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TAÏWAN [T'AI-WAN]

Nom officiel

Taïwan, République de Chine (TW) [n'est plus membre de l'O.N.U. depuis 1971]

    Chef de l'État

    Tsai Ing-wen (depuis le 20 mai 2016)

      Chef du gouvernement

      Chen Chien-jen (depuis le 31 janvier 2023)

        Siège du gouvernement

        Taipei

          Langue officielle

          Chinois mandarin

            Unité monétaire

            Nouveau dollar de Taïwan (TWD)

              Population (estim.) 23 356 000 (2024)
                Superficie 36 197 km²

                  De l'isolement international à la reprise de liens informels

                  Taïwan se trouve en décembre 1978 dans la situation internationale la plus difficile de son histoire depuis 1949 : le président

                  Jimmy Carter annonce la reprise des relations diplomatiques avec la Chine populaire, ce qui entraîne le retrait de l'ambassade américaine à Taïwan. La fin de l'appui américain exclusif, bien qu'elle eût été largement anticipée par le rapprochement sino-américain depuis 1972, consacre la quasi-disparition de Taïwan des relations diplomatiques internationales. En 1988, il ne reste plus que quelques petits États du Pacifique, d'Amérique latine, l'Afrique du Sud, la Corée du Sud et l'Arabie Saoudite pour maintenir celles-ci avec Taipei. La Chine populaire, déjà présente à l'ONU, va entrer dans tous les grands organismes internationaux, du FMI à la Banque mondiale, obligeant ainsi Taïwan à s'en retirer au nom de l'unicité de la nation chinoise.

                  Pourtant, cette débâcle diplomatique va se muer petit à petit en une situation plus nuancée. L'évolution des relations avec les États-Unis est éloquente. Dès décembre 1978, Jimmy Carter a indiqué qu'il subsistait un désaccord avec la Chine concernant les livraisons futures d'armes américaines à Taïwan. Au Congrès, les partisans de Taïwan imposent le Taiwan Relations Act qui institue une fiction promise à un bel avenir : sous couvert d'associations privées, les États-Unis resteront parfaitement représentés à Taïwan, de même que bientôt le Japon et d'autres nations occidentales. La campagne électorale de Ronald Reagan, très influencé par les thèses protaïwanaises, est marquée de déclarations imprudentes contre l'accord signé avec Pékin, mais consacre aussi la poursuite de livraisons d'armes à Taïwan. Celles-ci ne ralentiront, après d'innombrables pressions chinoises, qu'à partir de 1983 ; encore les transferts de technologie et l'effort de recherche et développement militaire taïwanais sont-ils alors en mesure de combler cette diminution. En 1988, outre des rumeurs renouvelées concernant la mise au point de l'arme nucléaire, Taïwan se trouve en possession d'un missile sol-sol de 1 000 kilomètres de portée, par exemple, qui constitue sans doute une assurance contre une solution par la force du problème taïwanais.

                  Mais, surtout, le dynamisme économique de l'économie taïwanaise assure le maintien de l'île dans les courants internationaux. D'environ 1 500 dollars par habitant en 1978, le PNB taïwanais atteint 5 000 dollars en 1987, dépassant par exemple la Grèce, le Portugal et l'Irlande. Taïwan est devenu le plus grand exportateur mondial par habitant, le deuxième détenteur mondial de réserves en devises (plus de 75 milliards de dollars à la fin de l'année 1987). Loin de décliner, les relations avec les États-Unis se sont intensifiées, l'île étant responsable à elle seule de près de 19 milliards de dollars du déficit commercial américain en 1987. Pour une part, cette évolution est due aux préoccupations stratégiques : si Taïwan est aujourd'hui le plus fidèle acheteur mondial de bons du Trésor américain, acceptant ainsi, entre 1985 et 1988, de voir son capital dévalué de près de 30 %, si les autorités monétaires taïwanaises ont poursuivi une politique très conservatrice, minimisant l'inflation, accumulant des réserves stérilisées et acceptant une très forte réévaluation de leur monnaie, c'est non seulement pour forger un capitalisme national puissant, mais aussi pour rendre Taïwan indispensable aux financiers internationaux.

                  Aussi le courant semble-t-il s'inverser en 1988. Pour la première fois, Taïwan obtient de rester dans un organisme international, la Banque asiatique de développement, quand la Chine populaire y entre en 1988.[...]

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                  Écrit par

                  • : docteur en études chinoises (Institut national des langues et civilisations orientales, Paris), maître de conférences en langue et civilisation chinoises à l'université Charles-de-Gaulle Lille 3
                  • : chercheur de troisième cycle à l'université de Paris-VII
                  • : docteur ès lettres, professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne
                  • : maître de conférences à l'Institut national des langues et civilisations orientales, maître de recherche à l'Institut français des relations internationales
                  • : journaliste
                  • : maître de conférences, responsable du centre de Taipei de l'Ecole française d'Extrême-Orient
                  • : professeur émérite des Université, université Bordeaux Montaigne
                  • : professeure émérite à l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO)
                  • : docteur de troisième cycle en études sur l'Extrême-Orient et l'Asie-Pacifique, consultant-formateur Chine, journaliste
                  • : critique de cinéma, maître de conférences en histoire et esthétique de cinéma, université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
                  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

                  Classification

                  Pour citer cet article

                  Philippe CHEVALÉRIAS, Évelyne COHEN, Jean DELVERT, Universalis, François GODEMENT, Adrien GOMBEAUD, Frank MUYARD, Angel PINO, Isabelle RABUT, Pierre SIGWALT et Charles TESSON. TAÏWAN [T'AI-WAN] [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

                  Médias

                  Taïwan : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

                  Taïwan : carte physique

                  Taïwan : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

                  Taïwan : drapeau

                  Taïwan : contraintes naturelles et industrialisation - crédits : Encyclopædia Universalis France

                  Taïwan : contraintes naturelles et industrialisation

                  Autres références

                  • TAÏWAN, chronologie contemporaine

                    • Écrit par Universalis
                  • SHIMONOSEKI TRAITÉ DE (17 avr. 1895)

                    • Écrit par Vincent GOURDON
                    • 184 mots

                    L'annexion de Formose par le Japon est réalisée par le traité de Shimonoseki (17 avril 1895) qui achève la courte guerre sino-japonaise de 1894-1895. Elle marque la véritable entrée du Japon dans le cercle restreint des puissances impérialistes de la fin du xixe siècle. Longtemps fermé...

                  • ASIE (Structure et milieu) - Géographie physique

                    • Écrit par Pierre CARRIÈRE, Jean DELVERT, Xavier de PLANHOL
                    • 34 872 mots
                    • 8 médias
                    Taiwan, 35 970 km2, qu'un détroit peu profond, vraisemblablement un fossé tectonique, sépare de la Chine, est une île très montagneuse : le point culminant atteint 3 997 m dans le Yushan et le tiers de l'île a plus de 1 000 m d'altitude. Le relief dissymétrique dessine une concavité vers le Pacifique...
                  • ASIE (Géographie humaine et régionale) - Dynamiques régionales

                    • Écrit par Manuelle FRANCK, Bernard HOURCADE, Georges MUTIN, Philippe PELLETIER, Jean-Luc RACINE
                    • 24 799 mots
                    • 10 médias
                    Pendant la colonisation japonaise, la Corée etTaïwan se modernisent : infrastructures, quelques industries lourdes, développement agricole, instruction publique, formation d'une classe de technocrates. Une fois l'indépendance acquise et les troubles de la « guerre froide » dissipés, la réforme agraire...
                  • CHIANG CHING-KUO (1909-1988)

                    • Écrit par Yves SUAUDEAU
                    • 493 mots
                    • 1 média

                    Fils de Chiang Kai-chek (Tchiang Kai-chek) qui l'envoie, adolescent, suivre les cours de l'université Sun Yat-sen à Moscou, Chiang Ching-kuo (Jiang Jingguo) ne regagne la Chine qu'en 1937, soit dix ans après la rupture intervenue entre son père et Moscou. En Union soviétique, le jeune Chiang est entré...

                  • Afficher les 27 références

                  Voir aussi