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GÉNÉTIQUE

Au cœur des sciences biologiques, la génétique se préoccupe de comprendre le mécanisme de la reproduction biologique, à tous les niveaux où elle se manifeste : individu, cellule, molécule. Mais, plus encore peut-être que par cet objectif, cette discipline est caractérisée par la démarche suivie pour l'atteindre, qui passe toujours par l'étude de la variation.

L'aptitude à varier au cours de la reproduction est une propriété générale des êtres vivants, moins évidente parfois que la propriété qu'ils ont de se reproduire semblables à eux-mêmes, mais en étroite corrélation avec elle. C'est pourquoi étudier la variation, le mécanisme de son apparition et de sa transmission dans les différentes formes de reproduction que la génétique est parvenue, en collaboration avec d'autres disciplines biologiques, à la connaissance des mécanismes fondamentaux qui assurent aussi bien le maintien de la vie que la transmission de celle-ci d'une génération à l'autre.

Cette vocation de la génétique – parvenir à élucider les mécanismes fondamentaux de la reproduction biologique grâce à l'étude de la variation – s'est affirmée dès sa naissance, à l'occasion des célèbres expériences de croisements entre variétés de pois cultivé, qui ont été réalisées par Gregor Mendel au milieu du xixe siècle. C'est au début du xxe siècle que des expériences pratiquées sur d'autres sujets, animaux ou plantes, révélèrent l'existence des gènes et leur localisation sur les chromosomes. Plus tard, après la Seconde Guerre mondiale, une troisième étape importante fut franchie : on reconnut que les gènes sont des segments de molécules d'acide désoxyribonucléique (ADN) et qu'ils agissent en servant de modèles porteurs du code qui permet aux cellules des êtres vivants de faire la synthèse des molécules protéiniques. Il restait, et il reste encore, aux généticiens bien des problèmes à résoudre. Les uns se situent au niveau du chromosome : comment les gènes, alignés sur le chromosome, sont-ils délimités les uns par rapport aux autres, et quels sont les mécanismes de variation capables d'affecter ces microstructures ? D'autres se situent au niveau de la cellule : comment les activités des dizaines ou des centaines de milliers de gènes contenus dans le noyau d'une cellule sont-elles coordonnées de telle manière que l'ensemble puisse se comporter et se reproduire comme une unité ? Comment s'expliquent les phénomènes d' hérédité cellulaire, qui ne sont pas liés à des variations des gènes chromosomiques ? Comment est-il possible aux cellules différenciées d'un même organisme pluricellulaire d'être aussi différentes, morphologiquement et physiologiquement, qu'un neurone et une cellule de la muqueuse intestinale, par exemple, tout en possédant les mêmes gènes ?

Gregor Johann Mendel - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Gregor Johann Mendel

ADN - crédits : Planeta Actimedia S.A.© Encyclopædia Universalis France pour la version française.

ADN

À toutes ces questions, les investigations qui ont été menées depuis un demi-siècle par la biologie moléculaire ont apporté une incroyable moisson de réponses dont on trouvera l'exposé dans la seconde partie du présent article : La génétique moléculaire.

À un autre niveau, celui de la biosphère et de son histoire, la génétique, science de la reproduction et de la variation, ne peut éviter d'affronter le problème de l'évolution. Toute explication rationnelle de l'évolution organique doit être fondée sur les propriétés actuelles des êtres vivants et, puisqu'il s'agit de filiation au cours de ce processus, les propriétés les plus pertinentes sont manifestement celles qu'étudie la génétique.

La science de l'hérédité

Hérédité des caractères biologiques

Une observation même superficielle reconnaît aisément les deux aspects contradictoires de la reproduction biologique : tendance à produire de l'identique et tendance[...]

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Écrit par

  • : président de la Commission du génie biomoléculaire, directeur de recherche à l'I.N.S.E.R.M.
  • : professeur honoraire à la faculté des sciences de Clermont-Ferrand
  • : professeur à l'université de Paris-Sud, Orsay

Classification

Pour citer cet article

Axel KAHN, Philippe L'HÉRITIER et Marguerite PICARD. GÉNÉTIQUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Gregor Johann Mendel - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Gregor Johann Mendel

ADN - crédits : Planeta Actimedia S.A.© Encyclopædia Universalis France pour la version française.

ADN

Génétique : monohybridisme - crédits : Encyclopædia Universalis France

Génétique : monohybridisme

Autres références

  • CHROMOSOMES ET GÉNÉTIQUE

    • Écrit par Nicolas CHEVASSUS-au-LOUIS
    • 194 mots

    Pour étudier les mécanismes de l'hérédité, le généticien américain Thomas H. Morgan (1866-1945) choisit de travailler sur la mouche du vinaigre (drosophile). Alors que la drosophile possède normalement des yeux rouges, Morgan remarque certains individus aux yeux blancs. Ce caractère...

  • GÉNÉTIQUE ET DÉVELOPPEMENT PSYCHOLOGIQUE

    • Écrit par Michèle CARLIER
    • 2 172 mots

    Quiconque observe des êtres humains est frappé par leurs points communs et leurs différences. Points communs et différences trouvent d’abord leur origine dans la génétique. Considérons deux espèces très proches : le Pan troglodytes (chimpanzé) et l’Homo sapiens (notre espèce). Leurs...

  • AGRESSIVITÉ, éthologie

    • Écrit par Philippe ROPARTZ
    • 3 931 mots
    Il existe essentiellement deux méthodes pour tester l'intervention d'éventuels facteurs génétiques dans le déterminisme des comportements d'agression chez l'animal ; tout d'abord, on dispose aujourd'hui de plusieurs dizaines de lignées ou souches de souris consanguines entre lesquelles des comparaisons...
  • ALCAPTONURIE

    • Écrit par Jacques HANOUNE
    • 383 mots

    Depuis 1822, on connaît l'alcaptonurie, une maladie très rare apparaissant dans l'enfance, associant une modification de la couleur de la peau, la présence d'urines foncées et une atteinte articulaire. En 1898, le médecin britannique Archibald Garrod identifiait la substance responsable...

  • ANIMAUX MODES DE REPRODUCTION DES

    • Écrit par Catherine ZILLER
    • 4 447 mots
    • 4 médias
    ...Souvent, les individus fils restent rattachés à l'animal souche : la reproduction asexuée produit alors une colonie (Cœlentérés, Bryozoaires, Tuniciers). Ce type de reproduction repose sur la seule division mitotique, au cours de laquelle le nombre de chromosomes reste constant, de sorte que le patrimoine...
  • ANIMAUX MODÈLES, biologie

    • Écrit par Gabriel GACHELIN, Emmanuelle SIDOT
    • 9 550 mots
    • 8 médias
    ...glissement d'un très petit nombre d'espèces animales vers un statut plus particulier d'animal modèle défini comme tel est associé à – sinon provoqué par – une approche de plus en plus génétique de la biologie et de la médecine, qui va surtout s'affirmer au cours du dernier tiers du xxe siècle avec...
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Voir aussi