TAÏWAN [T'AI-WAN] (FORMOSE)

Nom officiel

Taïwan, République de Chine (TW) [n'est plus membre de l'O.N.U. depuis 1971]

Chef de l'État

Tsai Ing-wen (depuis le 20 mai 2016)

Chef du gouvernement

Su Tseng-chang (depuis le 14 janvier 2019)

Siège du gouvernement

Taipei

Langue officielle

Chinois mandarin

Unité monétaire

Nouveau dollar de Taïwan (TWD)

Population (estim.) 23 487 000 (2021)
Superficie 36 197 km²

Une colonie japonaise

Taïwan passait sous la domination coloniale du Japon et devait y rester cinquante années. Pendant toute cette période, les rapports entre la colonie et la métropole s'organisèrent selon le modèle colonial le plus classique : subordination étroite de l'économie, contrôle politique, oppression culturelle. Ces rapports furent mis en place sous le proconsulat de Goto (1898-1906), qui est le contemporain de Doumer en Indochine et de Curzon aux Indes britanniques ; il organisa le pouvoir colonial japonais à Taïwan selon les mêmes principes.

Le Japon transforme Taïwan en producteur des denrées dont il a directement besoin : le sucre (la production passe de 45 000 t en 1902 à 498 000 t en 1925), le riz, dont la production quintuple, la patate douce, la banane. La moitié du riz, les trois quarts des bananes partaient pour le Japon. Mais le thé, qui concurrençait le thé japonais et qui était jusqu'en 1895 une exportation renommée de l'île, décline brusquement. Entre 1897 et 1935, le commerce de Taïwan avec la métropole augmente plus de cent fois (de 5 millions à 532 millions de yen), tandis que les échanges avec les pays étrangers ne font que tripler (de 25 millions à 81 millions de yen).

Goto développe en effet l'infrastructure ferroviaire, routière et portuaire, pour permettre à la fois le drainage vers le Japon des produits de l'île et la distribution des produits fabriqués japonais. Il n'existe en revanche aucune industrie, sinon les sucreries nécessaires pour exporter le produit sous une forme plus maniable. La Banque de Taïwan, liée aux gros monopoles japonais (Mitsui, Mitsubishi), contrôlait l'agriculture, le commerce, la monnaie, et fut de 1910 à 1930 un des principaux instruments de la pénétration impérialiste japonaise en Chine du Sud.

Sur le plan politique, le contrôle japonais est aussi strict. La « loi 63 », promulguée dès 1896, donnait au gouverneur général japonais le pouvoir exécutif et législatif intégral. Goto, en 1902, avait solidement réorganisé la police. Celle-ci contrôlait les recensements, les changements de domicile, les naissances et les décès ; un système de responsabilité collective, analogue au vieux baojia patriarcal de la Chine ancienne, fut introduit, à peu près au moment où en Chine propre Chiang Kai-shek (Tchiang Kai-chek) le réintroduisait pour tenter de placer la population sous l'autorité répressive du K.M.T. Goto réorganisa aussi le cadastre, dans le but de faire rendre davantage à la machine fiscale, fondée essentiellement sur l'impôt foncier. Les grosses firmes japonaises ne payaient pratiquement pas d'impôt.

Les efforts faits dans le domaine médical (contre les épidémies et la consommation de l'opium) contribuèrent à l'expansion démographique : il y avait deux millions et demi d'habitants en 1893 et cinq millions en 1935 (auxquels s'ajoutaient 270 000 Japonais).

Aussi rigoureux était le barrage éducatif et culturel. En 1935, la totalité des enfants japonais de Taïwan était scolarisée, mais seulement la moitié des garçons chinois et un quart des filles chinoises. Des quotas sévères limitaient l'accès des Chinois à l'enseignement secondaire et surtout supérieur. L'université impériale de Tokyo ne fut ouverte aux étudiants de Taïwan qu'en 1928, les mariages mixtes ne furent autorisés qu'en 1932. Avec la Seconde Guerre mondiale et l'encerclement de l'Empire japonais par les Alliés, cette politique coloniale répressive et ségrégationniste fut tardivement abandonnée pour une politique d'assimilation : trois Taïwanais furent admis à la Chambre des pairs de Tokyo en 1939, les programmes de radio furent diffusés dans la seule langue japonaise ; en 1942, tous les Taïwanais furent autorisés à prendre des noms japonais ; en 1945, le suffrage universel fut instauré dans l'île. Mais la capitulation japonaise du mois d'août[...]

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Écrit par

  • Philippe CHEVALÉRIAS : docteur en études chinoises (Institut national des langues et civilisations orientales, Paris), maître de conférences en langue et civilisation chinoises à l'université Charles-de-Gaulle Lille 3
  • Évelyne COHEN : chercheur de troisième cycle à l'université de Paris-VII
  • Jean DELVERT : docteur ès lettres, professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne
  • E.U. : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
  • François GODEMENT : maître de conférences à l'Institut national des langues et civilisations orientales, maître de recherche à l'Institut français des relations internationales
  • Adrien GOMBEAUD : journaliste
  • Frank MUYARD : responsable du centre de Taipei de l'Ecole française d'Extrême-Orient, maître de conférences à l'université nationale centrale, Taïwan
  • Angel PINO : professeur à l'université de Bordeaux-III-Michel-de-Montaigne, responsable du département d'études chinoises, directeur du Centre d'études et de recherches sur l'Extrême-Orient
  • Pierre SIGWALT : docteur de troisième cycle en études sur l'Extrême-Orient et l'Asie-Pacifique, consultant-formateur Chine, journaliste
  • Charles TESSON : critique de cinéma, maître de conférences en histoire et esthétique de cinéma, université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Pour citer cet article

Philippe CHEVALÉRIAS, Évelyne COHEN, Jean DELVERT, E.U., François GODEMENT, Adrien GOMBEAUD, Frank MUYARD, Angel PINO, Pierre SIGWALT, Charles TESSON, « TAÏWAN [T'AI-WAN] (FORMOSE) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Médias

Taïwan : carte physique

Taïwan : carte physique

Taïwan : carte physique

Carte physique de Taïwan.

Taïwan : drapeau

Taïwan : drapeau

Taïwan : drapeau

Taïwan (république de Chine). L'emblème du « soleil blanc dans un ciel bleu », qui figure à présent…

Taïwan : contraintes naturelles et industrialisation

Taïwan : contraintes naturelles et industrialisation

Taïwan : contraintes naturelles et industrialisation

Taïwan : contraintes naturelles et industrialisation.

Autres références

  • TAÏWAN, chronologie contemporaine

    • Écrit par Encyclopædia Universalis
  • ASIE (Géographie humaine et régionale) - Dynamiques régionales

    • Écrit par Manuelle FRANCK, Bernard HOURCADE, Georges MUTIN, Philippe PELLETIER, Jean-Luc RACINE
    • 137 227 mots
    • 10 médias
    Pendant la colonisation japonaise, la Corée etTaïwan se modernisent : infrastructures, quelques industries lourdes, développement agricole, instruction publique, formation d'une classe de technocrates. Une fois l'indépendance acquise et les troubles de la « guerre froide » dissipés, la réforme agraire[...]
  • ASIE (Structure et milieu) - Géographie physique

    • Écrit par Pierre CARRIÈRE, Jean DELVERT, Xavier de PLANHOL
    • 191 790 mots
    • 8 médias
    Taiwan, 35 970 km2, qu'un détroit peu profond, vraisemblablement un fossé tectonique, sépare de la Chine, est une île très montagneuse : le point culminant atteint 3 997 m dans le Yushan et le tiers de l'île a plus de 1 000 m d'altitude. Le relief dissymétrique dessine une concavité vers le Pacifique[...]
  • C.I.O. (Comité international olympique)

    • Écrit par Pierre LAGRUE
    • 56 970 mots
    [...]révolution culturelle, souhaite intégrer le C.I.O. : ce dernier refuse lors de sa session de 1975 de répondre favorablement à cette demande, car la question de Taïwan n'est pas réglée. Néanmoins, Pierre Elliott Trudeau, le Premier ministre canadien, rappelle que son gouvernement ne reconnaît plus qu'une Chine,[...]
  • CHIANG CHING-KUO (1909-1988)

    • Écrit par Yves SUAUDEAU
    • 2 707 mots
    • 1 média

    Fils de Chiang Kai-chek (Tchiang Kai-chek) qui l'envoie, adolescent, suivre les cours de l'université Sun Yat-sen à Moscou, Chiang Ching-kuo (Jiang Jingguo) ne regagne la Chine qu'en 1937, soit dix ans après la rupture intervenue entre son père et Moscou. En Union soviétique, le jeune Chiang est[...]

  • CHINE - Histoire jusqu'en 1949

    • Écrit par Jean CHESNEAUX, Jacques GERNET
    • 245 261 mots
    • 51 médias
    [...]La rébellion ne sera écrasée que huit ans plus tard, en 1681. Deux ans plus tard, les Qing mettront fin au royaume indépendant que Koxinga avait créé à Taiwan (Formose), et la grande île sera définitivement rattachée à l'Empire. On peut donc dater de 1683, soixante-cinq ans après les premières attaques[...]
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Voir aussi