit par Carole LABARRE
    • 953 mots

    « La conscription est bel et bien morte, prête à être rangée au musée militaire, aux côtés de l'arbalète, du sabre ou de l'ost féodal. » Par ces mots, Michel Auvray prend acte de la décision radicale annoncée par Jacques Chirac le 22 février 1996, programmant la suspension du ...

  • LES GRECS EN OCCIDENT (exposition)

    • Écrit par Claude ROLLEY
    • 1 364 mots

    Après Les Phéniciens en 1988 et Les Celtes en 1991, Les Grecs en Occident (du 23 mars au 8 décembre 1996) a constitué la troisième exposition archéologique du Palazzo Grassi – la fondation culturelle de Fiat à Venise. Le thème avait été choisi plusieurs années auparavant ; des aléas divers,...

  • RÖMER THOMAS (1955- )

    • Écrit par Christophe NIHAN
    • 1 061 mots
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    ...depuis 2010 d’explorer plusieurs thématiques anthropologiques, historiques et sociales de toute première importance (Les Vivants et leurs morts, 2012). La Grèce antique et le monde hellénistique représentent un autre versant majeur de cette approche comparatiste, ainsi qu'en témoignent les travaux réalisés...

Voir aussi