TAÏWAN [T'AI-WAN] (FORMOSE)

Nom officiel

Taïwan, République de Chine (TW) [n'est plus membre de l'O.N.U. depuis 1971]

Chef de l'État

Tsai Ing-wen (depuis le 20 mai 2016)

Chef du gouvernement

Su Tseng-chang (depuis le 14 janvier 2019)

Siège du gouvernement

Taipei

Langue officielle

Chinois mandarin

Unité monétaire

Nouveau dollar de Taïwan (TWD)

Population (estim.) 23 487 000 (2021)
Superficie 36 197 km²

De l'isolement international à la reprise de liens informels

Taïwan se trouve en décembre 1978 dans la situation internationale la plus difficile de son histoire depuis 1949 : le président

Jimmy Carter annonce la reprise des relations diplomatiques avec la Chine populaire, ce qui entraîne le retrait de l'ambassade américaine à Taïwan. La fin de l'appui américain exclusif, bien qu'elle eût été largement anticipée par le rapprochement sino-américain depuis 1972, consacre la quasi-disparition de Taïwan des relations diplomatiques internationales. En 1988, il ne reste plus que quelques petits États du Pacifique, d'Amérique latine, l'Afrique du Sud, la Corée du Sud et l'Arabie Saoudite pour maintenir celles-ci avec Taipei. La Chine populaire, déjà présente à l'O.N.U., va entrer dans tous les grands organismes internationaux, du F.M.I. à la Banque mondiale, obligeant ainsi Taïwan à s'en retirer au nom de l'unicité de la nation chinoise.

Pourtant, cette débâcle diplomatique va se muer petit à petit en une situation plus nuancée. L'évolution des relations avec les États-Unis est éloquente. Dès décembre 1978, Jimmy Carter a indiqué qu'il subsistait un désaccord avec la Chine concernant les livraisons futures d'armes américaines à Taïwan. Au Congrès, les partisans de Taïwan imposent le Taiwan Relations Act qui institue une fiction promise à un bel avenir : sous couvert d'associations privées, les États-Unis resteront parfaitement représentés à Taïwan, de même que bientôt le Japon et d'autres nations occidentales. La campagne électorale de Ronald Reagan, très influencé par les thèses protaïwanaises, est marquée de déclarations imprudentes contre l'accord signé avec Pékin, mais consacre aussi la poursuite de livraisons d'armes à Taïwan. Celles-ci ne ralentiront, après d'innombrables pressions chinoises, qu'à partir de 1983 ; encore les transferts de technologie et l'effort de recherche et développement militaire taïwanais sont-ils alors en mesure de combler cette diminution. En 1988, outre des rumeurs renouvelées concernant la mise au point de l'arme nucléaire, Taïwan se trouve en possession d'un missile sol-sol de 1 000 kilomètres de portée, par exemple, qui constitue sans doute une assurance contre une solution par la force du problème taïwanais.

Mais, surtout, le dynamisme économique de l'économie taïwanaise assure le maintien de l'île dans les courants internationaux. D'environ 1 500 dollars par habitant en 1978, le P.N.B. taïwanais atteint 5 000 dollars en 1987, dépassant par exemple la Grèce, le Portugal et l'Irlande. Taïwan est devenu le plus grand exportateur mondial par habitant, le deuxième détenteur mondial de réserves en devises (plus de 75 milliards de dollars à la fin de l'année 1987). Loin de décliner, les relations avec les États-Unis se sont intensifiées, l'île étant responsable à elle seule de près de 19 milliards de dollars du déficit commercial américain en 1987. Pour une part, cette évolution est due aux préoccupations stratégiques : si Taïwan est aujourd'hui le plus fidèle acheteur mondial de bons du Trésor américain, acceptant ainsi, entre 1985 et 1988, de voir son capital dévalué de près de 30 p. 100, si les autorités monétaires taïwanaises ont poursuivi une politique très conservatrice, minimisant l'inflation, accumulant des réserves stérilisées et acceptant une très forte réévaluation de leur monnaie, c'est non seulement pour forger un capitalisme national puissant, mais aussi pour rendre Taïwan indispensable aux financiers internationaux.

Aussi le courant semble-t-il s'inverser en 1988. Pour la première fois, Taïwan obtient de rester dans un organisme international, la Banque asiatique de développement, quand la Chine populaire[...]

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Écrit par

  • Philippe CHEVALÉRIAS : docteur en études chinoises (Institut national des langues et civilisations orientales, Paris), maître de conférences en langue et civilisation chinoises à l'université Charles-de-Gaulle Lille 3
  • Évelyne COHEN : chercheur de troisième cycle à l'université de Paris-VII
  • Jean DELVERT : docteur ès lettres, professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne
  • E.U. : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
  • François GODEMENT : maître de conférences à l'Institut national des langues et civilisations orientales, maître de recherche à l'Institut français des relations internationales
  • Adrien GOMBEAUD : journaliste
  • Frank MUYARD : responsable du centre de Taipei de l'Ecole française d'Extrême-Orient, maître de conférences à l'université nationale centrale, Taïwan
  • Angel PINO : professeur à l'université de Bordeaux-III-Michel-de-Montaigne, responsable du département d'études chinoises, directeur du Centre d'études et de recherches sur l'Extrême-Orient
  • Pierre SIGWALT : docteur de troisième cycle en études sur l'Extrême-Orient et l'Asie-Pacifique, consultant-formateur Chine, journaliste
  • Charles TESSON : critique de cinéma, maître de conférences en histoire et esthétique de cinéma, université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Pour citer cet article

Philippe CHEVALÉRIAS, Évelyne COHEN, Jean DELVERT, E.U., François GODEMENT, Adrien GOMBEAUD, Frank MUYARD, Angel PINO, Pierre SIGWALT, Charles TESSON, « TAÏWAN [T'AI-WAN] (FORMOSE) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Médias

Taïwan : carte physique

Taïwan : carte physique

Taïwan : carte physique

Carte physique de Taïwan.

Taïwan : drapeau

Taïwan : drapeau

Taïwan : drapeau

Taïwan (république de Chine). L'emblème du « soleil blanc dans un ciel bleu », qui figure à présent…

Taïwan : contraintes naturelles et industrialisation

Taïwan : contraintes naturelles et industrialisation

Taïwan : contraintes naturelles et industrialisation

Taïwan : contraintes naturelles et industrialisation.

Autres références

  • TAÏWAN, chronologie contemporaine

    • Écrit par Encyclopædia Universalis
  • ASIE (Géographie humaine et régionale) - Dynamiques régionales

    • Écrit par Manuelle FRANCK, Bernard HOURCADE, Georges MUTIN, Philippe PELLETIER, Jean-Luc RACINE
    • 137 227 mots
    • 10 médias
    Pendant la colonisation japonaise, la Corée etTaïwan se modernisent : infrastructures, quelques industries lourdes, développement agricole, instruction publique, formation d'une classe de technocrates. Une fois l'indépendance acquise et les troubles de la « guerre froide » dissipés, la réforme agraire[...]
  • ASIE (Structure et milieu) - Géographie physique

    • Écrit par Pierre CARRIÈRE, Jean DELVERT, Xavier de PLANHOL
    • 191 790 mots
    • 8 médias
    Taiwan, 35 970 km2, qu'un détroit peu profond, vraisemblablement un fossé tectonique, sépare de la Chine, est une île très montagneuse : le point culminant atteint 3 997 m dans le Yushan et le tiers de l'île a plus de 1 000 m d'altitude. Le relief dissymétrique dessine une concavité vers le Pacifique[...]
  • C.I.O. (Comité international olympique)

    • Écrit par Pierre LAGRUE
    • 56 970 mots
    [...]révolution culturelle, souhaite intégrer le C.I.O. : ce dernier refuse lors de sa session de 1975 de répondre favorablement à cette demande, car la question de Taïwan n'est pas réglée. Néanmoins, Pierre Elliott Trudeau, le Premier ministre canadien, rappelle que son gouvernement ne reconnaît plus qu'une Chine,[...]
  • CHIANG CHING-KUO (1909-1988)

    • Écrit par Yves SUAUDEAU
    • 2 707 mots
    • 1 média

    Fils de Chiang Kai-chek (Tchiang Kai-chek) qui l'envoie, adolescent, suivre les cours de l'université Sun Yat-sen à Moscou, Chiang Ching-kuo (Jiang Jingguo) ne regagne la Chine qu'en 1937, soit dix ans après la rupture intervenue entre son père et Moscou. En Union soviétique, le jeune Chiang est[...]

  • CHINE - Histoire jusqu'en 1949

    • Écrit par Jean CHESNEAUX, Jacques GERNET
    • 245 261 mots
    • 51 médias
    [...]La rébellion ne sera écrasée que huit ans plus tard, en 1681. Deux ans plus tard, les Qing mettront fin au royaume indépendant que Koxinga avait créé à Taiwan (Formose), et la grande île sera définitivement rattachée à l'Empire. On peut donc dater de 1683, soixante-cinq ans après les premières attaques[...]
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Voir aussi