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ANIMAUX MODÈLES, biologie

C'est de l'art que vient le mot « modèle », à l'origine figure destinée à être reproduite. Ce sens se retrouve en biologie, par exemple dans le choix de l'animal ou du paysage reproduit par le dessinateur ou le photographe. Cependant, de nombreux sens dérivés se sont construits avec le temps. Ainsi, les contenus qu'on donne en science au mot « modèle » varient selon les domaines et parfois au sein d'une même discipline. Dans le cas de la biologie animale, le mot « modèle » recouvre également des sens différents selon le contexte épistémologique, voire les tendances scientifiques du moment, mais son usage se réfère presque invariablement à l'animal choisi pour expérimenter, le plus souvent avec l’idée d’une projection des résultats sur l’humain. Néanmoins, une certaine irréductibilité génétique et physiologique humaine est vite apparue : une réponse chez la souris ou le lapin ne sera pas nécessairement la même que chez l’homme. Comme en outre l’expérimentation animale a mauvaise presse dans l’opinion publique, on cherche activement des substituts aux modèles animaux, utilisant directement des cellules et des tissus humains normaux et pathologiques. Le recours à l’animal reste nécessaire pour l’expérimentation, mais il tend à se faire moins présent.

L’animal modèle et l’expérimentation in vivo

Modèle : une notion polysémique

Cette question s'inscrit dans la relation ambiguë que l'homme entretient avec les autres membres d'un monde animal étranger et si proche à la fois. Sur le plan de la démarche expérimentale en biologie et médecine, des animaux ont été utilisés, sans que soit posée la question de leur valeur en tant que modèle, pour des recherches qu'on ne pouvait pratiquer sur des humains. Les grenouilles de Spallanzani et de Helmholtz, les chiens de Pavlov ou la drosophile de Morgan sont des exemples bien connus de l'utilisation d'animaux pour étudier le rôle des spermatozoïdes, la conduction de l'influx nerveux, le conditionnement ou enfin la fonction des chromosomes dans l'hérédité. Dans cette circulation entre animal et humain, l'animal est un outil introductif à l'homme du fait de l'universalité supposée des grands mécanismes biologiques. Cette place s'est affinée au cours du xixe siècle et restera dominante sans pour autant interdire la recherche de singularités d'espèces dans lesquelles l'animal est le modèle de lui-même et de ses apparentés. La signification scientifique du mot modèle change au début du xxe siècle : il prend le sens d'outil, intellectuel ou physique, qui permet une interprétation nouvelle de ce qu'on observe ou calcule et incite à concevoir une nouvelle approche ou une nouvelle expérience. Le terme n'apparaît cependant en biologie avec cette signification que vers 1960 avec les modèles en génétique bactérienne inspirés des modèles physiques de la rétroaction. Il se popularise, mais surtout, « quelque chose » change profondément en biologie avec le développement, à partir de 1985 environ, de procédures de manipulation délibérée des gènes des animaux pour en étudier les fonctions in vivo. Le terme « modèle » prend alors un autre sens pour revenir essentiellement à celui inclus dans la reproduction à l'identique d'un objet ou d'une image. On « construit » puis on reproduit en effet des animaux, en particulier des souris, rigoureusement identiques sur le plan génétique, mais dans lesquels on a introduit une modification précise. Parmi ces précieux animaux modèles d'études très ciblées, qui permettent une reproductibilité parfaite de l'expérience, on dispose de souris tenues pour être des « modèles de maladies humaines », expression singulière qui postule une identité des processus physiopathologiques chez l'homme et l'animal, dès lors réductibles au seul [...]

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Écrit par

  • : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur
  • : docteure, postdoctorante, Kennedy Institute, Oxford University, Oxford (Royaume-uni)

Classification

Pour citer cet article

Gabriel GACHELIN et Emmanuelle SIDOT. ANIMAUX MODÈLES, biologie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Tatou à neuf bandes - crédits : K. Thornsley/ NASA

Tatou à neuf bandes

Xénope du Cap - crédits : T. Vinckers

Xénope du Cap

Structure d’un sphéroïde multicellulaire tumoral - crédits : Encyclopædia Universalis France

Structure d’un sphéroïde multicellulaire tumoral

Autres références

  • TÉRATOMES ET TÉRATOCARCINOMES

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 1 087 mots
    • 1 média
    ...elles qui servent à construire des souris dans lesquelles tel gène a été inactivé avec une grande précision et non pas au hasard comme dans la mutagenèse. Ces souris sont d'importants modèles animaux de maladies humaines et de manière générale sont devenues des outils fondamentaux en biologie expérimentale....

Voir aussi