TAÏWAN [T'AI-WAN] (FORMOSE)
Nom officiel |
Taïwan, République de Chine (TW) [n'est plus membre de l'O.N.U. depuis 1971] |
Chef de l'État |
Tsai Ing-wen (depuis le 20 mai 2016) |
Chef du gouvernement |
Su Tseng-chang (depuis le 14 janvier 2019) |
Siège du gouvernement |
Taipei |
Langue officielle |
Chinois mandarin |
Unité monétaire |
Nouveau dollar de Taïwan (TWD) |
Population (estim.) | 23 487 000 (2021) |
Superficie | 36 197 km² |
Chinois et Occidentaux
Le peuplement chinois
Connue des Chinois depuis des siècles, Taïwan n'avait longtemps été fréquentée que par des pirates, des contrebandiers du sel, des pêcheurs, des marchands. En effet, le jeu alterné des moussons en faisait un relais commode, en direction soit du Japon, soit du Sud-Est asiatique, soit de la côte chinoise du Fujian. Ces aventuriers chinois se heurtaient à l'hostilité des aborigènes (Atayal, Saisiyat, Bunun, Tsou, Rukai et Ami), venus de Malaisie ou d'Indochine en des temps anciens.
Au xvii e siècle, alors que commençait l'émigration massive de paysans chinois venus s'installer sur les meilleures terres à riz des plaines, arrivèrent les Portugais, les Espagnols, les Hollandais. Un moment implantés dans l'archipel voisin des Pescadores (« les pêcheurs »), les Portugais s'effacèrent vite. La rivalité entre Espagnols et Hollandais fut plus sévère, marquée par plusieurs guerres. Les Espagnols ne se maintinrent dans le nord de l'île que de 1626 à 1642. Les Hollandais, qui avaient bâti en 1624 dans le sud de l'île la grosse forteresse de Zeelandia, consolidèrent peu à peu leur pouvoir ; ils tinrent tête aux expéditions des tribus aborigènes, repoussèrent des attaques japonaises, conclurent un accord avec le gouvernement chinois qui tolérait leur présence. Ils encouragèrent la venue de paysans chinois, tirant de gros profits du commerce du sucre, de l'indigo, du poisson séché. Mais cette première période coloniale de l'histoire de Taïwan se termine avec l'arrivée en 1661 de la flotte de Zheng Chenggong, un chef nationaliste resté fidèle à la dynastie déchue des Ming. Il vint s'y installer avec ses partisans, pour continuer la lutte contre les Mandchous devenus maîtres du reste de la Chine.
Zheng Chenggong (appelé Koxinga par les Occidentaux) était un pirate-marchand qui menait depuis quinze ans (les Ming avaient perdu Pékin en 1644) une guérilla navale très efficace contre les Mandchous, sur les côtes de Chine du Sud. Son mouvement de dissidence politique n'était pas seulement fondé sur le protonationalisme (sous la forme du loyalisme pro-Ming), mais aussi sur les aspirations d'un capitalisme mercantile que les rigueurs de la bureaucratie économique d'État poussaient vers les voies les plus illégales. Ces deux aspects – lutte contre la dynastie étrangère et lutte contre les monopoles économiques par la piraterie – se trouvaient confondus dans son appartenance à la Triade, la grande organisation antimandchoue de Chine du Sud ; Taïwan, de par sa situation insulaire, fournissait un cadre géopolitique très adapté à ce double objectif.
Ayant échoué dans une attaque contre Nankin en 1658-1659, Koxinga se replie en 1661 sur Taïwan et en chasse les Hollandais par de vigoureuses offensives. L'île devient une principauté autonome, dirigée après la mort de Koxinga (1662) par son fils. Des dizaines de milliers de partisans des Ming quittent les régions côtières de la Chine du Sud, malgré les interdictions officielles ; ils contribuèrent au développement économique de Taïwan : pêche, culture du riz, de la canne à sucre et de la patate ; le commerce de Taïwan avec le Japon, le Vietnam, le Cambodge, le Siam, les Philippines était prospère. Les Mandchous ne réussirent à reprendre le contrôle de l'île qu'en 1683.
Aux xviii e et xix e siècles, le développement de Taïwan se poursuit. L'émigration paysanne chinoise continue, depuis les plaines côtières surpeuplées du Fujian et du Guangdong. Mais cette émigration entraîne de fréquents heurts avec les aborigènes, qui résistent.
Chez ces émigrés chinois venus de Chine du Sud, les sociétés secrètes étaient aussi influentes que dans leurs districts d'origine. Les révoltes contre les fonctionnaires mandchous étaient fréquentes. Le proverbe disait[...]
Pour nos abonnés, l'article se compose de 11 pages
- 1. Caractéristiques physiques et humaines
- 2. Chinois et Occidentaux
- 3. Une colonie japonaise
- 4. La république de Chine
- 5. De l'isolement international à la reprise de liens informels
- 6. Les prémices de la démocratisation
- 7. Politique et société contemporaine
- 8. Le développement économique
- 9. La littérature
- 10. Le cinéma
- 11. Bibliographie
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Écrit par
- Philippe CHEVALÉRIAS : docteur en études chinoises (Institut national des langues et civilisations orientales, Paris), maître de conférences en langue et civilisation chinoises à l'université Charles-de-Gaulle Lille 3
- Évelyne COHEN : chercheur de troisième cycle à l'université de Paris-VII
- Jean DELVERT : docteur ès lettres, professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne
- E.U. : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
- François GODEMENT : maître de conférences à l'Institut national des langues et civilisations orientales, maître de recherche à l'Institut français des relations internationales
- Adrien GOMBEAUD : journaliste
- Frank MUYARD : responsable du centre de Taipei de l'Ecole française d'Extrême-Orient, maître de conférences à l'université nationale centrale, Taïwan
- Angel PINO : professeur à l'université de Bordeaux-III-Michel-de-Montaigne, responsable du département d'études chinoises, directeur du Centre d'études et de recherches sur l'Extrême-Orient
- Pierre SIGWALT : docteur de troisième cycle en études sur l'Extrême-Orient et l'Asie-Pacifique, consultant-formateur Chine, journaliste
- Charles TESSON : critique de cinéma, maître de conférences en histoire et esthétique de cinéma, université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
Classification
Pour citer cet article
Philippe CHEVALÉRIAS, Évelyne COHEN, Jean DELVERT, E.U., François GODEMENT, Adrien GOMBEAUD, Frank MUYARD, Angel PINO, Pierre SIGWALT, Charles TESSON, « TAÏWAN [T'AI-WAN] (FORMOSE) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
Médias

Taïwan : carte physique
Encyclopædia Universalis France
Taïwan : carte physique
Carte physique de Taïwan.
Encyclopædia Universalis France
Autres références
-
TAÏWAN, chronologie contemporaine
- Écrit par Encyclopædia Universalis
-
ASIE (Géographie humaine et régionale) - Dynamiques régionales
- Écrit par Manuelle FRANCK, Bernard HOURCADE, Georges MUTIN, Philippe PELLETIER, Jean-Luc RACINE
- 137 227 mots
- 10 médias
Pendant la colonisation japonaise, la Corée etTaïwan se modernisent : infrastructures, quelques industries lourdes, développement agricole, instruction publique, formation d'une classe de technocrates. Une fois l'indépendance acquise et les troubles de la « guerre froide » dissipés, la réforme agraire[...] -
ASIE (Structure et milieu) - Géographie physique
- Écrit par Pierre CARRIÈRE, Jean DELVERT, Xavier de PLANHOL
- 191 790 mots
- 8 médias
Taiwan, 35 970 km2, qu'un détroit peu profond, vraisemblablement un fossé tectonique, sépare de la Chine, est une île très montagneuse : le point culminant atteint 3 997 m dans le Yushan et le tiers de l'île a plus de 1 000 m d'altitude. Le relief dissymétrique dessine une concavité vers le Pacifique[...] -
C.I.O. (Comité international olympique)
- Écrit par Pierre LAGRUE
- 56 970 mots
[...]révolution culturelle, souhaite intégrer le C.I.O. : ce dernier refuse lors de sa session de 1975 de répondre favorablement à cette demande, car la question de Taïwan n'est pas réglée. Néanmoins, Pierre Elliott Trudeau, le Premier ministre canadien, rappelle que son gouvernement ne reconnaît plus qu'une Chine,[...] -
CHIANG CHING-KUO (1909-1988)
- Écrit par Yves SUAUDEAU
- 2 707 mots
- 1 média
Fils de Chiang Kai-chek (Tchiang Kai-chek) qui l'envoie, adolescent, suivre les cours de l'université Sun Yat-sen à Moscou, Chiang Ching-kuo (Jiang Jingguo) ne regagne la Chine qu'en 1937, soit dix ans après la rupture intervenue entre son père et Moscou. En Union soviétique, le jeune Chiang est[...]
-
CHINE - Histoire jusqu'en 1949
- Écrit par Jean CHESNEAUX, Jacques GERNET
- 245 261 mots
- 51 médias
[...]La rébellion ne sera écrasée que huit ans plus tard, en 1681. Deux ans plus tard, les Qing mettront fin au royaume indépendant que Koxinga avait créé à Taiwan (Formose), et la grande île sera définitivement rattachée à l'Empire. On peut donc dater de 1683, soixante-cinq ans après les premières attaques[...] - Afficher les 27 références
Voir aussi
- DENSITÉ DE POPULATION
- ANTICOMMUNISME
- BLOCS POLITIQUE DES
- TYPHONS
- HOLLANDAIS EMPIRE COLONIAL
- FRANCO-CHINOISE GUERRE (1884)
- CANONNIÈRE POLITIQUE DE LA
- EXTRÊME-ORIENT
- GUERRES D'INDÉPENDANCE & INSURRECTIONS PATRIOTIQUES
- CHEN SHUI-BIAN (1950- )
- DÉMOCRATISATION
- TAÏWANAISE LITTÉRATURE
- ZHANG WOJUN ou CHANG WO-CHUN (1902-1955)
- CHEN JIYING ou CH'EN CHI-YING ou TCH'EN KI-YING (1908- )
- BAI XIANYONG (1937- )
- LI ANG (1952- )
- CEINTURES OROGÉNIQUES PÉRIPACIFIQUES ou CERCLE DE FEU DU PACIFIQUE
- CHINE, géographie
- SINO-AMÉRICAINES HISTOIRE DES RELATIONS
- TREMBLEMENT DE TERRE
- CHINE, histoire : l'Empire, des Yuan à la Révolution de 1911
- CHINE, économie
- ZHENG CHENGGONG [TCHENG TCH'ENG-KONG] ou KOXINGA (1624-1662)
- LIU MINGCHUAN [LIEOU MING-TCH'OUAN] (1836-1896)
- LIU YONGFU [LIEOU YONG-FOU] (1837-1917)
- GOTO SHIMPEI (1857-1929) proconsul de Taïwan (1898-1906)
- CHUNGYANG SHANMO
- MANJI PSEUDO-SOCLE DE
- PESCADORES ARCHIPEL DES, chin. PENGHU [P'ENG-HOU]
- MA YING-JEOU (1950- )
- TSAI MING-LIANG (1957- )
- CROISSANCE ÉCONOMIQUE
- EXPORTATIONS
- GUOMINDANG (GMD) ou KUOMINTANG ou KOUO-MIN-TANG (KMT)
- JAPON, histoire, de l'ère Meiji à 1946
- ÉCHANGE, économie
- ORGANISATION DES NATIONS UNIES (ONU)
- DÉPENDANCE ÉCONOMIQUE
- IMPÉRIALISME CULTUREL
- POÉSIE CHINOISE
- ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE, économie
- CHINOISE LITTÉRATURE, XXe et début du XXIe s.
- RELATIONS ÉCONOMIQUES INTERNATIONALES
- COMMERCE DES ARMES
- JAPONAIS, langue
- CROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE
- TAÏWAN CINÉMA DE
- WEI TE-SHENG (1969- )
- ANG LEE (1954- )